Le député insoumis Sébastien Delogu a porté plainte, lundi 7 avril, pour diffamation contre Jordan Florentin, journaliste du magazine d’extrême droite Frontières, et la présidente du collectif Némésis, Alice Cordier. En cause : une série de messages postés sur le réseau social X par ces deux personnes dimanche 6 avril. Ils accusent le député LFI d’avoir qualifié de «noir de service» l’un des agents de sécurité qui accompagnait le journaliste à la manifestation contre l’extrême droite organisée par LFI et les écologistes dimanche. «C’est une diffamation de plus, qui s’ajoute à toute leur hargne faite pour discréditer la gauche», réagit ce mardi 8 avril Sébastien Delogu auprès de Libération. «Jamais je ne tiendrais ces propos», ajoute-t-il, qualifiant Alice Cordier et Jordan Florentin d’«agitateurs d’extrême droite» sur X. Une deuxième plainte devrait être déposée ce mardi par le député insoumis contre Erik Tegnér, propriétaire de Frontières, qui a porté les mêmes accusations sur X dimanche. Contactés par Libé, Erik Tegnér et Alice Cordier n’ont pas répondu. Jordan Florentin maintient ses accusations et affirme avoir «de nombreux témoins qui [les] confirment». «Le député d’ultragauche Sébastien Delogu a tenu des propos ouvertement racistes place de la République à l’égard d’un de mes agents de sécurité, parce que racisé», affirmait, dimanche, le journaliste sur le réseau social américain vers 15h30. Une accusation réitérée par la militante féministe d’extrême droite une heure plus tard : «J’ai eu confirmation, Delogu a bien traité un gars de la sécu de Jordan Florentin de “noir de service”». Pour appuyer ses accusations, Jordan Florentin a publié une vidéo de dix-neuf secondes, lundi, extraite du reportage tourné la veille à la manifestation contre l’extrême droite. On y voit l’élu des Bouches-du-Rhône qui, après avoir refusé de répondre au journaliste d’extrême droite, interpelle l’un des agents de sécurité du journaliste : «Tu fais la sécurité de ça, frère», lui lance Delogu à deux reprises. Le terme «noir de service» n’est, à aucun moment, prononcé par l’élu. Passe sanitaire au nom d’Adolf Hitler Ce n’est pas la première fois que Jordan Da Rocha, de son vrai nom, provoque une polémique. Le trentenaire, qui avait déjà présenté un passe sanitaire au nom d’Adolf Hitler dans un théâtre en 2021 selon des informations d’Arrêt sur images et du Monde, a fait parler de lui en février après qu’une jeune fille de 11 ans a été retrouvée morte Epinay-sur-Orge (Essonne). Le journaliste, présent à une soirée entre influenceurs d’extrême droite dans le domaine familial des Le Pen en décembre dernier, avait alors exhumé des publications hostiles au Rassemblement national d’une internaute, présentée comme la sœur de la victime. «Plusieurs tweets de Marianne, la sœur de la petite Louise victime d’un ignoble francocide, refont surface. La militante d’extrême gauche y partage les positions de LFI, et des propos anti-RN. Sa petite sœur vient d’être tuée dans un bois par un homme de type nord-africain», avait tweeté le jeune homme. Un message que Marine Le Pen avait trouvé «ignoble» selon une information de Chez Pol. Il s’était finalement excusé dans un communiqué pour son message «indigne et indécent». Lancé en juin 2024 sur les cendres de Livre noir, le média Frontières se rêve en «Mediapart de droite». Son fondateur, Erik Tegnér, est un ancien militant de LR, exclu du parti à cause de sa proximité avec le RN. Ami de dix ans de Sarah Knafo, députée européenne et compagne d’Eric Zemmour, l’homme de 31 ans est un proche des cercles politiques d’extrême droite. Selon une information de Télérama, son média a reçu plus de 10 000 euros du groupe parlementaire de Marion Maréchal pour avoir couvert ses journées d’étude sur «la défense de la civilisation européenne». «Un simple défraiement», selon celui qui possède 70 % des parts d’Artefakt, la société éditrice de Frontières. Toujours selon Télérama, en 2021, il a été rémunéré 4 500 euros mensuels pendant trois mois par le Danube Institute, un think tank conservateur proche de Viktor Orbán. Mais l’homme est aussi visé par une plainte, déposée le 3 février dernier, par une de ses anciennes journalistes. Selon la Lettre, elle l’accuse de «harcèlement moral», «agression sexuelle» et «violence». L’intéressé nie l’ensemble des faits qui lui sont reprochés.