Les jeunots Bill Gates et Paul Allen jeunes au début de l'aventure Microsoft. © paulallen.com Bill Gates et Paul Allen n'ont pas froid aux yeux et affichent d'emblée l'ambition de placer “un ordinateur sur chaque bureau et dans chaque foyer, fonctionnant avec des logiciels Microsoft”. Une ambition qui peut alors sembler un peu présomptueuse, mais qui s’est réalisée au-delà de leurs attentes les plus folles. C’est aussi évidemment cette vision première qui a jeté les bases de la future multinationale tentaculaire que Microsoft est devenue depuis. Publicité, votre contenu continue ci-dessous Windows et Office, où la démocratisation de l’informatique personnelle Vous le savez sans doute déjà, mais la croissance exponentielle de Microsoft est intimement liée à l'essor de l'ordinateur personnel — les Applemaniaques disconviendront peut-être. Le premier tournant majeur pour la jeune société s'opère en 1980 avec la signature d'un contrat avec IBM — cador de l'informatique en ces années —visant à fournir le système d'exploitation de son futur PC. Baptisé MS-DOS (Microsoft Disk Operating System), celui-ci deviendra rapidement un standard de l'industrie. Désireux de proposer une interface plus intuitive, Microsoft lance Windows en 1985 après un développement en secret et alors qu'il collaborait avec… Apple, qui d'ailleurs poursuivra la firme en 1988 pour s'être trop inspiré de lui. Le logo de Windows 3.1. © Microsoft Si les premières versions peinent à convaincre, Windows 3.0 en 1990, puis surtout Windows 95 font exploser l'usage des interfaces graphiques et installent la domination de Microsoft sur le marché des systèmes d'exploitation pour PC. En parallèle, la suite bureautique Office, que l’on ne présente plus, devient indispensable pour des millions d'utilisateurs professionnels et particuliers. Rien qu’avec ces deux produits (Windows et Office), Microsoft a contribué très massivement à l'informatisation de la société. Xbox, Cloud, des diversifications réussies Toutefois, au tournant des années 2000, l'appétit de Microsoft grossit et le géant désormais installé à Redmond (Washington) veut étendre son influence au-delà du monde du PC. L'entreprise choisit alors de se lancer sur le marché très concurrentiel des consoles de jeux vidéo avec la Xbox, sortie en 2001. Un pari risqué avec des mastodontes comme la PlayStation de Sony et les consoles de Nintendo, déjà bien en place. La marque Xbox parvient pourtant progressivement à s'imposer comme un acteur important du divertissement numérique, même si elle n'a jamais réussi à détrôner les Japonais dans ce domaine. Publicité, votre contenu continue ci-dessous La Xbox Series X est la dernière console sortie par Microsoft. © Microsoft Une autre diversification aussi majeure que réussie est lancée un peu plus tard avec le lancement en 2010 de la plateforme de cloud computing Azure. Azure connaît ensuite au fil des ans une croissance très rapide sous l'impulsion du PDG Satya Nadella, devenant l'un des principaux moteurs financiers de l'entreprise et un fournisseur essentiel d'infrastructures et de services infonuagiques pour les sociétés du monde entier. La tentation matérielle (Surface, HoloLens, etc.) Souhaitant mieux maîtriser l’expérience utilisateur en contrôlant à la fois le logiciel et le matériel, à l’image de son concurrent de toujours Apple, Microsoft s’est aussi aventuré dans la conception de ses propres appareils. Et c’est en 2012 que la marque lance sa gamme Surface avec des tablettes PC hybrides, puis des ordinateurs portables, visant quasi systématiquement le marché haut de gamme. Après des débuts commerciaux laborieux, notamment pour les premières tablettes Surface RT basées sur une architecture ARM, la gamme semble avoir su trouver son public, sans toutefois jamais devenir incontournable ni faire frémir du côté de Cupertino. La Microsoft Surface Pro 11 est la première sous ARM avec son processeur Snapdragon. © Les Numériques Microsoft a aussi su se montrer parfois plus aventureux. Le meilleur exemple est le projet HoloLens, un casque de réalité mixte qui a suscité un énorme engouement à son annonce en janvier 2015. Il faut bien se rappeler qu’à l’époque, le premier casque Oculus Rift n’était même pas encore disponible dans le commerce. Le projet de Microsoft paraissait en comparaison tout droit venu du futur. Publicité, votre contenu continue ci-dessous Hélas, la firme de Redmond ne parviendra jamais à concrétiser complètement cette vision. Les HoloLens 1 et 2 sont restés des produits onéreux destinés aux professionnels. Des rumeurs insistantes faisaient tout bonnement état de l’arrêt de la production du HoloLens 2 en fin d’année dernière. Microsoft s’est certes engagé à fournir un support jusqu’à fin 2027, mais un HoloLens 3 paraît très hypothétique. La marque a même changé son