Le texte avait été inscrit à cette date-là aux forceps par Rachida Dati, elle qui veut absolument le mettre à son bilan avant de quitter le ministère de la Culture pour se lancer à l’assaut de la mairie de Paris. Finalement, selon les informations du Figaro, le gouvernement a décidé d’arbitrer en sa défaveur et de retirer de l’ordre du jour de l’Assemblée nationale l’examen de la réforme de l’audiovisuel public, prévu initialement vendredi. La raison : les 2 000 amendements sur le projet de loi sur la simplification de la vie économique, examiné depuis ce mercredi 9 avril en séance par les députés. L’Assemblée nationale observera ensuite une trêve parlementaire de deux semaines à partir du 14 avril, pour une reprise des travaux en séance plénière à partir du 28 avril. Il était difficile d’imaginer que des débats se tiennent sur un créneau aussi court pour une réforme majeure pour l’audiovisuel public. Voilà alors un nouveau délai pour celle qui est désormais connue comme la «réforme maudite». Soit le projet de holding «France Médias» destiné à chapeauter France Télévisions, Radio France et l’Institut national de l’audiovisuel (INA). Un texte décrié par la gauche et qui avait déjà connu plusieurs péripéties lors de son examen en commission des affaires culturelles ces derniers jours. La semaine passée, les débats avaient notamment été interrompus par un incident causé par Rachida Dati : la ministre de la Culture avait violemment pris à partie une administratrice du Palais-Bourbon, entraînant une première suspension de séance le soir du mardi 1er avril, puis une deuxième le lendemain, Dati refusant de présenter ses excuses. Cette semaine, les débats avaient de nouveau fait rage, les députés de gauche déposant plusieurs centaines d’amendements. Au point que la commission n’a pas pu adopter l’ensemble du projet mardi soir, et c’est le texte initial qui avait été transmis pour la prochaine étape, dans l’Hémicycle. Maintien de la mobilisation Avant cela, ce projet de holding, né d’un rapport sénatorial il y a dix ans, avait été porté une première fois en 2019 par le ministre de la Culture d’alors Franck Riester, puis vivement repris depuis la nomination de Rachida Dati Rue de Valois. Mais ce projet avait une nouvelle fois été interrompu par la dissolution de l’Assemblée nationale à l’été 2024, puis par la censure du gouvernement Barnier en décembre. Avec ce report, le timing s’avère de plus en plus compliqué. L’adoption du texte lors de ce premier semestre 2025 permettrait de rendre le holding opérationnel au 1er janvier 2026. Un nouveau décalage rendrait la transformation plus compliquée, selon certains observateurs, qui voient mal un tel chamboulement de l’audiovisuel public entrer en vigueur en pleine précampagne présidentielle. Quand pourrait avoir lieu ce nouvel examen à l’Assemblée nationale ? Pas de sitôt, selon un député Renaissance cité par le Figaro : «Au vu de l’embouteillage parlementaire des dernières semaines, il va probablement être très compliqué de lui trouver une nouvelle place…» Le patron des députés communistes, Stéphane Peu, avait prévenu que si cette réforme «ne peut pas venir cette semaine, elle ne viendra pas du tout avant l’été».