« 25 ans de judo. Un rêve. Le Japon m’appelle. » C’est par ces mots que débute la vidéo tournée, montée puis publiée au début de la semaine par Matthieu Boidin. L’hiver dernier, ce Ploërmelais de 29 ans a passé trois semaines au pays du soleil levant et est en train d’en faire une série de cinq épisodes sur sa chaîne Youtube « La Boidinerie ». Président du Judo Plaisir 56 à Ploërmel, il s’est lancé le défi de découvrir les contrées nipponnes d’une manière originale. Sur les traces des Samouraïs à travers les Alpes japonaises, il a emprunté le Nakasendo, un chemin historique reliant Tokyo à Kyoto via 69 villages. « J’ai toujours eu une attirance pour le Japon. Je fais des arts martiaux, du judo, depuis longtemps. En septembre, j’avais fini ma formation en alternance et j’étais plutôt libre. Je suis tombé sur une offre avec un billet d’avion presque à moitié prix pour le Japon. Sur un coup de tête, je suis parti », raconte-t-il. Avant son départ, Matthieu Boidin poste une vidéo d’annonce qui cartonne sur ses réseaux. Cela le motive encore plus pour ce périple. Après quatre jours d’acclimatation à Tokyo, il se lance à l’assaut de cette route, arborant le hachimaki, ce fameux bandeau rouge et blanc symbole d’effort et de persévérance pour les Japonais. À lire sur le sujet Championnats de France par équipes D1 : le Judo Club 56 prêt au combat « Le sentier fait officiellement 550 km, explique-t-il. Mais j’ai dû faire des détours pour dormir et je l’ai rallongé un peu. J’ai fini à plus de 600 km. Au début, je marchais une trentaine de bornes par jour. Mais je pouvais en faire 60 ou 70 car je n’avais parfois pas le choix pour trouver un toit. » Un voyage dans le temps Outre le défi sportif, Matthieu Boidin vit ce challenge comme une introspection et un voyage à travers le temps. « Hormis dans les auberges où je dormais, j’étais seul la plupart du temps. L’idée était de voir mes limites au quotidien, savoir où je pouvais aller physiquement et mentalement. C’était mon premier voyage en avion tout seul dans un pays étranger. J’étais dans une période incertaine où je ne savais pas trop quoi faire. C’était l’occasion de réfléchir, d’avoir du temps pour moi, de marcher pour cogiter sur mes projets », poursuit le Breton, qui a lancé depuis son activité de vidéaste-monteur vidéo. À lire sur le sujet Judo : la relève bretonne est-elle prête pour passer le cap du haut niveau ? Matthieu Boidin a débuté son aventure à Tokyo. (Photo collection personnelle Matthieu Boidin) Avec son drapeau breton en évidence sur son sac à dos, il traverse routes, montagnes et forêts sur les traces des guerriers du Japon féodal. Entre Tsumago et Magome, il connaît son premier coup de cœur. « C’est un chemin pavé historique autrefois foulé par les samouraïs, les marchands, les seigneurs. Il relie deux villages authentiques encore préservés. Cela a été une vraie immersion dans le Japon traditionnel de l’époque d’Edo », raconte le Breton, qui allait vivre le lendemain sa plus belle rencontre. « On te prête un kimono, une ceinture » Biberonné aux arts martiaux par son papa Georges, professeur de judo et fondateur du Judo Plaisir 56, Matthieu Boidin a en effet pu partager un moment fort à Mizunami près de Nagoya, où il a rencontré d’autres judokas. « J’ai appris sur la route qu’il y avait un dojo pas très loin du sentier. Je suis arrivé en fin de journée après 45 bornes. J’ai pu être accueilli dans un foyer japonais avec le sensei (maître), qui m’a amené dans son dojo. J’ai pratiqué pendant deux heures avec les enfants. C’était magique car tu débarques avec ton sac à dos dans ce dojo de quartier. On te prête un kimono, une ceinture… Ensuite, on te propose de venir manger dans un resto. J’ai été accueilli comme un roi », ajoute-t-il avec encore des étoiles dans les yeux. Y retourner avec son père Cette folle expérience lui a donné envie d’y retourner. Mais cette fois-ci avec l’envie de pratiquer plus de judo. Et surtout avec son père, détenteur depuis novembre du prestigieux 7e dan. « Si tout va bien, on y va en avril l’an prochain. Ce serait un séjour plus orienté judo. L’idée sera de me tester contre des combattants japonais, pourquoi pas face à des jeunes en pleine bourre dans les universités. J’ai déjà hâte d’y être », ajoute le Morbihannais.