Racisme: les annonces d’incidents ont augmenté de 38% en 2025

Abo Incidents en Suisse – Les annonces de discrimination raciale ont augmenté de 38% Le Réseau de centres de conseil pour les victimes a enregistré 1211 cas l’an dernier. Le contexte international expliquerait en partie la hausse par rapport à 2023. Caroline Zuercher Les annonces de discrimination raciale ont augmenté de 38% en Suisse l’année dernière ILLUSTRATION TAMEDIA S.BRASEY/GETTY IMAGES Abonnez-vous dès maintenant et profitez de la fonction de lecture audio. S'abonnerSe connecter BotTalk En bref : Le nombre d’incidents racistes signalés aux centres de conseil en Suisse a augmenté de 38% en 2024. L’éducation représente le secteur le plus touché, avec 230 cas recensés. Le racisme antimusulman connaît la plus forte progression, avec 209 cas signalés. Les centres d’aide aux victimes manquent de moyens face à l’afflux croissant. Le racisme en Suisse, ce sont ces croix gammées gravées sur le pupitre d’un élève. Une famille de réfugiés dont la régie juge que les moisissures dans l’appartement sont dues à des «pratiques culturelles inappropriées». Une joggeuse attaquée physiquement par un agriculteur et victime d’insultes racistes, mais à qui la police déconseille de porter plainte. Un garçon qui se fait railler à l’école en raison de ses cheveux roux et de son accent allemand, avec des camarades qui font des saluts hitlériens. Ces exemples figurent, parmi d’autres, dans le rapport 2024 sur les incidents recensés par les vingt-quatre centres de conseil pour les victimes du racisme. Cette analyse, la dix-septième du genre, révèle une hausse inédite des annonces: 1211 cas ont été recensés l’an dernier, contre 876 en 2023. L’augmentation est donc de 38%. Quelques chiffres supplémentaires des centres de conseil Éducation en tête En 2024, c’est dans le domaine de l’éducation (crèches, école enfantine, enseignement obligatoire, formation professionnelle, formation des adultes) qu’on a enregistré le plus de signalements (230). Suivent le lieu de travail (169 cas), le voisinage (116) et l’espace public (111). On a encore dénombré 95 cas liés à internet, 88 à l’administration et 76 à la police. Majorité de Suisses Parmi les victimes, 306 avaient un passeport suisse, 56 venaient de France, 42 de Turquie, 30 d’Afghanistan, 29 d’Érythrée, 26 de Tunisie, 26 d’Ukraine, 25 d’Allemagne et 21 d’Italie. Suivent d’autres pays, nous ne les mentionnons pas tous. «Nous constatons que les personnes dont le statut en Suisse est précaire s’adressent moins à nous, regrette Nora Riss. Elles craignent de perdre leur logement ou leur travail.» Les auteurs du rapport soulignent qu’ils n’ont pas la prétention de recenser la totalité des incidents. Selon eux, la hausse constatée pourrait être liée à «une plus grande disposition des victimes, des témoins et des spécialistes à annoncer les incidents racistes et à demander conseil». La guerre au Proche-Orient, avec la montée de l’antisémitisme et du racisme antimusulman qui en résulte, est aussi mentionnée, ainsi que les débats politiques autour de la migration et le renforcement des partis de droite et d’extrême droite. «Quand un sujet fait la une de l’actualité, les gens signalent plus facilement les débordements», précise Nora Riss, directrice du réseau de centres. Nora Riss, directrice du Réseau de centres de conseil pour les victimes du racisme. DR Le racisme contre les musulmans est d’ailleurs la catégorie qui a connu la plus forte hausse en 2024, avec 209 cas. Au-delà des explications politiques, Nora Riss relève que cela peut être en partie lié au fait qu’un nouveau centre genevois spécialisé dans ce domaine a rejoint son réseau. Les motifs les plus fréquents d’annonces restent la xénophobie en général (426 cas, qui concernent des situations où la cause de la discrimination n’est pas totalement claire) et le racisme anti-Noirs (368 cas). Suivent donc le racisme contre les musulmans (209), puis ceux à l’égard des Arabes (142) et des Asiatiques (142). Le contenu qui place des cookies supplémentaires est affiché ici. À ce stade, vous trouverez des contenus externes supplémentaires. Si vous acceptez que des cookies soient placés par des fournisseurs externes et que des données personnelles soient ainsi transmises à ces derniers, vous devez autoriser tous les cookies et afficher directement le contenu externe. Autoriser les cookies Plus d'infos Finalement, 66 cas sont liés à l’antisémitisme. Dans ce domaine, d’autres organisations enregistrent les incidents. En mars, la Cicad (Coordination intercommunautaire contre l’antisémitisme et la diffamation) annonçait ainsi qu’en 2024, les actes antisémites avaient augmenté de 89,52% en Suisse romande. Si l’évolution que montrent les données publiées ce dimanche est effectivement liée au fait que les gens osent davantage signaler les discriminations dont ils sont victimes et savent mieux où chercher de l’aide, alors c’est «une bonne nouvelle» aux yeux de Nora Riss. «Cela montrerait également que notre travail est reconnu.» Racisme sur internet Mais si la hausse constatée en 2024 est «réelle», alors elle est «préoccupante». À l’appui de cette lecture, Nora Riss note qu’une forme de parole se libère sur internet. En janvier, la RTS révélait ainsi que les signalements à la plateforme «Report online racism», visant à dénoncer les contenus racistes sur internet, ont augmenté de 60% en 2024. Là, l’islamophobie (79 cas) est en tête des formes de racisme, juste devant l’antisémitisme (77 cas). Laquelle de ces interprétations est-elle correcte? Assiste-t-on à un mélange des deux? Pour le réseau de centres de conseil, l’évolution actuelle s’accompagne dans tous les cas d’une difficulté: «Nos soutiens financiers ne sont pas augmentés et nous devons continuer d’agir avec les mêmes effectifs. Du coup, le personnel a du mal à suivre», avertit Nora Riss. Newsletter «Dernières nouvelles» Vous voulez rester au top de l’info? «Tribune de Genève» vous propose deux rendez-vous par jour, directement dans votre boîte e-mail. Pour ne rien rater de ce qui se passe dans votre canton, en Suisse ou dans le monde. Autres newsletters Se connecter Caroline Zuercher est journaliste à la rubrique Suisse depuis 2005. Elle couvre en particulier les sujets liés à la santé et à la politique de santé. Auparavant, elle a travaillé pour Swissinfo et Le Matin. Plus d'infos Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.