Présenté au tribunal en blouse blanche et au bord du malaise, il retourne aussitôt à l’hôpital

Comment a-t-il pu arriver là? Dans la salle d’audience, les témoins se dévisagent, interloqués. Ce jeudi, ils ont vu les policiers amener à bout de bras un zombie dans le box. Ce Bosniaque âgé de 28 ans tient à peine debout. Simplement vêtu d’une blouse blanche d’hôpital, corps rachitique, teint jaunâtre, yeux rougis, il semble au bord de défaillir. Malaise dans la salle. Et certains avocats redoutent qu’il y en ait un dans le box. Me Caroline Gatto plus encore. L’avocate de la défense est atterrée de revoir son client ainsi. Certes, ce prévenu n’est pas arrivé là par hasard. Deux médecins lui reprochent de les avoir menacés de mort. Il leur aurait notamment lancé: "Je vais ramener des mecs calibrés!" L’intéressé assure qu’il y a malentendu. Et répète "qu’il doit la vie" à ces professionnels de santé. Selon lui, ces menaces s’adressaient à un interlocuteur au téléphone. Il redoutait de mauvaises rencontres. à voir aussi Poignardé à la nuque Il faut dire que, le 9 avril, il a reçu un coup de couteau à la nuque, et des coups au foie et à la tête, avec un œdème cérébral à la clé. Quinze jours plus tard, il ne s’alimente plus et paraît très mal en point. Après la garde à vue, est-il en état d’être jugé? À l’évidence, non. Ce ne serait ni pertinent, ni décent. La présidente Isabelle Demarbaix-Joando décide d’emblée de renvoyer l’affaire. L’audience aura lieu dans deux mois. D’ici là, le tribunal et le procureur Christophe Tricoche s’accordent sur un contrôle judiciaire. Le prévenu est en état de récidive légale, mais n’avait jusqu’alors jamais menacé de personnel de santé. Le tribunal l’interdit de contact avec les plaignants. Mais il ne peut, médicalement parlant, l’empêcher de retourner à Pasteur. Et c’est bien là que les sapeurs-pompiers le reconduisent, après une audience abrégée. Au grand soulagement de Me Gatto, qui les appelés à la rescousse.