Pourquoi ce type – disons-le, banal, voire même franchement moche – attire-t-il les regards, les numéros et les textos ambigus ? A-t-il un secret ? Pas exactement. Le secret, c'est qu'il a déjà été choisi. Désiré. Validé. Et ce seul fait le rend plus désirable. Le point du soir Tous les soirs à partir de 18h Recevez l’information analysée et décryptée par la rédaction du Point. Votre adresse email Votre adresse email n'est pas valide Veuillez renseigner votre adresse email Merci ! Votre inscription a bien été prise en compte avec l'adresse email : Pour découvrir toutes nos autres newsletters, rendez-vous ici : MonCompte En vous inscrivant, vous acceptez les conditions générales d’utilisations et notre politique de confidentialité. Ce phénomène est documenté aussi bien chez l'homme que chez le poisson. Il a été étudié, disséqué, mesuré par une ribambelle de chercheurs. Dans un article publié en 2016 sur The Conversation, les psychologues australiens Ryan Anderson et David Mitchell posent les bases : « Les individus ayant une expérience amoureuse sont, toutes choses égales par ailleurs, jugés plus désirables que ceux qui n'en ont pas. Autrement dit, les gens sont attirés par ceux qui ont déjà été “présélectionnés” (ou préapprouvés). » Ce comportement porte un nom : « mate copying », ou copie de choix de partenaire. Et il n'est pas propre à l'humain. Chez les drosophiles, les insectes les plus utilisés en laboratoire, le phénomène a été démontré avec brio. Dans une étude publiée en 2009 dans Current Biology, Frédéric Mery et ses collègues ont poudré des mâles en rose ou en vert fluo, les ont mis en scène dans de petits tubes d'accouplement, et ont observé les choix des femelles. La séduction, c'est viral Résultat ? La femelle « spectatrice » choisit systématiquement le mâle qu'elle a vu s'accoupler, même si la scène avait eu lieu derrière une paroi transparente. Le mâle rejeté, lui, peut rentrer seul à la maison. Chez les poissons guppys (Poecilia reticulata), même constat. Les femelles ont tendance à préférer les mâles déjà choisis par d'autres, surtout si la « modèle » est une femelle de grande taille – donc perçue comme expérimentée ou dominante (Amlacher et Dugatkin, 2005 ; Vukomanovic et Rodd, 2007). Et chez l'humain ? Sarah Hill et David Buss, dans une étude publiée en 2008 dans le Personality and Social Psychology Bulletin, ont montré qu'un homme photographié en compagnie d'une femme était jugé plus séduisant qu'un homme seul. Une femme qui sourit à un homme le rend plus attirant aux yeux des autres femmes. La séduction, c'est viral. À LIRE AUSSI Pourquoi êtes-vous plus séduisant sur les photos de groupe ? Selon Anderson et Mitchell, le « mate copying » touche beaucoup plus les femmes que les hommes. « Les femmes, en revanche, sont généralement attirées par des caractéristiques moins observables (domination sociale, gentillesse). Si les hommes peuvent obtenir de nombreuses informations pertinentes pour trouver un partenaire en observant simplement un partenaire potentiel, les femmes ne le peuvent pas et sont encouragées à rechercher des informations complémentaires. Une source peu coûteuse consiste à savoir ce que les autres femmes pensent d'un homme, notamment s'il est considéré comme un bon candidat romantique. Bien que certains chercheurs aient trouvé des preuves de copie de partenaire chez les hommes, de nombreuses publications suggèrent que le phénomène est beaucoup plus fort chez les femmes », observent les chercheurs. Trop de conquêtes tuent la conquête Et puis, il y a la limite. Le « mate copying » n'est pas une courbe linéaire. C'est une parabole du désir. Une étude publiée dans Human Nature a testé cette hypothèse : des chercheurs ont montré que des hommes ayant eu une à deux relations dans les quatre dernières années étaient perçus comme les plus attirants. Ceux n'ayant eu aucune étaient jugés un peu fades. Et ceux ayant eu cinq partenaires ou plus étaient considérés comme nettement moins attirants. L'explication ? Passé un certain seuil, l'excessive expérience relationnelle devient un drapeau rouge. Trop d'ex, c'est le signe d'une instabilité, d'un goût du papillonnage, voire d'un refus d'engagement. Ce n'est plus une preuve d'attractivité, c'est une alerte. Le tombeur devient suspect. Le romantique un peu usé devient un coureur de jupons. L'amour par délégation À Découvrir Le Kangourou du jour Répondre Derrière tout cela, il y a une logique évolutive : le « mate copying » permet d'économiser du temps, de l'énergie, et d'éviter les mauvais choix. Pourquoi risquer de tomber sur un incompétent affectif quand on peut observer les choix d'une autre et copier sa sélection ? Ce comportement, d'après les études compilées dans Behavioral Ecology et Neuroscience & Biobehavioral Reviews, repose sur des mécanismes cognitifs et hormonaux sophistiqués. L'ocytocine – cette fameuse hormone de l'attachement – joue un rôle clé : sans elle, les femelles souris deviennent incapables de reconnaître le couple observé, et ne copient plus les choix.