Après des mois de procédure, le conseil municipal de Lévis a officialisé une fois pour toutes l’autorisation de démolition de l’usine Scies Mercier du Vieux-Lévis. (Frédéric Matte/Archives Le Soleil) Après des mois de procédure, le conseil municipal de Lévis a officialisé une fois pour toutes l’autorisation de démolition du 220, rue Napoléon-Mercier. Il s’agit de l’usine patrimoniale Scies Mercier, installée au bas de la côte du Passage depuis le tournant du XXe siècle. Ses propriétaires, Yves et Patrick Garrant, auront maintenant quelques mois pour la démolir. Ils comptent y construire six condos de luxe. Le projet risque toutefois de devoir patienter en raison du moratoire sur l’émission de permis en vigueur à Lévis. Après avoir analysé le dossier en octobre dernier, le comité de démolition avait tranché à deux voix contre une que l’usine devait être démolie. La décision a toutefois été portée en appel par des défenseurs du patrimoine, renvoyant le dossier devant les élus du conseil. Ils ont sellé le sort de l’usine lundi, soir d’élection fédérale, en validant la décision du comité à 13 voix contre 2. Tous les conseillers de Lévis Force 10 ont voté en faveur du permis de démolition et les deux élus de Repensons Lévis contre. C’était la troisième fois que les propriétaires de l’usine patrimoniale tentaient d’obtenir la permission de la démolir, après avoir cherché un acheteur en vain pendant des années. Ils ont aussi proposé à la Ville de Lévis de la racheter pour transformer le site ou pour en faire un projet culturel ou historique, ce à quoi l’administration Lehouillier a fermé la porte. Le chef de l’opposition, Serge Bonin, a d’ailleurs dénoncé «une opportunité manquée». «On investit des millions de dollars dans la réfection de la Côte des Bûches, on parle de valorisation de notre Vieux-Lévis et puis on accepte la démolition d’un bâtiment patrimonial, dernier vestige visible de l’industrie du bois à Lévis, afin d’y implanter un projet de condos, a-t-il déploré dans une déclaration écrite. Le maire a rétorqué que le site ne répondait à «aucun besoin» municipal. «Et est-ce que la Ville devrait se porter acquéreur d’un site dont on a pas besoin ? La réponse est non.» Le terrain de l'usine Scies Mercier jouit d'un emplacement enviable, entre le secteur de la Traverse et la terrasse du Chevalier-de-Lévis. (Jocelyn Riendeau/Le Soleil) Le bâtiment visé par la demande de démolition n’est pas protégé par la loi sur le patrimoine culturel. Mais il a une «valeur patrimoniale supérieure», selon Lévis. Et il figure dans l’Inventaire des sites et des bâtiments incontournables du patrimoine industriel du Québec concocté par le ministère de la Culture du Québec. Des condos, mais pas tout de suite Les propriétaires du terrain, des descendants de Napoléon Mercier, fondateur de l’entreprise et personnage important de l’histoire de Lévis, laissent entrevoir un futur résidentiel pour le terrain de l’usine. Dans leur demande de démolition, ils proposent un projet de remplacement de six condominiums de luxe. Mais il faudra peut-être attendre des années avant de voir du neuf sur les ruines de l’ancienne usine de scies. Le projet de remplacement est vraisemblablement sur la glace en raison du moratoire sur l’émission de permis en vigueur dans une grande partie de Lévis. Celui-ci interdit les projets qui augmentent la pression sur le système de traitement des eaux. Le projet de remplacement prévoit six condos de luxe, mais ne pourra pas aller de l'avant des années en raison du moratoire. «Il est effectivement soumis au moratoire», a confirmé le maire Lehouillier en mêlée de presse. L’élu n’y voit cependant pas une raison de refuser le permis de démolition. «La démolition peut être autorisée, on peut travailler sur des plans concepts […] et on peut les mettre de l’avant», a assuré le maire. «Mais pour le moment, avec le moratoire qu’on a […] le projet de remplacement ne pourra pas aller de l’avant.» Cela ne risque pas de trop embêter les propriétaires. En entrevue au Soleil en mai 2024, Patrick Garrant confirmait que le projet de condo était sur un prétexte. La famille souhaite surtout démolir l’ancienne usine pour vendre le terrain. «Comme ça, on pourra dire aux acheteurs potentiels qu’il y a déjà un projet accepté», résumait M. Garrant.