L’administration Trump a-t-elle eu recours à Grok et ses concurrents pour calculer ses tarifs ? Alors que la méthode de calcul interroge, presse et spécialistes ont enquêté. INTERNATIONAL - Les économistes s’en arrachent les cheveux. La logique de l’administration de Donald Trump pour définir ses nouveaux droits de douane n’en finit pas de stupéfier, tant sur la méthode de calcul que sur les territoires concernés. Au point que dans la presse anglophone, les théories vont bon train. Amateur des mises en scène, Donald Trump a choisi de bouleverser les relations commerciales mondiales avec un tableau à trois colonnes : nom du pays, « tarifs appliqués aux États-Unis » sur leurs produits exportés et « tarifs américains réduits réciproques » à appliquer sur les produits étrangers importés aux États-Unis. Simple à première vue. Sauf que rien n’allait. Dès sa présentation, les remarques sur les incohérences ont fleuri. D’où sort ce chiffre de 39 % que l’UE ferait supporter aux États-Unis - quand selon l’OMC, les tarifs douaniers européens sont en moyenne de 1,7 % ? Pourquoi diable des îles sont traitées différemment des pays auxquels elles sont rattachées ? Le président américain s’est-il rendu compte qu’il ciblait des îles habitées uniquement par des manchots ? Face à ces incongruités, le secrétariat du commerce américain a mis en ligne sur son site la formule utilisée pour calculer les droits de douane : le calcul se base sur l’ampleur du déficit commercial américain divisé par « l’élasticité des importations » et le total des importations américaines. En parallèle, la Maison Blanche affirme avoir pris en compte d’autres barrières commerciales que les simples droits de douane - citant notamment les normes environnementales ou la manipulation des taux de change. Vous jugez le calcul bancal ? Vous n’êtes pas les seuls. Cette méthode est « stupide » et « pleine d’erreurs », a tranché sur son blog le prix Nobel d’économie Paul Krugman, soulignant par exemple que les calculs prenaient en compte uniquement les biens échangés, omettant les services. Ainsi que les accords commerciaux en vigueur entre les États-Unis et les autres pays… De quoi interroger sur le cerveau humain derrière ces calculs… Ou pas. Car sur les réseaux sociaux, certains spécialistes se sont interrogés sur la possibilité que l’administration Trump ait usé d’une intelligence artificielle pour créer cette formule mathématiquement correcte, mais dénuée de toute considération géopolitique et commerciale. Sur X, Rohit Krishnan, ingénieur et économiste, a ainsi souligné, capture d’écran à l’appui, que la formule correspondait à la méthode fournie par Gemini, Claude ou Grock lorsqu’on leur demandait comment calculer « facilement » des tarifs douaniers. 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Le 2 avril, Donald Trump a lui présenté le fait de diviser par deux les taux pratiqués selon Washington par les pays étrangers comme une « gentillesse ». Soufflée par l’IA ? Mais la méthode de calcul n’est pas la seule bizarrerie des annonces de Donald Trump. La décision de taxer à 10 % les produits issus des îles Heard et McDonald, territoire australien principalement peuplé de manchots, a suscité son lot de moqueries. L’incompréhension est tout aussi grande concernant l’île Norfolk, un petit territoire australien, pas spécialement connu pour exporter vers les États-Unis : selon la chambre de commerce de l’île, en 2019, ce sont des marchandises (notamment de la farine de soja) d’une valeur de 1,7 million de dollars américains qui ont été exportées. Ce qui fait de l’île le 223e rang mondial des exportateurs. Pas vraiment une priorité… Cette fois c’est The Guardian qui a mené l’enquête. Selon le quotidien britannique, le ciblage de ces territoires isolés viendrait d’une erreur dans la base de données d’importation et d’exportation du Bureau du recensement des États-Unis pour 2024 qui a été utilisé par la Maison Blanche. Erreur qui, dans le cas de l’île Norfolk, viendrait d’une confusion avec… le comté de Norfolk en Grande-Bretagne. Le quotidien britannique évoque ainsi des factures où l’adresse d’expédition est indiquée comme étant « Norfolk Island », alors que le siège social de l’entreprise expéditrice se situe en Angleterre. Dans un autre cas de figure, c’est l’adresse d’expédition de 3 000 paires de chaussures Timberland envoyées vers la Floride qui est erronée : elle mentionne « Norfolk Island », donc « NI » alors que les bureaux de la marque se situent dans le New Hampshire (NH). Contactée par The Guardian, la marque Timberland n’a pas souhaité commenter. Les taxes imposées sur les produits des îles Heard et McDonald seraient elles aussi issues d’erreur dans les adresses de facturation. Saisir des données erronées amène forcément à un résultat erroné. Et si l’erreur est humaine, au vu des répercussions mondiales provoquées par l’instauration des droits de douane, elles interrogent - un peu plus - sur la méthode Donald Trump. À voir également sur Le HuffPost : La lecture de ce contenu est susceptible d’entraîner un dépôt de cookies de la part de l’opérateur tiers qui l’héberge. Compte-tenu des choix que vous avez exprimés en matière de dépôt de cookies, nous avons bloqué l’affichage de ce contenu. 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