Un véritable triomphe donc, qui a malheureusement donné de mauvaises idées à Nintendo. Dans un premier temps, la présentation de sa Switch 2 s’est avérée être une franche réussite, dépassant toutes nos attentes. Entre les nouvelles fonctionnalités, les éditeurs tiers également à la fête (ELDEN RING ARRIVE) et Mario Kart World, tout semblait s’aligner pour que cette nouvelle console poursuive le succès retentissant du précédent modèle. À l’époque, en lançant sa console à 330 €, le fabricant japonais avait réussi un coup de maître en proposant à la fois une machine beaucoup plus abordable que ses concurrentes, tout en inventant une nouvelle ergonomie avec ses modes portable et de salon. Un sans faute qui a permis à Nintendo d’écouler plus de 130 millions de Switch à date. Elle est même très bien partie pour détrôner la console la plus vendue de tous les temps, la PlayStation 2 et ses 155 millions d’unités écoulées. Et là… c'est la douche froide. Vous le savez sans doute déjà à l’heure qu’il est, mais le prix de départ de la Nintendo Switch 2 sera de 469,99 € à son lancement en juin prochain. Et encore, il s’agit là du pack avec la console nue. Il en existe un autre avec Mario Kart World, à 509,99 €. Cela représente donc une hausse stratosphérique de 150 € ou presque 50 % entre les deux modèles ! Mais, vers la fin de la présentation, il y a un point qui nous a alertés : aucun prix n’a été communiqué lors de l’événement. Nous nous sommes dits que ces tarifs n’étant pas tout à fait les mêmes d’une région du monde à l’autre, le constructeur nippon réservait cette information pour le communiqué de presse local. Hélas, rien non plus dans ce dernier. Pour enfin mettre la main sur ces prix, nous avons donc fini par nous rendre sur le Nintendo Store, des étoiles encore plein les yeux après la conférence. Et puis, ce tarif se justifie sans doute par des composants plus chers, plus de R&D, etc., n’est-ce pas ? Pas pour tout le monde, semble-t-il. Nous avons en effet eu la très (très) mauvaise surprise de tomber sur le communiqué de presse japonais de la Switch 2 (merci à Christian pour le tuyau). Si vous scrollez tout en bas de la page, vous verrez que les prix pour la version multilingue de la console débutent à 430 €, “taxes incluses” (elles sont de 10 % au Japon). SAUF QUE. Il existe également une version “Japon Only”, proposé à 330 €. Oui, vous avez bien lu, Nintendo est capable de proposer une version de la machine pour 100 € de moins dès sa sortie. Avouez que cela fait cher le pack de langues supplémentaires… Bien sûr, huit ans séparent les sorties des deux machines. L’inflation est passée par là et il est potentiellement injuste de comparer leurs prix sans plus de contexte. Nous sommes donc allés consulter les données de ladite inflation sur le site de l’INSEE. Quelques additions plus tard, nous avons calculé une inflation cumulée d'environ 17,8 % entre mars 2017 et avril 2025. Pour le dire autrement, si elle sortait aujourd’hui, la première Switch coûterait 389 €. Même en prenant cela en compte, le prix de la Switch 2 est tout de même supérieur de 20 % à celui de la première Switch. C’est moins scandaleux que les 50 % initiaux, mais cela reste une sacrée hausse. Plus puissante, mais pas assez encore Pourtant, le constructeur n'a pas révolutionné sa stratégie sur l’aspect technique. S’il y a des différences entre les deux Switch au moment de leur lancement, il y a aussi des parallèles. À commencer par un même positionnement technique qui diffère de celui des autres fabricants de consoles. Là où Sony et Microsoft font la course à l’armement avec encore et toujours plus de puissance et de polygones, Nintendo a pris un autre chemin dès la première Switch. À l’époque, quand la PS4 proposait une puissance de 1,84 TFLOPS et que la Xbox One n’était pas loin derrière avec 1,31 TFLOPS, la Switch