Nucléaire: Iran et Etats-Unis engagés dans un nouveau cycle de pourparlers

Les Etats-Unis et l’Iran mènent samedi à Oman un troisième cycle de négociations cruciales sur le nucléaire iranien, dans une «atmosphère sérieuse» selon Téhéran. Nucléaire : Iran et Etats-Unis engagés dans un nouveau cycle de pourparlers Un homme passe en moto devant un bâtiment arborant un panneau d'affichage anti-israélien portant l'inscription « Une fois de plus, un Pharaon se noiera » sur la place de Palestine à Téhéran, le 26 avril 2025.Les États-Unis et l’Iran devaient commencer à négocier les détails d'un éventuel accord nucléaire à Oman le 26 avril, lors de leur troisième série de discussions en autant de semaines. (Photo par ATTA KENARE / AFP) AFP Ces négociacions interviennent après de précédents échanges qualifiés de constructifs par les deux pays, ennemis depuis quatre décennies. Les discussions, qui ont débuté dans la matinée sous médiation omanaise, se poursuivent «dans une atmosphère sérieuse», a indiqué sur X le porte-parole de la diplomatie iranienne, Esmaïl Baghaï. Elles se déroulent dans «des salles séparées», comme lors des deux réunions précédentes, le 12 avril à Mascate et le 19 à Rome, selon la même source. Les pourparlers visent à conclure un nouvel accord devant empêcher l’Iran de se doter de l’arme atomique - une ambition que Téhéran a toujours nié avoir – en échange d’une levée des sanctions qui paralysent son économie, après le retrait américain en 2018, sous la première présidence de Donald Trump, de l’accord international conclu trois ans plus tôt à Vienne. Une session de pourparlers techniques entre experts doit s’ajouter aux discussions menées par le chef de la diplomatie iranienne, Abbas Araghchi, et l’émissaire américain pour le Moyen-Orient, Steve Witkoff, par l’intermédiaire du ministre des Affaires étrangères omanais, Badr al-Boussaïdi. Selon M. Baghaï, les capacités de défense et le programme balistique iraniens ne figurent pas à l’ordre du jour. «Les négociations porteront sur des questions techniques et au niveau des experts sur des détails» et pourraient «être prolongées si nécessaire», a indiqué pour sa part l’agence de presse officielle Irna. La précédente réunion il y a une semaine avait été qualifiée de «bonne» par les deux pays. »Pour que les négociations progressent, il faut une démonstration de bonne volonté, de sérieux et de réalisme de la part de l’autre partie», a déclaré vendredi M. Baghaï. Les pays occidentaux, Etats-Unis en tête, et Israël soupçonnent l’Iran de vouloir se doter de l’arme nucléaire. Téhéran rejette ces allégations, défendant un droit au nucléaire à des fins civiles, notamment pour l’énergie. M. Araghchi a ainsi indiqué que son pays prévoyait de construire 19 nouveaux réacteurs, dans un discours publié mardi sur X. En représailles au retrait américain de l’accord de Vienne, l’Iran a pris ses distances avec le texte, en enrichissant notamment de l’uranium à un niveau élevé. M. Araghchi a fait part cette semaine de l'»optimisme prudent» de son pays sur le processus en cours. Depuis son retour à la Maison Blanche, Donald Trump a relancé sa politique dite de «pression maximale» sur l’Iran, l’appelant en mars à négocier tout en menaçant de le bombarder en cas d’échec de la diplomatie. Dans des déclarations publiées vendredi par Time Magazine, il a assuré être prêt à rencontrer le guide suprême iranien ou le président du pays. Dans le même temps, Washington a annoncé mardi de nouvelles sanctions visant le secteur pétrolier iranien, Téhéran dénonçant une «approche hostile». Mercredi, l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), chargée de surveiller le programme nucléaire iranien, a demandé à Téhéran d’expliquer la présence de tunnels autour du site de Natanz (centre) qui abrite des centrifugeuses utilisées pour enrichir l’uranium. L’organisme Institute for Science and International Security, basé à Washington, a publié des images satellites de ce site, qui montre selon lui à proximité un nouveau tunnel et un plus ancien, ainsi qu’un nouveau périmètre de sécurité. Téhéran n’a pas réagi dans l’immédiat. L’Iran enrichit actuellement l’uranium à un niveau élevé (60%), inférieur aux 90% nécessaires à la fabrication de l’arme atomique, mais très loin du plafond de 3,67% fixé par l’accord de Vienne. Selon M. Araghchi, le droit de l’Iran à enrichir de l’uranium est «non négociable». Le ministre iranien s’est dit jeudi disposé à se rendre en Allemagne, en France et au Royaume-Uni, autres pays parties à l’accord de Vienne. La semaine dernière, Marco Rubio avait appelé les Européens à se décider rapidement concernant le rétablissement des sanctions de l’ONU sur l’Iran. L’accord de 2015 prévoit la possibilité de les rétablir automatiquement en cas de non conformité au texte, mais cette option expire en octobre. L’Iran a prévenu qu’il pourrait se retirer du Traité de non-prolifération nucléaire si ce mécanisme était déclenché. Les négociations se déroulent par ailleurs alors qu’une puissante explosion a secoué un port commercial clé du sud de l’Iran, faisant au moins quatre morts et plus de 500 blessés, selon les médias d’Etat du pays, qui ont précisé qu’une enquête avait été ouverte sur les causes du sinistre, encore indéterminées.