Accusé de sabotage, Ford dit vouloir se concentrer sur l’unité

Le premier ministre de l'Ontario, Doug Ford, prononce un discours lors d'une conférence de presse à Toronto, le jeudi 17 avril 2025. (Arlyn McAdorey/Archives La Presse Canadienne) Jamil Jivani, élu dans Bowmanville—Oshawa-Nord, a déclaré lors d’une entrevue à CBC, le soir des élections, que M. Ford s’était immiscé dans la campagne fédérale et que les conservateurs ne devraient pas suivre ses conseils. «Je considère que Doug Ford est un problème pour l’Ontario et pour le Canada, a lancé M. Jivani. Je pense qu’il ne dirige pas très bien la province, et maintenant, il essaie d’exercer son influence sur les autres ordres de gouvernement, et ce n’est pas comme s’il faisait quelque chose de particulièrement bien.» Durant les élections fédérales, le directeur de campagne de M. Ford, Kory Teneycke, a publiquement critiqué l’équipe de campagne du chef conservateur Pierre Poilievre pour son incapacité à se concentrer sur la menace tarifaire du président américain, Donald Trump. M. Ford avait alors ajouté: «Parfois, la vérité fait mal.» Doug Ford n’a pas mordu à l’hameçon lancé par Jamil Jivani après la défaite du chef conservateur, se contentant de dire que tous les Canadiens doivent s’unir contre la véritable menace, à savoir les dommages économiques causés par les droits de douane de M. Trump. «Je me concentre sur l’unité à travers le pays», a déclaré M. Ford lorsqu’on l’a interrogé sur les propos de l’élu conservateur à son égard. «Nous devons rassembler ce pays comme jamais auparavant, a soutenu le premier ministre ontarien Nous ne sommes pas ennemis. Il y a une personne qui cause un réel problème, non seulement ici, [mais] dans le monde entier, et c’est le président Trump.» «Une organisation creuse» Jamil Jivani, ancien conseiller spécial de Doug Ford, s’en est également pris au gouvernement provincial par le passé, profitant de son discours de victoire à l’élection partielle de l’année dernière pour fustiger les «élites libérales» du ministère de l’Éducation. M. Jivani a confié lundi soir, lors d’une entrevue accordée à CBC, que ses critiques découlaient de son expérience personnelle. Le député conservateur s’est ensuite insurgé: «Ce type est un génie politique, car il a battu Bonnie Crombie et Steven Del Duca [les chefs libéraux successifs de l’Ontario]? Et maintenant, on doit rester assis à écouter ses conseils? Non, non. Il a transformé le Parti conservateur provincial en une organisation creuse, sans principes, qui ne résout pas les problèmes. Il fait des flatteries à Chrystia Freeland, prend des cafés et des lattes avec Mark Carney, et moi, je suis assis ici à dire que nous devons lutter pour le changement, pour quelque chose de nouveau et de différent, et non pas pour faire la promotion du Parti libéral.» Mais Doug Ford a affirmé qu’il se fichait de l’allégeance politique et qu’il travaillerait avec quiconque a à cœur les intérêts de l’Ontario. «C’est difficile de mener une campagne fédérale, a-t-il rétorqué. On travaille très, très fort. Les gens se sont exprimés. Ils n’ont jamais tort. Ils ont une raison de voter comme ils le font, et je veux simplement faire avancer la province, lutter contre ces droits de douane, quoi qu’il en coûte, et protéger la population de cette province.» Ford appelle Carney à tenir ses promesses Le premier ministre de l’Ontario a également demandé à M. Carney de tenir ses promesses de contribuer à l’élimination des barrières commerciales intérieures et d’accélérer l’approbation des projets d’exploitation des ressources, notamment dans la région du Cercle de feu, riche en minéraux, dans le nord de l’Ontario. Il a exhorté le nouveau gouvernement libéral à construire des infrastructures, telles que des pipelines, des autoroutes et des voies ferrées pour faciliter l’acheminement des produits canadiens vers les marchés et réduire la dépendance aux États-Unis. La cheffe du Nouveau Parti démocratique (NPD) de l’Ontario, Marit Stiles, a révélé avoir été témoin des tiraillements entre M. Ford et les conservateurs fédéraux pendant la campagne et a dit estimer qu’ils devraient cesser. «Ce n’est pas le moment de semer ce genre de division, a-t-elle fait valoir. Je pense que les Ontariens et, bien sûr, les Canadiens souhaitent nous voir unir nos forces, et cela signifie mettre de côté franchement les rivalités absurdes et se mettre au travail.»