Invention du ketchup et du téléphone, construction de la Tour Eiffel… A quoi servent les Expos universelles ?

Trois ans après Dubaï, l’édition 2025 de l’Expo universelle a ouvert ses portes à Osaka, ville portuaire japonaise située dans l’ouest de l’archipel. Osaka 2025 a choisi pour sujet «Concevoir la société du futur, imaginer notre vie de demain». Parmi les attractions phares : une météorite martienne, 32 sculptures de Hello Kitty déguisées en algues, des démonstrations de drones, ou encore un minuscule cœur battant cultivé à base de cellules souches et présenté au public pour la première fois. Depuis 1851, les Expositions universelles permettent ainsi aux pays de présenter leurs cultures et technologies à un public avide de découvertes. Mais qu’en reste-t-il à l’heure du tourisme de masse, d’Internet et du souci écologique ? Une naissance à Londres en 1851 Ces événements à l’écho mondial, qui attirent des millions de visiteurs tous les cinq ans environ dans une ville du globe, sont nés en 1851 avec «l’Exposition universelle» organisée à Londres pour célébrer la Révolution industrielle en plein essor. Inspiré par les expositions nationales de Paris, l’Empire britannique construit alors l’immense Crystal Palace, structure révolutionnaire aux immenses surfaces de verre, pour accueillir 14 000 exposants venus de 40 pays. Les éditions suivantes prennent de l’ampleur : à Paris, l’Exposition de 1889 met en vedette la Tour Eiffel – une attraction censée être temporaire –, et celle de 1900 laissera pour héritage le Grand et le Petit Palais. A l’époque, outre les développements technologiques, les puissances impériales présentent également leurs colonies avec des représentations ouvertement racistes. Mais dans la mémoire collective, les Expos sont surtout liées à des héritages architecturaux, l’attractivité qui a transformé durablement certaines villes organisatrices, et les technologies futuristes présentées. Des innovations majeures y ont donc été dévoilées au grand public : le ketchup, le téléphone, ou encore les rayons X. Où se déroulent-elles ? Outre diverses nations d’Europe, les Expos parcourent la planète : Etats-Unis (Philadelphie dès 1876, puis Chicago, Saint-Louis…), l’Australie (Melbourne-1880), le Canada (Montréal-1967), puis l’Asie plus tardivement (Osaka déjà en 1970, avant Shanghai en 2010). La dernière édition a eu lieu à Dubaï en 2021-2022. Depuis 1928, le Bureau international des expositions, basé à Paris, organise l’événement. Plus de 180 pays en sont membres et la ville hôte est choisie par un vote de l’assemblée générale. La dernière Exposition universelle en France remonte à Paris-1937. Des Expos obsolètes ? Les Expos universelles, où les pays continuent de vanter leurs atouts et de présenter des technologies d’avenir, peuvent apparaître obsolètes à l’âge d’Internet, des médias de masse et de la démocratisation des voyages. Reflétant le désintérêt majeur des Japonais comme du public international, peu ciblé, la billetterie d’Osaka 2025 connaît alors des débuts très décevants. A ce jour, seuls 8,7 millions de billets ont été vendus à l’avance, soit presque moitié moins que les 14 millions espérés. Et pour un objectif total de 28 millions de visiteurs sur six mois, très en deçà du record de 64 millions de visiteurs de l’Exposition de Shanghai en 2010. Aussi, les conflits mondiaux, les tensions géopolitiques et commerciales ébranlent les valeurs idéalistes au cœur des Expositions. Les organisateurs d’Osaka 2025, pour autant, insistent sur l’importance des échanges en personne entre nations et des «rencontres inattendues» rendues possibles par de tels rassemblements. «Les humains sont des créatures qui ont progressé en se rassemblant, interagissant et partageant», plaident-ils. Et de pointer les attractions d’intérêt universel à Osaka : météorite venue de Mars, «cœur» battant cultivé à partir de cellules souches… Des lieux d’innovation L’architecture occupe une place centrale lors des Expositions universelles, où les nations rivalisent d’audace dans l’apparence de leurs pavillons. Osaka 2025 ne fait pas exception : le pavillon chinois évoque un rouleau de calligraphie déroulé, tandis que le pavillon portugais – créé par l’architecte japonais Kengo Kuma – arbore des cordes imitant «le mouvement de l’océan». «Les Expositions universelles ont toujours été, et continuent d’être, des lieux d’expérimentation architecturale», confirme Isaac Lopez Cesar, de l’université espagnole de La Corogne. Elles offrent un forum «où sont testées de nouvelles formes architecturales, de nouveaux matériaux, de nouvelles conceptions et types de structures, et, plus généralement, de nouvelles avancées technologiques appliquées à l’architecture», poursuit-il. Quel impact environnemental ? Les thèmes du développement durable sont omniprésents à Osaka 2025, notamment dans le pavillon suisse qui déroule des sphères transparentes entrelacées de végétal et qui vise à réduire au maximum l’empreinte écologique. Mais les Expositions universelles ont souvent été critiquées pour leur caractère temporaire, la majorité des pavillons étant voués à être détruits après les six mois d’accueil du public.