fusil d’épaule puisqu’elle crée désormais des applications et plateformes de réalité mixte (Microsoft Mesh) qui fonctionnent sur le matériel d'autres fabricants. Ironiquement, c'est Apple qui a fini par donner plus de corps à ce concept, avec son Vision Pro. Même si les débuts de ce casque de réalité augmentée sont pour le moins compliquées - son prix prohibitif n'aidant pas -, c'est bien ce produit qui matérialise la vision initiale de Microsoft auprès du grand public. Le casque HoloLens 2. © Microsoft Il n'y a aucune chance que l'iPhone obtienne une part de marché significative. Aucune chance. Steve Ballmer, directeur général de Microsoft, en janvier 2007 Un flop retentissant sur le marché mobile Si Microsoft a connu de nombreux succès, son incursion dans le marché des systèmes d’exploitation pour smartphones s’est en revanche soldée par un échec assez douloureux. Pourtant, tout avait bien commencé pour le géant avec Windows Mobile, un système d’exploitation pour téléphone portable. Cela en faisait donc un OS de “smartphone”, même si ce terme n’existait pas encore à l’époque. Pourtant, l’entreprise n’a pas su anticiper ou contrer efficacement l’arrivée de l’iPhone d’Apple en 2007, puis la montée en puissance d’Android de Google à partir de 2009. La tentative de refonte avec Windows Phone, lancée en 2010 avec une excellente interface utilisateur (Metro/Modern UI), n’a pas permis d’attirer suffisamment de développeurs d’applications ni convaincre les consommateurs. L’acquisition de la division téléphonie mobile de Nokia en 2014, une opération à plusieurs milliards de dollars, n’a pas inversé la tendance. Face à des parts de marché devenues marginales, Microsoft a dû se résoudre à abandonner ses ambitions dans ce secteur pourtant hautement stratégique… et ruminer la tirade aujourd'hui légendaire de son directeur général, Steve Ballmer : “Il n'y a aucune chance que l'iPhone obtienne une part de marché significative. Aucune chance.” Publicité, votre contenu continue ci-dessous L'interface de Windows Phone 8. © Les Numériques Les polémiques, la rançon du succès La position dominante acquise par Microsoft au fil des années, notamment sur les systèmes d'exploitation et les suites bureautiques, a conduit à plusieurs enquêtes et poursuites pour abus de position dominante aux quatre coins de la planète. Le procès antitrust intenté par le département de la Justice étasunien à la fin des années 1990, centré sur l'intégration jugée forcée du navigateur Internet Explorer dans Windows pour contrer Netscape Navigator, reste l’un des plus emblématiques. L'Union européenne a également mené plusieurs enquêtes aboutissant à des sanctions financières, notamment concernant la vente liée de Windows Media Player ou le manque d'interopérabilité. Outre ces questions concurrentielles, l'entreprise a aussi été régulièrement pointée du doigt pour des failles de sécurité dans ses produits, Windows étant une cible privilégiée des cyberattaques pendant de nombreuses années. Les rachats emblématiques (GitHub, Skype, Nokia, Mojang, LinkedIn, Activision) Pour accélérer sa croissance, acquérir des technologies ou pénétrer de nouveaux marchés, Microsoft a toujours eu recours à une politique active d'acquisitions. Certaines opérations sont restées dans les annales par leur taille colossale. On peut ainsi citer le rachat de Skype en 2011, celui (moins heureux) de la division mobile de Nokia en 2014, l'acquisition de Mojang Studios, les créateurs du jeu phénomène Minecraft la même année, l'intégration du réseau social professionnel LinkedIn en 2016 pour 26 milliards de dollars, l'achat de la plateforme de développement GitHub en 2018 et, enfin, la finalisation en 2023 de l'acquisition géante de l'éditeur de jeux vidéo Activision Blizzard pour quelque 69 milliards de dollars. © alexanderon Publicité, votre contenu continue ci-dessous Quand Microsoft sauva Apple La rivalité entre Apple et Microsoft est l’un des — si ce n'est LE — symboles de l’informatique des années 1980 et 1990. Pourtant, un épisode souvent méconnu ou oublié de cette rivalité est le fait que Microsoft a investi dans Apple en 1997 ! À cette époque, la Pomme était tout bonnement au bord de la faillite. Lors de la MacWorld Conference & Expo de Boston, Steve Jobs, tout juste revenu à la tête de l'entreprise qu'il avait cofondée, annonce un partenariat qui laisse les observateurs bouche bée : Microsoft investit 150 millions de dollars en actions Apple (sans droit de vote) et s'engage à poursuivre le développement de la suite Office pour Mac pendant au moins cinq ans. Cet accord a apporté une aide financière absolument vitale à Cupertino à l’époque, et a surtout envoyé un signal fort au marché quant à la viabilité de la plateforme Macintosh. On peut donc dire que Microsoft a sauvé Apple ! © Image générée par IA