Menaces de mort contre la présidente du procès RN : huit mois de prison avec sursis pour un internaute de 76 ans

Il a soutenu et répété ne «jamais [avoir] pensé ou écrit de menaces de mort à l’encontre de qui que ce soit». Gérard B., 76 ans, vient pourtant d’être condamné ce mercredi 9 avril à huit mois de prison avec sursis et 3 000 euros d’amende, à Bobigny (Seine-Saint-Denis), pour outrage et provocation au meurtre de la présidente du tribunal qui a prononcé, le 31 mars, la peine d’inéligibilité de Marine Le Pen au procès du Rassemblement national. A lire aussi Marine Le Pen 2025 devrait être en prison, selon la Marine Le Pen 2022 Particulièrement actif sur le réseau social X sous l’identifiant «Francelibre2027» – a priori une référence sous-jacente au contenu d’extrême droite qu’il y relaie – cet ancien dirigeant d’une société informatique à la retraite s’est présenté devant la 17e chambre du tribunal judiciaire, dans le box, en chemisette à carreaux couverte d’une doudoune sans manches, arborant une couronne de cheveux grisonnante et le visage dérangé par des tics nerveux. Il avait été arrêté la veille à La Garenne-Colombes (Hauts-de-Seine) après avoir posté, le 1er avril sur le réseau social dirigé par Elon Musk, une photo de guillotine accompagnée de la légende «ce que mérite cette salope», en réponse à un tweet évoquant le prononcé du jugement de Bénédicte de Perthuis dans le procès des assistants parlementaires du RN. Depuis le prononcé de la décision, la présidente de la 11e chambre correctionnelle du tribunal de Paris est la cible de menaces très virulentes. La guillotine «pour moi c’était un symbole de la justice» «Il y a trois personnes qui ont rendu cette décision, on a utilisé des possibilités qui existent dans le droit. Les magistrats rendent la justice au nom du peuple français, donc ce qu’on vous reproche est quand même assez grave», lui rappelle d’emblée la présidente ce mercredi. Devant le tribunal, le septuagénaire prend soin de s’expliquer, maladroitement, sur le choix de cette photo de guillotine : «Pour moi c’était un symbole de la justice. Je voulais dire que certains magistrats, peut-être, mériteraient d’être jugés […] j’aurais pu prendre une balance si j’en avais une sous la main.» Selon lui, la photo peut-être «interprétée» de différentes manières. Son discours à l’audience tranche par ailleurs avec le flot d’insultes qu’il est possible de trouver sur son compte X. Gérard B. raconte que la condamnation de Marine Le Pen l’a mis «en colère». Il dit regretter d’avoir insulté la magistrate, «bien évidemment» : «Je ne pensais pas que ça avait cette importance-là, sinon je l’aurais effacé [son message, ndlr]». D’après lui, on peut insulter sans problème en ligne mais pas dans la vie courante. «C’est une perche tendue à des gens violents ou qui auraient des problèmes mentaux» Pour le procureur, le retraité a bien agi «à dessein» : «En France, il y a des gens qui se sont fait trancher la tête, qui se sont fait décapiter. Derrière son téléphone on ne prend pas de risque, mais c’est une perche tendue à des gens violents ou qui auraient des problèmes mentaux.» Le ministère public souligne encore : «on a le droit de tenir des propos qui heurtent et qui choquent à partir du moment où on discute de quelque chose qui est utile au débat démocratique», enjoignant le septuagénaire à «aller se renseigner» sur le fonctionnement de la justice pour ne pas «participer à des procès populaires». Du côté de la défense, l’avocate de Gérard B., Me Yosra Radhoini essaye : «On n’est pas face à un compte suivi par des milliers de followers, donc la portée de ses propos est quasiment nulle.» Elle développe : «C’est un acte isolé. Il n’a pas insulté de manière répétée madame de Perthuis.» Pourtant, plusieurs messages harpaillant la magistrate sont encore en ligne sur son compte X au moment du procès.