En visite au Groenland, la Première ministre danoise Mette Frederiksen s’est adressée directement, et en anglais, au gouvernement américain, ce jeudi 3 avril. «Vous ne pouvez annexer un autre pays», a-t-elle lancé, tout soulignant que le Danemark ne cédera pas. L’intégrité de ce territoire autonome du Danemark, est remise en cause par la convoitise affichée par l’administration de Donald Trump. Les menaces d’annexion ne peuvent se prévaloir d’un argument sécuritaire - tel qu’agité par le Président américain, a encore ajouté la cheffe du gouvernement danois. «En parlant de sécurité, il y a beaucoup que nous et vous pouvons faire», a affirmé Mette Frederiksen. «Le Groenland fait partie de l’Otan et, depuis 75 ans, nous avons avec vous un accord de défense qui vous donne un large accès au Groenland», a-t-elle rappelé. «Si vous souhaitez être davantage présent au Groenland, le Groenland et le Danemark sont prêts». A lire aussi Pourquoi Donald Trump veut s’emparer du Groenland Après les législatives groenlandaises du 11 mars, la pression américaine s’est accentuée avec la visite du vice-président J.D Vance sur la seule base militaire au Groenland des Etats-Unis, qui en comptaient 17 au sortir de la Deuxième guerre mondiale. Jeudi, J.D Vance a de nouveau accusé le Danemark d’avoir «vraiment sous-investi dans les infrastructures et la sécurité du Groenland», relevant l’emplacement stratégique du territoire pour la défense antiaérienne des Etats-Unis. «Je pense que (les habitants du Groenland) veulent devenir indépendants du Danemark, et une fois que ce sera le cas, nous pouvons avoir une conversation quant à la relation entre les Etats-Unis et le Groenland», a-t-il déclaré sur Newsmax, l’une des chaînes préférées de la droite ultraconservatrice américaine, assurant que les Etats-Unis pourraient se montrer plus généreux financièrement que Copenhague pour le territoire. Selon le Washington Post, la Maison Blanche est en train d’évaluer le coût pour les Etats-Unis que représenterait un contrôle du Groenland mais aussi les revenus qu’elle pourrait tirer de l’exploitation de ses ressources naturelles, largement inexplorées. «Les déclarations du président américain sont inacceptables» Mette Frederiksen a insisté sur le fait que le Danemark y renforçait maintenant sa présence avec de nouveaux navires polaires, des drones longue distance et l’augmentation de ses capacités satellitaires. «Nous respectons nos engagements et d’autres suivront», a-t-elle insisté, notant au passage que la sécurité de l’Arctique avait toujours été une «tâche commune». Sa visite intervient au moment où le Groenland vient de se doter d’un nouveau gouvernement de coalition, qui rassemble, sous la houlette du parti de centre droit Démocrates, quatre des cinq partis représentés au Parlement local, l’Inatsisartut. «C’est très, très important et très rassurant pour les Groenlandais de voir une cheffe du gouvernement danois au Groenland», explique à l’AFP Mikaela Engell, une spécialiste de ce territoire arctique et ancienne représentante du Danemark sur place. En janvier, «le gouvernement danois était presque invisible, il semblait danser sur les braises : tentant de satisfaire les intérêts américains en évitant de contrarier Donald Trump, tout en signalant que le Groenland et le Danemark étaient solidaires», dit-elle. Ce déplacement, selon Mikaela Engell, devait permettre en particulier de discuter du «mode de fonctionnement constitutionnel de la coopération entre le Groenland et le Danemark» et de coopération économique. La Première ministre danoise a d’ailleurs rencontré vendredi des chefs d’entreprises groenlandais.