The Handmaid’s Tale se rapproche dangereusement de sa conclusion. Après six saisons librement inspirée de l’imaginaire de Margaret Atwood, la création de Bruce Miller livrera le grand final des aventures de June. Les trois premiers épisodes de cette ultime saison sont d’ores et déjà disponibles et réservent bien des surprises aux spectateurs. Ils signent le retour d’un personnage que l’on n’imaginait pas retrouver sur nos écrans. La série s’est-elle encore écartée du roman ? Pourquoi un tel choix ? L’article contient des spoilers sur les trois premiers épisodes de The Handmaid’s Tale saison 6. Le lancement de la saison 6 de The Handmaid’s Tale a été riche en rebondissements et émotions. Après les retrouvailles musclées entre Serena et June, cette dernière atteignait un camp de réfugiés en Alaska. Alors que de plus en plus de Canadiens se laissaient séduire par les arguments de Gilead, June suivait les conseils de Tuello pour mettre sa fille en sécurité. Elle a été séparée de Luke, recherché pour avoir causé la mort de l’agresseur de son épouse à la fin de la saison 5. Seule loin de ses proches ? Pas vraiment puisque la série a fait revenir un personnage que l’on n’aurait jamais dû revoir. Holly n’est pas morte dans les colonies comme le pensait sa fille, elle a survécu. Si la série n’en est pas à sa première improvisation, la saison 2 avait pris le parti de s’écarter plus largement de son matériau de base, cet ajout est particulièrement surprenant. La série prend encore des libertés Dans le roman, comme dans la série avant le premier épisode de la saison 6, June n’a plus de nouvelles de sa mère après sa tentative d’évasion. Dans le roman de Margaret Atwood, on apprend qu’elles se sont vues une dernière fois quelques jours avant le départ de June, Luke et leur fille Hannah (qui n’est pas nommée dans les pages). Au Centre Rouge, une vidéo représentant le temps d’avant est montrée aux Servantes. On y voit des militantes brulant des magazines pornographiques. DeFred reconnait immédiatement sa mère, féministe qu’elle admire pour sa détermination. Au fil des pages, le récit de Margaret Atwood s’attardera à montrer leurs divergences, DeFred ne comprenant pas l’investissement de sa mère pour la cause féministe. Cette relation conflictuelle est dépeinte aussi dans la série, quand Holly pointe du doigt l’inaction de sa fille face à la résurgence d’idées patriarcales. Dans la série comme dans le roman, il est aussi question de mettre en scène ses regrets. Elle n’a pas su comprendre l’importance de l’engagement de sa mère et s’interroge sur ce qu’elle aurait pu transmettre à sa propre fille. Sa mère sera aussi évoquée plus tard, quand June croise la route de Moira à Jézabel. Son amie lui apprend qu’elle est à l’épicentre d’une vidéo de propagande de Gilead. Elle est montrée dans les colonies, réalisant de basses besognes. Pour DeFred, cette information est plutôt rassurante, elle s’imaginait qu’elle était morte depuis longtemps. Moira dira tout de même que son avenir n’est pas radieux, les hommes et les femmes envoyés dans les colonies étant promis à une mort lente et douloureuse. Une lueur d’espoir avant le grand final ? Cette impuissance face à la destinée de sa mère est l’un des éléments les plus importants du récit de Margaret Atwood. Sur le papier, DeFred ne prend jamais le virage de la rébellion et se refuse même à aider Mayday lorsque l’occasion de présente. Le sort réservé à tous les personnages est incertain, c’est d’ailleurs ce qui avait frustré les lecteurs. Pour autant, c’était une manière pour l’autrice de laisser un sentiment d’espoir planer. Dans un texte adjacent, Atwood expliquera : “J’étais peut-être trop optimiste pour conclure l’histoire de la Servante sur un échec cuisant. Même 1984, cette littéraire des plus sombres, ne se termine pas par un coup de pied s’écrasant à jamais sur un visage humain, ni par un Winston Smith brisé éprouvant un amour ivre pour Big Brother, mais par un essai sur le régime au passé et en anglais standard”. En montrant la survie d’Holly, The Handmaid’s Tale fait un choix plus radical. L’espoir n’est plus sous-jacent, il est montré aux spectateurs qu’un avenir plus radieux peut attendre les anciens opprimés de Gilead. C’est aussi une manière pour la série de montrer que June ne vit plus dans l’ombre d’une mère révolutionnaire quand elle a été passive trop longtemps (selon les dires d’Holly). Leur confrontation montrera d’ailleurs que celle qui a vécu à Gilead pendant plusieurs années est prête à sacrifier sa vie de famille pour sauver Hannah, prête à tout pour l’extirper de cet environnement. Leur discussion rassurera June sur les sentiments de sa mère à son égard — elle pense que celle-ci à honte d’elle — lui donnera un sentiment de paix retrouvée autant qu’une nouvelle envie d’en découdre. Plus largement, la série semble se diriger vers un grand final moins austère et froid que l’ouvrage dont elle s’inspire. Reste à voir désormais si la série parviendra à livrer une conclusion à la hauteur des attentes des spectateurs, déçus par la voie prise par cette adaptation dès lors qu’il a fallu improviser dans le roman source. — À voir aussi —