On a beau être prévenus des fake news générées par l'IA, on continue de se faire avoir par de gros poissons d'avril
Le cas du journaliste britannique Ben Black, rapporté par la BBC, illustre parfaitement que l'IA est encore plus crédule que les humains. En 2020, il avait publié sur son site communautaire Cwmbran Life un article humoristique affirmant que sa ville détenait le record du monde du plus grand nombre de ronds-points par kilomètre carré. Le jour même, conscient des risques de mauvaise interprétation, il avait modifié son texte pour préciser qu'il s'agissait d'un poisson d'avril. Cinq ans plus tard, en 2025, l'outil d'IA de Google continue de présenter cette information comme véridique dans ses résultats de recherche. « C'est vraiment effrayant que quelqu'un en Écosse puisse rechercher sur Google 'routes au Pays de Galles' et tomber sur une histoire qui n'est tout simplement pas vraie », s'inquiète Ben Black. « Ce n'est pas une histoire dangereuse, mais elle montre comment les fausses nouvelles peuvent facilement se propager, même si elles proviennent d'une source d'information fiable », constate-t-il. Cette persistance des fausses informations dans les systèmes d'IA n'est pas étonnant mais inquiétant. Les intelligences artificielles ne comprennent pas le second degré, l'ironie ou l'absurde, même si elles sont parfois plus drôles que nous dans certains domaines. Elles peuvent indexer et répéter indéfiniment une information sans tenir compte des corrections ultérieures. Le tout en donnant une apparence d'autorité à ces fake news. Le triste essor de la désinformation, alimentée par l'IA décourage certains créateurs de contenu. Ben Black a ainsi décidé de ne plus publier de fausses histoires pour le 1er avril, non seulement parce qu'il était « trop occupé » cette année, mais aussi parce que l'expérience l'a « découragé ». Du côté de chez nous, des médias comme France 3, Numérama ou Sud-Ouest ont également choisi d'abandonner cette tradition, ne voulant pas « alimenter une certaine désinformation ». Le journal La Montagne s'est même demandé « quel poisson d'avril peut-on encore inventer quand, dans la vie réelle, Donald Trump veut acheter le Groenland ? ». Même au Gorafi, on n'aurait pas osé.