Etats-Unis : Un maquilleur gay expulsé vers une prison salvadorienne, ses proches « très inquiets » pour sa vie
Andry Hernandez Romero, maquilleur vénézuélien et demandeur d’asile persécuté dans son pays pour son homosexualité et ses opinions politiques, a été expulsé par l’administration de Donald Trump, rapporte CBS News. Il a été renvoyé vers une prison de haute sécurité au Salvador, dans le cadre d’un accord controversé visant les membres présumés du gang Tren de Aragua. Andry Hernandez Romero, l’un des 238 migrants vénézuéliens récemment envoyés à la prison CECOT, n’avait pourtant aucun casier judiciaire connu. Son avocate, Lindsay Toczylowski, affirme qu’il avait passé avec succès son entretien de « crainte crédible », première étape vers l’asile : « Le gouvernement avait reconnu que les menaces à son encontre étaient fondées. » Un simple tatouage comme « preuve » Mais avant même que son audience n’ait lieu, il a disparu. Transporté menotté et sans préavis au Salvador, il n’a plus donné signe de vie. Des photos du photographe Philip Holsinger confirment sa présence à CECOT, où il aurait été humilié et maltraité : « Je ne suis pas un membre de gang. Je suis gay. Je suis styliste », aurait-il crié avant d’être frappé. L’accusation officielle ? Un tatouage de couronnes interprété comme un signe d’affiliation au gang Tren de Aragua. Or, selon son avocate, ces tatouages « se trouvent au-dessus des noms de ses parents. Ses rois et sa reine. » Une symbolique personnelle, liée à son métier dans les concours de beauté. Des expulsions en masse sans preuves Le Département de la sécurité intérieure (DHS) affirme que des preuves plus larges existent, notamment via les réseaux sociaux, mais 60 Minutes, après avoir épluché des années de publications de Romero, n’a trouvé que des photos inoffensives, souvent liées au maquillage et à la mode. L’affaire d’Andry Hernandez Romero n’est pas isolée. Des dizaines d’autres migrants ont été envoyés à CECOT sur la base de tatouages, de gestes sur d’anciennes photos, ou de simples suspicions. Un autre expulsé, Jerce Reyes Barrios, a été accusé à partir d’un signe de main dans un post Facebook de 2011, que sa compagne décrit comme un simple « signe rock’n’roll ». Un vide juridique préoccupant Pour justifier ces déportations, l’administration Trump a invoqué l’Alien Enemies Act, une loi dormante depuis la Seconde Guerre mondiale, qualifiant les migrants de « terroristes » sans preuve judiciaire. Un choix juridique exceptionnel, qui contourne les garanties habituelles. Selon une enquête de l’émission 60 Minutes, 75 % des expulsés n’ont aucun casier judiciaire connu. Seuls 22 % auraient des antécédents, en majorité pour des délits mineurs. Et pourtant, le gouvernement maintient sa position. « Ce n’est pas parce qu’ils n’ont pas de casier aux Etats-Unis qu’ils ne sont pas dangereux », affirme une porte-parole du Département de la sécurité intérieure.