Etats-Unis : Qui est Tim Pool, l’influenceur payé par la Russie qui fait son entrée à la Maison-Blanche ?
Dans la salle de presse de la Maison-Blanche, l’arrivée d’une nouvelle tête a fait polémique cette semaine. Installé à l’écart de ses confrères, bonnet noir bien enfoncé sur la tête, Tim Pool est présenté par la porte-parole du gouvernement américain comme un « commentateur politique et un entrepreneur médiatique avec des millions de followers », invité pour amener « de nouvelles voix » médiatiques à suivre le président des Etats-Unis. Sans surprise, a peine le micro lui est-il tendu que le podcasteur d’extrême droite s’attaque aux « médias traditionnels, colporteurs de fake news », reprenant les éléments de langage de l’administration Trump. Ce que la porte-parole a oublié de mentionner, c’est que Tim Pool est aussi impliqué dans un scandale de propagande russe révélé par la justice américaine il y a quelques mois. Selon les enquêteurs, des millions de dollars auraient transité de la chaîne Russia Today jusqu’à une boîte de production américaine nommée Tenet Media, pour laquelle notre podcasteur a travaillé à plusieurs reprises. Une propagandiste russe à la Maison-Blanche ? En septembre 2024, la justice américaine accuse deux employés de Russia Today d’avoir financé à hauteur de 10 millions de dollars une entreprise américaine basée dans le Tennessee, dans le cadre d’un « projet secret » visant à influencer l’opinion américaine. Selon plusieurs médias américains dont CNN et NBC, c’est bien de la compagnie Tenet Media dont parle la mise en examen, une boîte de production qui emploie et rémunère de nombreux influenceurs d’extrême droite, dont Tim Pool. Les podcasteurs de Tenet Media sont accusés d’avoir été payés pour « aggraver les divisions politiques au sein des Etats-Unis » en répétant les éléments de langage du Kremlin sur l’immigration, l’inflation et l’Ukraine. La justice explique notamment qu’en mars 2024, les financeurs russes auraient demandé à Tenet (et leurs porte-voix) de présenter l’Ukraine comme responsable de l’attaque terroriste qui a tué plus de 130 personnes à Moscou, que Daesh a revendiqué quelques jours plus tard. Une influence éditoriale dont Tim se défend dans un communiqué publié sur les réseaux sociaux, où il explique ne jamais avoir été mis au courant de la provenance des fonds, se présentant comme une « victime » de l’opération russe. Il termine son communiqué en insultant copieusement Vladimir Poutine et les journalistes qui ont repris les informations de la justice. Selon le Washington Post, Pool aurait touché 100.000 dollars par épisode de son podcast hebdomadaire « The Culture War Podcast » dans lequel il a notamment reçu Donald Trump, Alex Jones ou Enrique Tarrio, ancien chef des Proud Boys, un groupe néofasciste impliqué dans l’invasion du Capitole en 2021. Condamné à 22 ans de prison pour conspiration, Tarrio a été gracié par le président américain en janvier dernier. Anti-Ukraine, anti-LGBT et anti-immigration Lorsqu’il n’invite pas les fascistes américains dans son émission, Tim Pool reprend régulièrement des éléments de langage de la propagande russe, affirmant que l’Ukraine est « l’ennemi des Etats-Unis et du monde entier ». Il a notamment demandé à plusieurs reprises la fin de l’aide occidentale et estime même nécessaire de présenter des excuses au gouvernement russe. Le podcasteur n’hésite pas non plus à s’attaquer aux autres ennemis communs du trumpisme et de la Russie : Les LGBT et les immigrés. Réagissant à une fusillade dans un club LGBT+ en 2022, il avait accusé les propriétaires de pédophilie et de détournement de mineurs. Il avait aussi soutenu Tommy Robinson, un activiste anglais d’extrême droite qui avait participé aux émeutes antimigrants de Southport l’été dernier. En l’invitant au cœur de la Maison-Blanche, le gouvernement américain fait un nouveau pas dans son revirement prorusse. Accusé d’avoir reçu des centaines de milliers de dollars dans le cadre d’une opération d’influence russe, Tim Pool est désormais présenté comme l’égal (si ce n’est supérieur car ne publiant pas de « fake news ») des journalistes en charge de suivi de la présidence.