originelle se contentait de 0,4 TFLOPS en mode portable, 0,5 TFLOPS en mode docké. Une misère technique qui a tout de même accouché d’un grand nombre de jeux exceptionnels. Même si Nintendo n’a pas encore donné de détails techniques pour sa Switch 2, il apparaît assez évident qu’elle n’est pas au niveau des 10,28 TFLOPS d’une PS5 ou des 12 TFLOPS d’une Xbox Series X. Sa puissance se situe sans doute plutôt au niveau de celles de la PS4 Pro (4,2 TFLOPS) ou de la Xbox Series S (4 TFLOPS). Tout ce jargon pour vous dire que, à l’image de sa devancière, cette Switch 2 restera donc un cran en dessous des consoles les plus performantes du moment, même s’il ne devrait pas y avoir le même gouffre technique qu’auparavant. Ce qui ne nous poserait aucun problème si Nintendo s’en était tenu à peu près au même positionnement que pour la première Switch, à savoir celui d’une console certes moins puissante, mais aussi vraiment moins chère. Avec un prix qui se rapproche aussi dangereusement de celui de la PS5, le père de Mario semble penser que la puissance de ses licences suffira à combler les lacunes techniques que va d’emblée afficher sa nouvelle console face aux mastodontes de Sony et Microsoft. Il a sans doute raison, mais il nous le fait, encore une fois, payer au prix fort. Publicité, votre contenu continue ci-dessous Tout cela donne aussi l’impression que Nintendo veut se repositionner en tant que marque haut de gamme, en concurrence frontale avec la PlayStation de Sony. En oubliant au passage que le public qui l’a porté jusque-là n’est pas le même que celui de son concurrent. Le scandale du prix des jeux Mais ce qui nous a véritablement et définitivement scotché, bien plus que le prix de la console, c’est celui de ses jeux. Si vous ne les connaissez pas encore, accrochez-vous à votre chaise : ils vont être proposé aux tarifs hallucinants de 80 à 90 € en cartouche et 70 à 80 € en version dématérialisée. Bien sûr, Nintendo vendra sans doute des palettes de son Mario Kart World même à 90 €. Mais le succès de la Switch, et des plus grands succès de Nintendo en général d’ailleurs, s’est construit sur des tarifs raisonnables à destination d’un public familial. Dans un tel contexte économique mondial, combien de ces familles pourront se permettre de débourser ne serait-ce que les 509,99 € demandés pour le pack Switch 2 +Mario Kart World ? Comment justifier de tels prix ? Les jeux Switch 2 sont-ils plus longs et compliqués à développer ou plus riches sur le plan technique que des jeux PS5 ? La réponse est évidemment négative. Nous avons beau chercher, nous ne voyons rien d’autre que l’appât du gain. Enfin, pas pour tous, puisque les Japonais sont de nouveau chouchoutés. Au Pays du soleil levant, le prix des jeux en boîte débutera à 9980 ¥, soit... 61 €. Et 55 € en version digitale. Même en prenant en compte la différence de taxes (10% au Japon, 20% en France). Et vous remarquerez au passage que sur son île natale, Nintendo a le bon goût de pratiquer des prix certes un peu plus élevés, mais qui ne s'envolent pas. Des mises à jour au goût amer Enfin, que dire des mises à jour payantes pour les jeux déjà existants et qui bénéficieront d’une mise à jour pour la Switch 2 ? Le prix de ces mises à jour n’est pas encore connu, mais quand on voit la politique tarifaire pour ce lancement occidental, on ne peut que craindre le pire. Que Nintendo n’offre pas lesdites mises à jour, au moins pour ses propres jeux, dépasse notre entendement. Le constructeur s’assurerait ainsi que ses clients fidèles, qui ont par exemple acheté Super Mario Jamboree il y a quelques mois à peine, ne se sentent pas lésés de repasser aussi rapidement à la caisse. La marque, autrefois enchanteresse, semble aujourd'hui peu concernée par le mécontentement de ses utilisateurs lésés, tant qu’une partie substantielle d’entre eux passe à la caisse.