Audition de témoins, pistes privilégiées, moyens mobilisés… Le point sur la disparition d’une joggeuse dans la Vienne

Après plus de quarante-huit heures de vaste «ratissage», de sondage des cours d’eau et la mobilisation de plus de 150 personnes près de Vivonne (Vienne), le dispositif pour retrouver Agathe Hilairet, disparue depuis jeudi, évolue. Les gendarmes ont annoncé samedi 12 avril au soir le début d’opérations plus ciblées menées dans le cadre d’une enquête judiciaire ouverte pour «disparition inquiétante» de la coureuse expérimentée âgée de 28 ans. La jeune femme a quitté jeudi matin le domicile de ses parents, à Vivonne. Ne la voyant pas revenir, son père a, quelques heures plus tard, signalé sa disparition auprès de la gendarmerie. Libération fait le point sur la suite des recherches et sur les pistes envisagées. Après la fin du vaste «ratissage», le temps de l’enquête judiciaire De jeudi à samedi, une large zone autour des communes de Vivonne, Voulon, Celle-Lévescault et Gença a été ratissée par une centaine de gendarmes, épaulés par des militaires, des sapeurs-pompiers, des agents de la protection civile et des membres du club sportif de la disparue, bons connaisseurs du terrain forestier où la jeune femme s’entraînait. Des plongeurs des brigades nautiques de la gendarmerie d’Arcachon et de La Rochelle ont également sondé un étang à proximité des lieux de la disparation de la joggeuse. En vain. «Les difficultés [des recherches] tiennent notamment à ce que certaines zones boisées sont très denses», a déclaré samedi Cyril Lacombe, procureur de la République à Poitiers, dans un communiqué. Samedi dans la soirée, la gendarmerie a alors annoncé que «ce dispositif de grande ampleur de ces derniers jours [allait] laisser place à l’engagement [ce dimanche] d’une quarantaine de gendarmes au profit des enquêteurs de la section de recherches et de la brigade de recherches de Poitiers», et à des «actions plus ciblées». En fin de journée ce dimanche 13 avril, le procureur de Poitiers, Cyril Lacombe, a précisé dans un communiqué qu’«une cinquantaine de gendarmes» restaient «mobilisés», «ainsi que des personnes équipées de détecteurs de métaux. Des sondages aquatiques sont menés par la brigade nautique d’Arcachon». Les «ratissages» se concentrent désormais «sur un secteur restreint d’environ 3 km2 autour de Vivonne», précise le procureur, contre une zone de 100km2 la veille. Car «si au bout de quarante-huit heures, les recherches n’aboutissent pas, c’est que nous avons besoin d’informations en plus et d’une enquête plus poussée», souligne la gendarmerie nationale auprès de Libération. Le «temps judiciaire» s’ouvre donc à partir de ce dimanche. Les gendarmes mobilisés sur le terrain sont placés sous l’autorité du parquet de Poitiers, en charge de l’enquête judiciaire. «Il s’agit du plus haut niveau d’enquête en gendarmerie.» Cette nouvelle phase des recherches «durera le temps que l’on retrouve» Agathe, complète la gendarmerie. Que cela se compte en «jours ou en semaines». Enlèvement, fugue ou suicide : quelles sont les pistes envisagées ? Selon la gendarmerie, «toutes les pistes sont envisagées : cela peut aussi bien être un enlèvement, un accident de la route, ou malaise, ou encore un suicide». Et lorsque plusieurs informations diffusées dans la presse laissent entendre que la piste de la «mauvaise rencontre» serait privilégiée, cette même source assure «que rien ne peut encore l’attester, l’enquête poursuit son cours». Une autre source proche de l’enquête, interrogée par l’AFP, abonde : «On est sur le spectre large des hypothèses. Et c’est le travail d’investigation qui va, au bout du bout, orienter l’enquête.» En revanche, la piste de la fugue planifiée est aujourd’hui jugée «peu crédible» par les enquêteurs, en raison de la découverte de plusieurs indices à son domicile concernant des «projets à court terme, comme des soirées prévues dans quelques jours». Auditions de témoins ou bornage de téléphone Dans le cadre de ces «actions plus ciblées» de recherches, les enquêteurs s’appuient notamment sur «la trentaine de témoignages» reçus après la diffusion d’un appel à témoin vendredi 11 avril. Ces différentes personnes ont été entendues, et leurs renseignements sont en cours d’analyse, nous précise la gendarmerie. «De nouvelles auditions de témoins sont en cours, notamment sur l’environnement sentimental, familial et amical d’Agathe Hilairet», confirmait ce dimanche en fin de journée le procureur de Poitiers. Plus tôt dans la journée ce dernier a expliqué que ces témoignages étaient «recoupés avec les éléments issus des moyens techniques (bornages et relais)», complète le parquet de Poitiers dans un communiqué. Le téléphone portable de la coureuse a été localisé pour la dernière fois jeudi après-midi près des lieux-dits «Les Grands Ormeaux» et «Le Champ Salaud» à Voulon, commune située à 10 km de Vivonne. A lire aussi Vienne : une joggeuse de 28 ans portée disparue, la gendarmerie lance un appel à témoins «Une dizaine d’auditions de témoins et de proches» ont également été effectuées en parallèle. Une patrouille de la gendarmerie nationale a, elle aussi, sillonné la ville samedi pour réaliser une enquête de voisinage. «Les recherches ne sont pour l’instant pas élargies à d’autres départements», précise par ailleurs la gendarmerie, qui ajoute être «en lien constant» avec la famille d’Agathe Hilairet. «L’enquête avance», nous assure-t-on, sans livrer davantage de détails. Mise à jour à 17 h 07 avec le communiqué du procureur de la République de Poitiers.