Logements abordables: "on livre", dit la ministre Duranceau
La ministre responsable de l'Habitation, France-Élaine Duranceau, et la mairesse de Gatineau, Maude Marquis-Bissonnette, devant l'immeuble l'Estoril qui comprend 60 nouveaux logements abordables sur la rue Eddy. (Etienne Ranger/Le Droit Etienne Ranger ) La ministre responsable de l’Habitation, France-Élaine Duranceau était d’ailleurs de passage dans l’Île-de-Hull, vendredi, pour le rappeler. Accompagnée de la mairesse de Gatineau, Maude Marquis-Bissonnette, elle a inauguré la mise en chantier de trois immeubles en plus de souligner l’ouverture d’un quatrième qui, à terme, totaliseront plus de 300 nouveaux logements abordables et sociaux en plein centre-ville. «On livre, a-t-elle lancé. Sur le terrain, ça fonctionne. Les sous étaient là, tout comme les efforts de tout le monde pour enlever le sable dans l’engrenage pour faire en sorte que ces projets voient le jour. […] Il y a eu des retards dans le passé parce qu’il n’y avait pas suffisamment de sommes investies. On a aussi multiplié les façons d’intervenir. Avant, on avait un seul programme et c’était insuffisant. Maintenant, avec le Programme d’habitation abordable Québec (PHAQ), notre collaboration avec les fonds fiscalisés de Desjardins et de la FTQ et avec des fonds philanthropiques, il n’y a plus une seule façon de financer le logement à but non lucratif.» Le projet Lemieux-Tremblay mené par le Bureau régional d'Action SIDA comptera 24 logements sociaux sur la rue Eddy, à Gatineau. (Gouvernement du Québec) La ministre a rencontré la presse devant l’immeuble L’Estoril qui compte 60 logements de l’Office d’habitation de l’Outaouais, sur la rue Eddy. Elle s’est ensuite rendue aux chantiers du projet Lemieux-Tremblay de 24 logements sociaux mené par le Bureau régional d’Action SIDA (BRAS), un peu plus loin sur la même rue, celui du 35, rue Wright qui comptera 62 logements abordables, et sur la rue Carillon où la démolition de l’ancien centre diocésain est sur le point de s’amorcer pour faire place à la construction d’un immeuble de 150 logements abordables. Le projet Carillon de l'Office d'habitation de l'Outaouais qui comprendra 150 logements abordables sur la rue Carillon, à Gatineau. (Gouvernement du Québec) «Ce sont des logements dont on a besoin, particulièrement dans le cœur de l’Île-de-Hull, a noté la mairesse Marquis-Bissonnette. Je tiens à saluer la contribution significative du gouvernement du Québec, mais aussi du gouvernement fédéral et de la Ville de Gatineau qui sont aussi parties prenantes dans les projets qu’on souligne aujourd’hui.» Prévisibilité, décontamination et infrastructures L’heure n’était visiblement pas à la critique entre les différents partenaires en habitation à Gatineau, vendredi. Le ton était quelque peu différent, il y a quelques semaines, lorsque le conseil municipal de Gatineau a dû procéder à quelques acrobaties financières pour dénicher près de 10 millions de dollars afin de combler le manque à gagner dans sept projets totalisant plus de 400 autres unités de logements sociaux et abordables actuellement en planification, ou, dans certains cas, carrément déjà en construction. La mairesse Marquis-Bissonnette et le président du comité-choc en logement, Daniel Champagne, avaient alors tous deux souligné le manque de prévisibilité qu’offre aux villes le PHAQ, ce qui les force parfois à dégager de nouvelles sommes qui n’avaient pas préalablement été budgétées. Questionnée à ce sujet, la ministre Duranceau a indiqué que son ministère est «constamment en mode amélioration continue» et qu’elle était ouverte à faire des changements s’ils s’avéraient nécessaires. «Il y avait peut-être plus de prévisibilité pour les villes [dans l’ancien programme AccèsLogis], mais il n’y avait pas de logement qui sortait, a-t-elle lancé. Là, peut-être que la Ville est victime de son succès en ce moment parce que tous les bons ingrédients sont en place pour que les logements sortent. Peut-être qu’il y a eu beaucoup de projets de logements qui sont arrivés en même temps, peut-être qu’on est victime d’avoir été plus efficace, mais je n’ai pas d’enjeu à mieux planifier avec les villes s’il le faut.» La ministre Duranceau reconnaît que les problèmes de contamination et de capacité des infrastructures demeurent parfois des freins au développement de certains projets de logement. Elle précise que le ministère de l’Environnement finance parfois des travaux de décontamination afin de permettre la réalisation de projets, mais la mairesse de Gatineau rappelle que ce n’est pas suffisant et que la Ville doit régulièrement trouver elle-même les fonds pour le faire. «Bien sûr que l’idéal ce serait que Québec paie tout ça, mais aujourd’hui on avance en matière de logement et c’est ça qui est important.» Le manque de capacité des infrastructures de gestion des eaux usées retarde la réalisation de nombreux projets de logements partout au Québec, note la ministre responsable de l'Habitation, France-Élaine Duranceau. (Archives La Tribune) La ministre Duranceau précise que le déficit d’entretien des infrastructures, notamment en gestion de l’eau usée ou de production d’eau potable n’est pas unique à Gatineau, mais présent dans l’ensemble des villes de la province, et que cela retarde de nombreux projets de logement. «Il y a de l’argent du fédéral qui doit descendre pour financer des travaux d’infrastructure, dit-elle. Le besoin est criant et urgent. On s’attend à pouvoir continuer la discussion entamée avec le fédéral après l’élection de lundi afin d’en arriver à une entente parce que plusieurs projets de logements nécessitent une mise à jour des infrastructures pour pouvoir se réaliser.»