Les Canadiens éliront cinq députés de plus, ce 28 avril. Tous les 10 ans, la carte électorale doit être redessinée. L’exercice a été fait après le recensement de 2021. Voici quelques-uns des principaux changements provoqués par ce passage de 338 à 343 sièges. Avantage conservateurs ? Si on répartit les votes des dernières élections générales sur cette nouvelle carte, on se rend compte que la composition de la Chambre des communes change. Les grands gagnants du redécoupage sont les conservateurs, qui gagneraient pas moins de sept sièges, selon une projection des votes de 2021 sur la carte de 2025 réalisée par Élections Canada. Ce succès s’explique surtout par le fait que les nouvelles circonscriptions ont été créées dans des régions où le vote conservateur prédomine. Trois des cinq nouvelles circonscriptions sont en Alberta. Dans une élection serrée, cela pourrait avantager les troupes de Pierre Poilievre. 108 000 personnes en moyenne En moyenne, chaque circonscription compte un peu moins de 108 000 habitants. Les 18 circonscriptions les plus populeuses se trouvent toutes en Ontario. La championne au pays se trouve tout près du Québec : Kingston et les Îles, avec près de 135 000 habitants, soit 25 % de plus que la moyenne canadienne. C’est donc dans cette circonscription que les citoyens sont les moins bien représentés au pays. D’un extrême à l’autre À l’autre extrémité, la circonscription de Labrador ne compte que 26 655 habitants. C’est cinq fois moins que dans Kingston et les Îles. Si toutes les circonscriptions avaient la même population que celle de Labrador, il faudrait quadrupler la Chambre des communes pour accommoder les 1388 députés que compterait le Parlement ! Nouveau record Parce qu’elles sont vastes et qu’elles réunissent plusieurs régions, les circonscriptions fédérales ont parfois des noms épiques. La nouvelle carte a réussi à allonger la moyenne des noms et à accoucher d’une circonscription qui compte pas moins de 50 caractères : Côte-du-Sud–Rivière-du-Loup–Kataskomiq–Témiscouata, dans le Bas-Saint-Laurent. La commission qui redessinait la carte avait d’abord retenu le nom de Montmagny–Témiscouata–Kataskomiq. Mais le député Bernard Généreux a réclamé, et obtenu, un nom plus inclusif. Le record précédent, la défunte circonscription de Beauport–Côte-de-Beaupré–Île d’Orléans–Charlevoix (écourtée en Montmorency–Charlevoix), était de 49 caractères. Les noms de deux circonscriptions ne comptent que quatre caractères : Ajax, dans la banlieue est de Toronto, et Vimy, qui recoupe les quartiers lavallois de Chomedey et de Laval-des-Rapides. Longueur moyenne du nom des circonscriptions fédérales Carte de 2021 : 18 caractères Carte de 2025 : 19 caractères Nouveaux noms autochtones La nouvelle carte se démarque par l’ajout de nombreux noms autochtones. Il y en a 14 en tout : neuf au Québec, cinq en Ontario. Celui de Kataskomiq, par exemple, désigne une réserve inhabitée de la communauté malécite de Wolastoqiyik Wahsipekuk, dans le Bas-Saint-Laurent. Joliette devient Joliette–Manawan, pour refléter le nom de la communauté atikamekw d’où était originaire Joyce Echaquan, morte en septembre 2020 au Centre hospitalier régional de Lanaudière. Autre exemple, Louis-Saint-Laurent, représentée par le conservateur Gérard Deltell, devient Louis-Saint-Laurent–Akiawenhrahk. Le nom wendat Akiawenhrahk signifie « truite » et désigne la rivière Saint-Charles, qui traverse le sud de la circonscription.