À Nantes, après le drame, le grand recueillement devant le groupe scolaire Notre-Dame-de-Toutes-Aides [Vidéo]
Habillés de blanc, une rose à la main, serrés les uns aux autres. Il a fallu près d’une heure, après le déjeuner, ce vendredi, pour faire entrer, un par un, tous les élèves du collège et du lycée nantais Notre-Dame-de-Toutes-Aides souhaitant assister à l’hommage organisé pour leur camarade de classe. Comme la veille, après le drame qui a coûté la vie à la lycéenne de seconde et blessé trois autres élèves , les rues menant à l’établissement étaient barrées par les forces de l’ordre. Impossible, même pour les badauds, de déposer d’autres fleurs devant l’accueil. Beaucoup l’avaient fait en matinée. Comme Josiane, une sexagénaire dont les deux enfants ont étudié dans ce quartier calme de Nantes, il y a dix ans. Elle a déposé deux roses blanches, au nom de chacun d’entre eux et par solidarité : « Je ressens de la stupeur et de la colère, dit-elle. Stupeur car on n’aurait jamais pu imaginer un tel acte à cet endroit et dans cet établissement. Colère contre ce jeune garçon qui a ôté la vie et blessé, sans qu’on comprenne pourquoi ». Élisa, 25 ans, vit aussi dans le quartier du Doulon et se dit très attristée. « S’il y a bien un lieu où l’on doit se sentir en sécurité, c’est l’école. Il y a un nouveau fléau avec les couteaux. Le climat devient très anxiogène et Nantes n’avait pas besoin de cela. » Après elle, des anciens élèves, des habitants et des lycéens de toute la ville ont afflué à l’heure annoncée du rassemblement. Seuls les élèves du collège et du lycée, munis de leur carte d’identité, ont pu passer. Dehors, c’est une marée humaine qui s’est finalement regroupée, pendant 1 heure 30, le long des rails du tramway, jouxtant l’entrée arrière de l’établissement privé. Des centaines de personnes qui ont échangé, beaucoup, pleuré, parfois, la mine grave. Parmi elles, ces copines du lycée public de La Colinière. « Les professeurs nous ont beaucoup parlé aujourd’hui. Tout le monde est troublé. On a raté des cours mais il fallait participer. » Margot a 16 ans et encadre aussi le club de handball de la Saint-Médard. « Hier soir, beaucoup de jeunes qui ont vécu les scènes terribles de jeudi sont venus à l’entraînement pour se vider la tête. Ils ont été pris en charge par les coachs, parce que c’était trop dur de jouer. » Il y a déjà de la vigilance, il y a de l’accompagnement. Comment faire mieux ? Je sais l’équipe éducative effondrée. Il faut partager, c’est très important. « Il faut partager » En sanglots, cette maman d’élève participe elle aussi au grand recueillement. « J’ai mis mon fils en sixième au collège ici parce qu’il s’agit d’une école exceptionnelle, confie Séverine. Il y a déjà de la vigilance, il y a de l’accompagnement. Comment faire mieux ? Je sais l’équipe éducative effondrée. Il faut partager, c’est très important. » Dans la cour, à l’abri des regards, au moins 400 élèves ont finalement pris part à une heure de cérémonie à huis clos. « Des centaines de fleurs ont été déposées au pied de la chapelle. Les meilleurs amis de la lycéenne tuée ont lu des textes à son sujet. Il y avait une atmosphère très lourde », confie Thibault, un élève de première, dont un ami proche a été blessé dans l’attaque. Visages fermés, en procession, les jeunes sont sortis en évitant les commentaires. À part peut-être celui-ci. « S’il vous plaît, laissez-nous tous en paix. »