À chacun ses combats. Sean Connery brille dans le film la poursuite d’Octobre Rouge, Manu Payet, lui, a décidé de partir la poursuite du rougail saucisses. Le grand écart est important entre un sous-marin nucléaire de l’URSS qu’un commandant déçu décide de livrer à l’Ouest et un acteur qui décide de s’embarquer sur les routes de son île natale, La Réunion, afin de la (re) découvrir en prétextant partir à la recherche de la recette parfaite du rougail saucisses, l’un des plats de son enfance. Dans ce road trip culinaire, produit par Sébastien Folin, l’homme qui faisait la pluie et le beau temps avant de décider de le faire dans la production télévisée, Payet a embarqué son pote acteur William Lebghil dans ce voyage initiatique. Le duo va traverser l’île en rembobinant les souvenirs de Manu Payet à travers un fil rouge qui fait saliver: la gastronomie. Découvrir La Réunion autrement, c’est un peu l’idée de ce voyage, ou comment se servir d’un plat typique pour aborder différents thèmes, et notamment la société réunionnaise et créole. Prolonger une complicité Série documentaire de trois épisodes amenée à être diffusée sur Canal + avant l’été, la poursuite du rougail saucisses demeure un joli pas de côté, notamment pour les deux comédiens. On a récemment vu Manu Payet sur scène, dans Emmanuel 2, un one man show enregistré chez lui, à La Réunion, dans lequel il nous racontait ses souvenirs d’enfance. William Lebghil lui, s’est invité dans la troisième saison d’Hippocrate, la série médicale de Thomas Lilti, réalisateur avec lequel il avait déjà collaboré sur le film Première année. Ce duo, plutôt habitué au registre comique, est sorti de sa zone de confort pour nous embarquer dans un guide du routard 2.0. "Si je n’avais pas rencontré William, je n’aurais jamais fait ce documentaire, lance d’emblée Manu Payet. Je ne voulais pas le faire avec un autre Réunionnais, je voulais venir avec mon copain sur mon île. Et lui faire découvrir cet endroit à travers sa gastronomie. On avait tourné ensemble à La Réunion deux ans avant le film Hawaï, et on avait envie que notre complicité se prolonge un peu. Et en général, les acteurs qui ont envie de revivre ça, ils arrivent avec une idée, ils disent: voilà ce que je te propose pour qu’on soit à nouveau, de nouveau, ensemble pendant un moment, à faire un truc qu’on aime bien. Voilà pourquoi j’ai fait ça et j’ai choisi William." Face à tant d’amour, William Lebghil sort la carte maîtresse: la gourmandise. "J’adore manger, donc j’ai découvert une nourriture réunionnaise qui est très variée, avec plein de façons différentes de faire un même plat. Il y a des plats chinois, il y a des plats indiens, africains, et tout se mélange un peu". Entre les lignes, les deux compères avouent que la recherche de la recette parfaite du rougail saucisses est un prétexte pour parler de la culture réunionnaise au sens large. "J’avais de manière un peu orgueilleuse envie d’avoir mon programme food, parce que j’adore ça, poursuit Manu Payet. Il ne s’agissait pas de réellement trouver la meilleure recette mais aussi de montrer que c’était accepté que quelqu’un à 30 bornes de chez toi ne le fasse pas exactement pareil." Manger, c’est la vie "C’est comme le gratin dauphinois, qui est une recette simple sur le papier, et bien dans le Dauphiné, chacun a la sienne", surenchérit Lebghil. "Heureusement que Sébastien Folin nous a un peu cadrés car au départ, on était très bouffe, on voulait faire un épisode entier sur la découpe de la tomate, rigole Payet. Et puis, au-delà de ce que cela dit de mon île, j’ai appris des choses humaines sur William. C’est un des plus beaux cadeaux qu’on m’ait jamais fait dans ma vie". S’aimer et aimer ce que l’on mange, voilà le credo du duo. "Même la démarche de manger, c’est un cheminement puissant quand même, analyse William Lebghil. Ingérer des choses, les mettre dans son corps, les absorber, c’est quelque chose… Avec l’âge, je mange plus avec l’avant de ma bouche. Quand j’étais petit, je pense que j’avais peur de manquer, du coup, j’avalais les choses. Et là, durant notre voyage, il y a un rougail où j’ai eu un fou rire, tellement c’était bon. C’est euphorisant, en fait. Le goût est tellement génial et étonnant". Manu Payet va encore plus loin puisque l’appétit définit l’être humain selon lui. "À La Réunion, c’est culturel. Mon père m’avait dit un jour quand j’étais gamin, méfie-toi de celui-là, il ne mange rien. Je trouvais ça génial. Donc ça définit même les rapports humains. C’est vrai que moi, quelqu’un qui ne mange pas, ce n’est pas que je ne vais pas m’en méfier, mais je n’ai pas envie d’être avec (rires)." Cela tombe plutôt bien, leur aventure culinaire donne sacrément envie de s’envoyer des choses succulentes dans le gosier.