La Chine suspend ses exportations de terres rares : vers une explosion du prix des smartphones ?

Le 4 avril 2025, la Chine a franchi un cap inédit dans la guerre commerciale qui l’oppose aux États-Unis. En réaction à la hausse des droits de douane décidée par l’administration Trump, Pékin a suspendu l’exportation de sept catégories de terres rares – samarium, gadolinium, terbium, dysprosium, lutécium, scandium et yttrium – ainsi que de leurs alliages, oxydes et composés. Une mesure qui sonne comme une riposte violente face aux récentes décisions américaines. Pourquoi les terres rares ? Les terres rares sont indispensables à la fabrication de produits de haute technologie : smartphones, ordinateurs, batteries, moteurs de véhicules électriques, équipements médicaux, mais aussi systèmes de défense et d’armement. Les aimants permanents à base de terres rares, par exemple, sont essentiels pour les moteurs d’avions, les missiles, les drones, et les voitures électriques. Le problème, c’est que la Chine détient un quasi-monopole sur ce marché : elle assure à elle-seule 70 à 90 % de la production mondiale et 70 % des importations américaines. En imposant des restrictions à l’exportation de ses terres rares, la Chine ne se contente pas de taxer les produits américains : elle menace directement la capacité de production des États-Unis. Désormais, l’exportation de ces métaux et de leurs dérivés pourrait n’être bientôt possible qu’avec des licences spécifiques. Cette incertitude fait craindre des ruptures d’approvisionnement et une flambée des prix, potentiellement fatale à certains secteurs. Pour les consommateurs, cela pourrait impliquer une rupture de stock massive, mais surtout une importante flambée des prix. Les entreprises américaines, notamment dans l’automobile, l’aéronautique, l’électronique et la défense, sont particulièrement vulnérables. Si les stocks s’épuisent, la production de véhicules électriques, d’ordinateurs ou d’armes pourrait être ralentie, voire stoppée. Le secteur de la défense est en première ligne : un avion de chasse F-35, par exemple, nécessite près de 420 kg de terres rares pour fonctionner. Pour la Chine, cette domination sur les terres rares s’impose comme un redoutable levier de pression dans la rivalité technologique et commerciale qui l’oppose aux États-Unis. D’autant plus que Pékin n’exclut pas d’étendre ces restrictions à d’autres métaux stratégiques, comme le graphite ou le cobalt. Face à cette menace, les États-Unis et leurs alliés cherchent à diversifier leurs sources d’approvisionnement et à relocaliser une partie de la production de terres rares. C’est notamment le cas de Nvidia qui a annoncé son projet de produire ses puces IA et superordinateurs directement aux États-Unis. Reste que cette décision ne sera pleinement opérationnelle que dans quelques années. En attendant, la Chine domine largement le secteur, et menace de mettre à mal l’industrie trumpienne.