Avec leur loufoque comédie sur le Moyen Âge sortie au printemps 1975, les Monty Python ne s’attendaient probablement pas à écrire l’histoire. Mais un demi-siècle plus tard, “Sacré Graal” conserve son statut d’œuvre culte et n’a pas pris une ride, s’enthousiasme la presse outre-Manche. Cet article est issu de Réveil Courrier. Chaque matin, dès 6 heures, un résumé de l’actualité du jour. Le 3 avril 1975, les Britanniques découvraient au cinéma une comédie qui avait tout pour “être oubliée quelques semaines après sa sortie”, s’amuse le site de la BBC. Créée “avec peu de moyens”, Sacré Graal est l’œuvre des Monty Python, une troupe d’humoristes qui sévissaient justement sur la télévision publique britannique. Leur film met en scène le roi Arthur et ses chevaliers lancés dans une quête surréaliste et constamment sabotée par des situations et des personnages invraisemblables. “Sacré Graal est un pur produit de cet humour absurde et délirant qui fait la réputation de la bande, souligne la BBC. On y croise, pêle-mêle, des sous-titres en faux suédois, des passages animés dans le style inimitable de Terry Gilliam, un lapin de Troie, des chevaliers qui disent ‘Ni !’, un grand débat pour savoir si oui ou non une hirondelle peut voler en portant une noix de coco, ou encore un historien moderne qui surgit pour commenter l’action et se retrouve brutalement interrompu, occis par un chevalier.” “Les Monty Python ont inventé une comédie d’un tout nouveau genre qui devait faire de nombreux émules, salue le magazine Hello. Tout en révolutionnant la satire britannique, la troupe a fait débouler sur nos écrans un sens de l’humour d’un surréalisme et d’une loufoquerie comme on n’en avait jamais vu.” De quoi acquérir un succès international mais aussi un “statut [de film] culte” qui “perdure encore aujourd’hui”, constate The Daily Telegraph. Le journal conservateur en veut pour preuve le “pèlerinage” de fans de Sacrée Graal qui se rendent au château écossais de Doune, où plusieurs scènes du film ont été tournées sans que cela soit forcément prévu. “La grande générosité [du comte de Moray, propriétaire du château, qui les autorisa à y tourner] fut la planche de salut des Monty Python, écrit le quotidien. À peine deux semaines avant le début du tournage, le ministère de l’Environnement écossais leur avait interdit d’utiliser la totalité des châteaux sous son autorité”, arguant que Sacré Graal risquait de “bafouer la dignité intrinsèque” des monuments. Autre contrainte, celle du budget : les Monty Python disposaient d’à peine 300 000 livres sterling (soit moins de 350 000 euros), réunies en partie grâce aux groupes de rock Led Zeppelin et Pink Floyd, raconte la BBC. En contrepartie, ils bénéficièrent d’une “liberté créative totale”. Si l’on ajoute à cela leur inventivité, leur goût pour la satire et leur “marque de fabrique” – “des personnages du passé qui se comportent comme des gens du XXe siècle” –, on obtient le “film le plus drôle du monde”, en conclut le Daily Telegraph dans un autre article. Pour le journal, l’intrigue de Sacré Graal, “très lâche, a l’avantage de donner au film toute latitude pour nous faire (mourir de) rire. Le style de la fable médiévale l’a mis à l’abri des effets de mode […]. Et le genre du film historique a inauguré un riche filon pour la production des Monty Python”, qui sortiront notamment le tout aussi drôle La Vie de Brian, en 1979. Et l’influence de Sacré Graal reste bien présente dans la société britannique, relève la BBC. Aujourd’hui encore, “un homme politique en déroute se verra comparé au chevalier noir qui continue de combattre amputé de tous ses membres, tandis que, face à la grande lâcheté, c’est sire Robin le ‘Pas-tout-à-fait-aussi-brave-que-sire-Lancelot’ qu’on convoque régulièrement”. “Un demi-siècle a passé, et pourtant Sacré Graal n’a rien perdu de son emprise sur notre imaginaire collectif, renchérit le Daily Telegraph. Des clins d’œil au film surgissent partout, tout le temps, sur tous les supports.” Maxime Bourdier Les nouvelles aventures des Monty Python Les Monty Python inspirent une manifestation absurde en Hongrie “We Are Lady Parts”, savoureux mélange britannique de punk, d’islam et d’humour “Les Aventures imaginaires de Dick Turpin” sur Apple TV+, un drôle de bandi