A Paris, un projet de logements sociaux dans un site de la Bourse du travail sitôt voté, sitôt abandonné

La Bourse du travail de Paris n’accueillera finalement ni logements sociaux ni centre d’hébergement d’urgence. La levée de boucliers de l’intersyndicale parisienne (CFDT, CGT, FO, CFE-CGC, CFTC, Unsa, Solidaires et FSU) qui appelait à un retrait du projet menaçant «un lieu indispensable pour conseiller, accompagner et organiser les travailleuses et les travailleurs de Paris», a porté ses fruits. L’exécutif parisien a renoncé au projet en ne mettant pas à l’ordre du jour la proposition lors du Conseil de Paris, mardi 8 avril. Lors du conseil local du 25 mars, la mairie de Paris-Centre, qui regroupe les quatre premiers arrondissements de la capitale, avait franchi la première étape. Elle avait adopté un vœu en faveur de la transformation de la Bourse du Travail, établissement public de la ville qui accueille les bureaux, réunions, permanences et assemblées générales des organisations syndicales parisiennes. Portée par le maire socialiste de Paris-Centre, Ariel Weil, la proposition avait uniquement été soutenue par les élus socialistes, issus de la majorité municipale. Les élus écologistes et communistes avaient voté contré et ceux de la droite et du centre s’étaient abstenus. «On a besoin d’explorer tous les mètres carrés» C’est l’annexe Turbigo, située dans la rue du même nom, dans le IIIe arrondissement, qui était visée pour créer à court terme un centre d’hébergement d’urgence, et à moyen terme, après les travaux de rénovation, des logements sociaux. Le bâtiment principal, rue du Château-d’Eau dans le Xe arrondissement, et l’annexe du boulevard du Temple, dans le IIIe arrondissement, n’étaient pas concernés. Ces deux sites accueillent régulièrement des événements ouverts au public. «On a besoin d’explorer tous les mètres carrés, on a besoin d’être exemplaire et d’utiliser toutes les surfaces dont la ville est propriétaire qui ne sont pas exploitées à 100% dans les usages actuels», avait justifié Ariel Weil mardi 8 avril, lors de l’explication de vote au Conseil de Paris. L’intersyndicale parisienne avait lancé le 28 mars 2025 une pétition en ligne qui avait recueilli près de 4 700 signatures en treize jours. Elle avait également annoncé un rassemblement devant l’hôtel de ville vendredi 11 avril, en marge du Conseil de Paris. Ce retrait est une victoire pour Adèle Tellez, responsable de la politique revendicative à la CGT Paris et initiatrice de la pétition, car «opposer les droits des travailleurs et les logements sociaux était totalement malvenu et même malsain, puisque ce sont bien souvent les mêmes personnes qui sont concernées par ces accompagnements». «Quand il s’agit de se mobiliser pour le bien-être des travailleurs parisiens, l’union fonctionne», se félicite la secrétaire générale de la CFDT de Paris, Aurélie Lagaville, qui se dit «rassurée» de voir un projet «qui opposait les besoins» abandonné. Soutiens politiques transpartisans Adèle Tellez salue elle aussi «l’union de toutes les organisations syndicales, qui a pesé de manière totalement décisive mais aussi le soutien politique d’un certain nombre d’élus». Comme Marie-Claire Carrère-Gée, sénatrice et conseillère de Paris (LR) qui a adressé le 3 avril un courrier à la maire de Paris, Anne Hidalgo, précisant que «la Bourse du travail, haut lieu du syndicalisme de notre capitale, ne saurait servir de variable d’ajustement» et qu’un maintien de la décision «constituerait une provocation vis-à-vis des organisations [syndicales] en particulier et du monde du travail en général».