L'actualité de l'intelligence artificielle a été d'une densité folle ces dernières semaines. Rien qu'en une semaine, nous avons eu droit à GPT 4.1, Meta AI dans Facebook et WhatsApp, Llama 4, Midjourney V7 Alpha ou encore la génération de vidéos dans Gemini. Et encore, la liste est loin d'être exhaustive. Pourtant, depuis fin 2024, on nous promet que la plus grande nouveauté de l'année 2025 en matière d'intelligence artificielle sera les agents IA. Mais jusque là, nous n'avions pas encore vu le bout de leur nez, jusqu'à assister aux Opera Browser Days qui viennent de se tenir à Lisbonne. Contre toute attente, ce n'est pas grâce à un géant du secteur que nous avons pu voir une première démonstration en live, mais bien par le biais d'Opera. Publicité, votre contenu continue ci-dessous Annoncé en préversion un mois avant cette démonstration, son Browser Operator se présente comme un agent d'intelligence artificielle natif, c'est-à-dire directement intégré au navigateur Opera, et non comme une extension ou un service externe. Pour l'expliquer simplement, son rôle est d'automatiser des tâches que l'utilisateur pourrait trouver complexes ou fastidieuses. Lors de ses récents Opera Browser Days, la société norvégienne a présenté pour la première fois en conditions réelles ce projet d'agent conversationnel IA. Devant un parterre de journalistes et de créateurs de contenu dont nous faisions partie, cet outil d'intelligence artificielle, encore en développement, a démontré sa capacité à exécuter des actions concrètes sur le web à la place de l'utilisateur. Publicité, votre contenu continue ci-dessous Une démonstration en direct inédite chez Opera L'exercice de la démonstration en direct est toujours périlleux, surtout lorsqu'il s'agit d'une technologie en cours de développement. Ce qui n'a pas empêché Opera de relever le défi en montrant Browser Operator à l'œuvre sur une tâche spécifique : commander un bouquet de fleurs en ligne et le faire livrer. L'agent IA a reçu une instruction en langage naturel et a ensuite procédé aux différentes étapes : sélection des fleurs, ajout au panier et remplissage des formulaires nécessaires à la commande, en utilisant des informations préalablement fournies dans la requête initiale. Cette démonstration n’est rien de moins que la toute première faite en public, montrant Browser Operator réalisant une commande pour le public, et potentiellement la première commande de fleurs effectuée par une IA agentive. Voici l'unique prompt, relativement simple, qui a été soumis au Browser Operator. © Les Numériques Si l’opération s’est globalement bien déroulée, il a tout de même fallu trois essais pour que la commande de fleurs soit passée. Ce qui n’est pas surprenant, dans la mesure où le produit est encore en phase de développement. De plus, cette démo est très prometteuse pour la suite, car internet tel que nous le connaissons aujourd’hui n’est pas encore vraiment adapté aux agents IA. À mesure que ces derniers se démocratiseront, les standards du web s'adapteront pour leur faciliter la vie. Le fait que Browser Operator soit d’ores et déjà en mesure de commander tout seul un bouquet de fleurs et le faire livrer est donc déjà en soi une petite prouesse. Pour Opera, cette présentation était évidemment importante à plus d'un titre. Elle offrait en effet un aperçu "sans filtre" des capacités de l'agent, mais représentait surtout un premier pas sans doute historique dans l'intégration de l'IA au sein du navigateur. Publicité, votre contenu continue ci-dessous L'ambition affichée est de préfigurer le futur de la navigation web, où le navigateur devient un assistant proactif. Le mot "révolutionnaire" s'est trouvé grandement galvaudé par le marketing des marques ces dernières années. Toutefois, cette démonstration l'est bien et déclenche même un petit frisson de science-fiction dans la nuque. Il s'agit des fleurs, qui ont bien été livrées en temps et en heure suite à la commande passée par l'agent IA d'Opera. © Opera Pour revenir un peu plus en détails sur