L’Italie pleure la mort d’Ilaria Sula et de Sara Campanella, étudiantes victimes de féminicides
Elles s’appelaient Ilaria Sula et Sara Campanella. Il y a quelques jours, peu de monde en Italie connaissait le nom de ces deux jeunes femmes sans histoire. Ilaria Sula, 22 ans, était étudiante en statistiques à l’université La Sapienza de Rome. Cette jeune femme d’origine albanaise a été retrouvée morte, dans une valise jetée au fond d’un ravin bordant une route située à l’est de la capitale italienne. L’ex-petit ami de la jeune femme aurait reconnu l’avoir tuée le mars, avant de tenter de se débarrasser de son corps. Sara Campanella avait également 22 ans. Cette étudiante en techniques biomédicales a été assassinée ce lundi 31 mars à Messine, ville située à l’est de la Sicile où elle habitait. La jeune femme a été poignardée en pleine rue par un camarade de sa promotion fou d’elle mais que la jeune femme avait éconduit. Dans un enregistrement diffusé par la presse italienne, on entend clairement la jeune femme demander à cet homme de « la laisser tranquille ». Ces deux drames, qui se sont déroulés à quelques jours d’intervalle, ont provoqué un vague d’émotion en Italie. Des manifestations ont eu lieu sur le campus de l'université Sapienza de Rome (Italie), où Ilaria Sula, assassinée par son ex, étudiait les statistiques. - Cecilia Fabiano/LaPresse/Shutterstock/SIPA Selon le quotidien La Repubblica, les deux jeunes femmes, qui ne se connaissaient pas, sont devenues « à jamais jumelles dans une mort atroce ». Plusieurs rassemblements à l’initiative de mouvements féministes ont eu lieu en Italie après ces meurtres pour dénoncer les féminicides et exiger « des mesures fortes contre les violences faites aux femmes ». « Un autre monde est possible », pouvait-on lire sur une banderole pendant d’une marche de plusieurs centaines d’étudiants mercredi devant La Sapienza à Rome. « Nous avons besoin d’une révolution culturelle », estimait de son côté jeudi le quotidien de référence, Il Corriere della Sera. « Il faut éduquer à la non-violence et au respect de l’autre les enfants, les adolescents, les jeunes. C’est une urgence. Nous ne pouvons plus attendre ». Dix femmes tuées depuis le début de l’année Aucun recensement officiel des féminicides n’existe en Italie. L’institut de la statistique fournit des chiffres annuels, le gouvernement des données trimestrielles. Dix femmes auraient été tuées par le partenaire ou ex-partenaire depuis le début de l’année. En 2024, elles sont 61 femmes à avoir été tuées par leur conjoint ou leur ex. A titre de comparaison, la France recense 37 féminicides depuis janvier selon Nous Toutes. Le collectif en avait enregistré 135 sur l’année 2024. En décembre dernier, Filippo Turetta, un étudiant de 22 ans qui avait poignardé à mort son ex-petite amie Giulia Cecchettin un an plus tôt, a été condamné à la perpétuité. Ce crime avait bouleversé l’Italie et relancé le débat sur les violences faites aux femmes. Le gouvernement italien a adopté début mars une réforme faisant du féminicide un crime à part entière et non plus une simple variante de l’homicide, la Première ministre Giorgia Meloni saluant alors « un nouveau pas en avant pour contrecarrer la violence envers les femmes ».