Guerre en Ukraine: Washington menace de jeter l’éponge face à Moscou et Kiev

Les États-Unis demandent des propositions concrètes à la Russie et l’Ukraine, sous peine d’arrêter leur médiation. Guerre en Ukraine : Washington menace de jeter l’éponge face à Moscou et Kiev Le secrétaire d’État américain Marco Rubio à Washington, le 25 avril 2025. Getty Images via AFP Se montrant de plus en plus agacés, les États-Unis ont exhorté mardi la Russie et l’Ukraine à faire des «propositions concrètes» en vue de mettre fin à la guerre, faute de quoi ils cesseront leur médiation. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a lui appelé à ne faire «cadeau» d’aucun territoire à son homologue russe Vladimir Poutine, alors que la reconnaissance de régions occupées par Moscou semble être envisagée par Washington. «Nous sommes arrivés à un moment où les deux parties doivent faire des propositions concrètes pour mettre fin à ce conflit», a affirmé à la presse la porte-parole du département d’État, Tammy Bruce, disant lire un message de son patron Marco Rubio. «S’il n’y a pas de progrès, nous nous retirerons en tant que médiateurs dans ce processus», a-t-elle ajouté. «Semaine cruciale» Le secrétaire d’État américain avait jugé dimanche que les négociations sur l’Ukraine entraient dans une «semaine cruciale». Il a déjà, à plusieurs reprises, suggéré que les États-Unis pourraient se désengager faute d’accord mais en parlant explicitement de la fin de la médiation américaine, le message se durcit très visiblement. Le président américain Donald Trump appelle Kiev et Moscou à conclure un cessez-le-feu et un accord de paix, trois ans après le début de l’offensive russe ayant fait des dizaines de milliers de morts civils et militaires. Depuis son retour au pouvoir, il s’est rapproché de Vladimir Poutine, a initié des négociations séparées avec les Russes et les Ukrainiens, rencontré en tête-à-tête samedi au Vatican le président ukrainien et dépêché plusieurs fois son émissaire Steve Witkoff à Moscou. Un cadre pour un accord de paix Le président russe a annoncé lundi une trêve sur le front en Ukraine durant trois jours du 8 au 10 mai, à l’occasion de la commémoration de la victoire sur l’Allemagne nazie, mais son homologue ukrainien a dénoncé une «tentative de manipulation». Les États-Unis ne veulent «pas d’un cessez-le-feu de trois jours pour pouvoir célébrer autre chose, mais un cessez-le-feu complet et durable et la fin du conflit», a martelé Tammy Bruce. L’ambassadeur russe aux Nations unies, Vassili Nebenzia, a cherché à blâmer Volodymyr Zelensky et a déclaré que la Russie continuerait à parler avec les États-Unis. Volodymyr Zelensky «est déterminé à intensifier le conflit. Il rejette imprudemment les propositions de paix équilibrées des États-Unis», a-t-il déclaré lors d’une réunion du Conseil de sécurité de l’ONU. Le représentant américain John Kelley a lui affirmé que les États-Unis avaient présenté aux deux parties un cadre pour un accord de paix et il a condamné les frappes russes en Ukraine. «En ce moment, la Russie a une grande opportunité de parvenir à une paix durable», a déclaré John Kelley. Nouvelles frappes en Ukraine Au moins une personne est morte et 39 autres ont été blessées dans des frappes russes sur les villes ukrainiennes de Dnipro (centre-est) et Kharkiv (nord-est), ont indiqué les autorités locales dans la nuit de mardi à mercredi. Pour la sénatrice Jeanne Shaheen, principale démocrate de la commission des Affaires étrangères du Sénat, «le président Trump et son équipe ont terriblement mal géré ces négociations». «Nous voulons tous que cette guerre se termine de manière équitable, sans cadeau pour Poutine, et surtout pas des terres», a déclaré Volodymyr Zelensky lors d’un sommet régional. La Russie occupe partiellement quatre régions du Sud et de l’Est de l’Ukraine, dont elle a revendiqué l’annexion en 2022 : celles de Donetsk, Lougansk, Zaporijjia et Kherson. Elle a aussi annexé en 2014 la péninsule ukrainienne de Crimée. Condition «impérative» Le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, a déclaré lundi que la reconnaissance internationale de ces annexions était une condition «impérative» pour la fin de la guerre en Ukraine, déclenchée par l’invasion russe de février 2022. L’administration de Donald Trump envisage de reconnaître la Crimée comme russe. Volodymyr Zelensky a répété ces derniers jours qu’une telle éventualité serait inacceptable pour Kiev. Donald Trump avait estimé dimanche que la position du dirigeant ukrainien à ce sujet pourrait changer. Dans son adresse quotidienne mardi, Volodymyr Zelensky a aussi appelé une nouvelle fois la Russie à accepter un cessez-le-feu «inconditionnel et global» de 30 jours.