Corée du Sud : le président Yoon Suk Yeol destitué par la Cour constitutionnelle

Fin de partie pour le président sud-coréen. La Cour constitutionnelle de Corée du Sud a définitivement chassé du pouvoir le président Yoon Suk-yeol pour avoir instauré à la surprise générale la loi martiale dans la nuit du 3 au 4 décembre. Dans un arrêt accablant lu en 23 minutes par son président Moon Hyung-bae, la Cour a estimé que les actions du président Yoon avaient «violé les principes fondamentaux de l’Etat de droit et de la gouvernance démocratique». Yoon Suk-yeol «ne s’est pas contenté de déclarer la loi martiale, mais a commis des actes qui ont violé la Constitution et la loi, notamment en mobilisant les forces militaires et policières pour empêcher l’Assemblée nationale d’exercer son autorité», a-t-il poursuivi. «En définitive, les actes inconstitutionnels et illégaux du défendeur trahissent la confiance du peuple et constituent une violation grave de la loi qui ne peut être tolérée du point de vue de la protection de la Constitution», a ajouté la Cour. «Nous prononçons la décision suivante, avec l’accord unanime de tous les juges : (nous) destituons le président Yoon Suk-yeol», a-t-il dit, confirmant la motion de destitution votée par l’Assemblée nationale le 14 décembre. Le 3 décembre à 22 h 23 (heure locale), le président Yoon était apparu à la télévision pour une allocution inattendue et avait déclaré la loi martiale, sur fond de blocage du budget au Parlement dominé par l’opposition. L’impopulaire dirigeant affirmait vouloir protéger le pays des «forces communistes nord-coréennes» et «éliminer les éléments hostiles à l’Etat». Les activités politiques étaient alors interdites alors que des hélicoptères atterrissaient sur le toit du parlement. Deux heures plus tard, quelque 190 députés sont parvenus à entrer dans l’Assemblée, après en avoir été brièvement empêchés par des soldats. A l’extérieur, des milliers de personnes avaient exigé le départ du président. Les députés avaient ensuite adopté à l’unanimité une motion bloquant la loi martiale et exigeant sa levée. Quelques heures après l’avoir proclamée, le président était réapparu à la télévision et avait abrogé la loi martiale. Une nouvelle élection présidentielle sous 60 jours La décision de destitution signifie le départ immédiat du pouvoir de Yoon Suk-yeol, qui n’était jusqu’à présent que suspendu, et entraînera une élection présidentielle anticipée sous 60 jours. L’ex-président est par ailleurs sous le coup d’un procès pénal pour «insurrection», un crime passible de la peine de mort. L’ex-président sud-coréen a présenté ses excuses vendredi, après sa destitution pour sa tentative ratée d’imposer la loi martiale en décembre. «Je suis vraiment désolé et j’ai le cœur brisé de ne pas avoir pu répondre à vos attentes», a écrit Yoon Suk-yeol dans un bref communiqué publié après la décision unanime du tribunal. «Je suis profondément reconnaissant envers tous ceux qui m’ont soutenu et encouragé malgré mes nombreuses lacunes». Le parti de l’ex-président a déclaré vendredi qu’il acceptait le verdict de la Cour constitutionnelle confirmant sa destitution et le démettant définitivement de ses fonctions. «C’est regrettable, mais le Parti du pouvoir au peuple accepte solennellement et respecte humblement la décision de la Cour constitutionnelle. Nous présentons nos excuses sincères au peuple», a déclaré le député et haut-responsable du parti Kwon Young-se.