Procès requis contre le sénateur Joël Guerrio soupçonné d’une tentative de soumission chimique de la députée Sandrine Josso

Soupçons de soumission chimique jusque dans les hautes sphères du monde politique : le parquet de Paris a requis ce lundi 7 avril un procès contre le sénateur Joël Guerriau, soupçonné d’avoir drogué en novembre 2023 la députée Sandrine Josso afin de commettre une agression sexuelle. Le parquet a requis un procès devant le tribunal correctionnel pour ces faits, qui remontent à la mi-novembre 2023. Le sénateur centriste est soupçonné d’avoir dilué de la MDMA à 91,1% pure dans un verre de champagne, a appris l’AFP de source proche du dossier. Il a néanmoins requis un non-lieu concernant la consommation de stupéfiants par le sénateur. Contacté, le sénateur, aujourd’hui âgé de 67 ans, n’a pas répondu dans l’immédiat à l’AFP. Sa défense non plus. Le 14 novembre, Sandrine Josso, députée Modem de Loire-Atlantique aujourd’hui âgée de 49 ans, s’était rendue au domicile parisien de son «ami politique» – comme elle l’a décrit au cours de l’enquête devant les magistrats – qui célébrait sa réélection. Seule invitée, elle en était ressortie avec 388 ng/ml d’ecstasy dans le sang, d’après les analyses toxicologiques dont l’AFP a eu connaissance. Une dose «approchant le double» de la quantité dite récréative, souligne le ministère public dans ses réquisitions. Ces analyses montraient aussi une absence de stupéfiants pendant les sept mois qui ont précédé cette soirée. Comment l’élue s’est-elle retrouvée, ce soir-là, avec autant d’ecstasy dans le sang ? Dans ce dossier, l’absorption de drogue et ses effets délétères sur Sandrine Josso, qui souffre un an après d’un stress post-traumatique, ne semblent pas discutés. Tout l’enjeu repose sur l’intention. Joël Guerriau, lui, a constamment nié avoir agi volontairement, avançant notamment une «erreur de manipulation» des coupes de champagne. Mais pour le parquet, le produit stupéfiant a été placé dans le verre «à dessein». «Tour de magie» Le ministère public souligne les déclarations «évolutives» et «pas cohérentes» du sénateur qui «finalement [va] expliquer s’être souvenu de la présence de la substance une fois celle-ci ingérée» par Sandrine Josso, «il n’alertera pas pour autant» la députée. Et ce, alors qu’il est «acquis que Joël Guerriau était informé sur les effets et le but de la substance administrée», estime le parquet, qui cite «de nombreuses recherches en lien avec la drogue et le viol» faites en ligne par Joël Guerriau, «un peu plus d’un mois avant les faits», puis «le lendemain». Depuis sa mise en examen, le parlementaire, placé sous contrôle judiciaire, n’était plus apparu dans l’hémicycle et avait été suspendu de son parti Horizons et de son groupe parlementaire Les Indépendants-République et Territoires. Il avait en revanche exclu de démissionner, estimant en septembre 2024 «totalement injuste» de quitter ses fonctions alors que la justice n’avait pas encore «tranché». De son côté, Sandrine Josso a été officiellement chargée d’une mission sur la soumission chimique, mission qui devrait remettre son rapport en mai.