le fonctionnement de cet agent IA, sachez que l'utilisateur interagit avec Browser Operator en lui donnant des instructions en langage naturel, via la barre latérale d'Opera ou la ligne de commande du navigateur. L'agent interprète ensuite ces requêtes grâce au moteur d'IA d'Opera, nommé AI Composer Engine. Pour comprendre le contexte et interagir avec les pages web, Browser Operator n'analyse pas seulement les pixels affichés à l'écran. Il s'appuie sur la structure sous-jacente des pages (le DOM Tree) et les données de mise en page du navigateur. Selon Opera, cette approche lui permet d'accéder à l'intégralité d'une page sans avoir besoin de la faire défiler et d'interagir avec des éléments qui pourraient être masqués pour l'utilisateur, comme derrière des pop-ups de cookies. Dans le cadre de la démo que nous avons vu, le comportement de l'agent IA était relativement lent. Mais c'est uniquement pour les journalistes présents puissent bien comprendre le déroulé des opérations. En conditions réelles, la vitesse d'execution de ces agents sera bien plus rapide. La sécurité et la confidentialité au cœur des promesses Un point fortement mis en avant par Opera est le fonctionnement local de Browser Operator. Contrairement à de nombreuses solutions d'IA qui dépendent de serveurs distants (cloud), cet agent effectue le traitement des tâches directement sur l'appareil de l'utilisateur. Opera y voit deux avantages principaux. D'une part, une exécution plus rapide des commandes, car elle évite les allers-retours avec un serveur externe. D'autre part, et surtout, une meilleure protection des données personnelles et de la confidentialité. Publicité, votre contenu continue ci-dessous L'agent fonctionnant dans l'environnement du navigateur, il peut utiliser les sessions de connexion existantes de l'utilisateur sans que les identifiants ou mots de passe ne soient transmis à un tiers. Opera assure également qu'aucune capture d'écran, frappe clavier ou information personnelle n'est envoyée à ses propres serveurs lors de l'exécution des tâches par l'agent. Pour les étapes considérées comme sensibles, notamment la saisie d'informations de paiement ou la validation finale d'une commande, Browser Operator est conçu pour marquer une pause et demander explicitement la confirmation de l'utilisateur. Ce dernier garde ainsi le contrôle total et peut, à tout moment, reprendre la main sur le processus ou annuler la tâche en cours. Vers une nouvelle ère de la navigation web ? Avec Browser Operator, Opera n’ambitionne donc rien de moins que la transformation pure et simple du rôle du navigateur Web. Krystian Kolondra, vice-président exécutif de la marque, affirmait d’ailleurs lors de l'annonce initiale que si le navigateur a permis d'accéder au web pendant 30 ans, il n'avait jamais pu "faire des choses pour vous", alors que "maintenant, il le peut". L'objectif d'Opera est de passer d'un outil passif de consultation à un assistant actif, capable de libérer du temps pour l'utilisateur. Il s'agit là du concept même de la navigation agentive. Et nul doute que le navigateur norvégien pourrait grappiller des parts de marché au tout puissant Google Chrome s'il arrive à proposer avant lui une telle navigation agentive fiable et efficace. Mais Opera n'est évidemment pas le seul sur ce créneau et sa démonstration s'inscrit dans une tendance bien plus large, puisque tous les acteurs du web et de l'IA cherchent à intégrer l'intelligence artificielle pour automatiser les interactions numériques. En choisissant une approche locale basée sur la confidentialité et en maintenant l'utilisateur au centre du processus de décision, Opera espère de son côté séduire et se positionner le plus rapidement possible comme un acteur pionnier de cette évolution. Et le pari est réussi pour le moment, puisque cette première démonstration publique, bien qu'imparfaite, a donné un aperçu aussi clair que concret de ce que pourrait être cette nouvelle forme d'interaction avec le web. Publicité, votre contenu continue ci-dessous