Ukraine : au moins 21 morts dans une frappe russe sur Soumy, selon les secours

Dimanche des Rameaux à Soumy. Le centre de cette grande ville du nord-est de l’Ukraine débordait de fidèles, rassemblés pour célébrer l’entrée dans la Semaine sainte. Au cœur de cette matinée de fête religieuse, la Russie de Vladimir Poutine a lancé une terrible nouvelle offensive visant les civils ukrainiens. Soumy a ainsi été frappée par deux missiles, lancés à quelques minutes d’intervalle et à une centaine de mètres d’écart. Cette attaque, la plus meurtrière depuis des mois dans le pays, a tué au moins 34 personnes, dont 2 enfants. Elle en a également blessé près d’une centaine d’autres, dont une dizaine de mineurs. Le bilan n’a cessé d’évoluer tout au long de la journée et risque de s’alourdir encore. Alors que les opérations de secours se poursuivaient, les services d’urgences, arrivés sur les lieux «dès les premières minutes» selon le ministère de l’Intérieur ukrainien, décrivaient, dans des communiqués publiés sur les réseaux sociaux, des scènes de chaos. Des dizaines de blessés gisant «en plein milieu de la rue, dans des voitures, les transports en commun, les maisons...» Dans le même temps, les autorités locales de Soumy publiaient des images de corps étendus dans la rue et de personnes courant se mettre à l’abri, de voitures en flammes et de civils blessés à terre. Les missiles utilisés étaient des «missiles balistiques Iskander-M /KN-23», selon le chef des renseignements militaires ukrainiens, le général Kyrylo Boudanov. Dans un message sur Telegram, il a pointé la responsabilité «des 112e et 448e brigades russes de missiles, présentes dans les régions de Voronej et de Koursk», appellant à punir tous «les criminels de guerre […], ceux qui donnent les ordres et ceux qui lancent les missiles». «Seuls des salauds peuvent faire cela» L’attaque a eu lieu «un jour où les gens vont à l’église : le dimanche des Rameaux… Seuls des salauds peuvent faire cela», a lâché Volodymyr Zelensky. Le président ukrainien a immédiatement appelé à «faire pression» sur la Russie pour «arrêter la guerre». «Le monde doit répondre fermement. Les Etats-Unis, l’Europe, tous ceux qui veulent que cette guerre et ces tueries prennent fin. La Russie veut exactement ce genre de terreur et prolonge cette guerre. Sans pression sur la Russie, la paix est impossible. Les discussions n’ont jamais arrêté les missiles balistiques et les bombes», a-t-il martelé sur Telegram, accusant Vladimir Poutine d’avoir «ignoré la proposition américaine d’un cessez-le-feu total et inconditionnel». Les réactions internationales ne se sont pas fait attendre. Emmanuel Macron a dénoncé dans un message publié sur le réseau social X la poursuite de la guerre par la Russie «au mépris des vies humaines, du droit international et des offres diplomatiques du président Trump». «Il faut des mesures fortes pour imposer un cessez-le-feu à la Russie», a-t-il ajouté. Sur le même réseau, l’émissaire spécial des Etats-Unis pour l’Ukraine et la Russie, Keith Kellogg, a déclaré que cette attaque des forces russes «contre des cibles civiles […] franchit toutes les limites de la décence». «En tant qu’ancien chef militaire, je comprends le ciblage et ceci est inacceptable. C’est pourquoi le président Trump travaille dur pour mettre fin à cette guerre», a-t-il ajouté. Le Premier ministre britannique, Keir Starmer, s’est quant à lui dit «consterné» et a exigé que Vladimir Poutine «accepte» une trêve immédiate et sans conditions. D’autres condamnations, nombreuses, ont afflué : une «attaque barbare […] qui montre ce qu’il en est de la prétendue volonté de paix de la Russie» pour le chancelier allemand, Olaf Scholz, «une attaque horrible et lâche» et «une violence inacceptable qui contredit tout engagement réel en faveur de la paix» pour la Première ministre italienne, Giorgia Meloni, «des scènes déchirantes […], exemples horribles de la Russie qui intensifie ses attaques alors que l’Ukraine a accepté un cessez-le-feu inconditionnel», pour Kaja Kallas, cheffe de la diplomatie européenne. Cela fait plusieurs semaines maintenant que Kyiv alerte sur le fait que Moscou pourrait lancer une offensive contre Soumy, ville se trouvant à seulement quelque 50 kilomètres de la frontière. Plus largement, les Russes ont entamé des offensives dans cette région et celle de Kharkiv (nord-est) pour créer des «zones tampons» afin d’éviter de nouvelles incursions ukrainiennes, a affirmé mercredi le commandant des armées ukrainiennes, Oleksandre Syrsky. Moscou a ainsi revendiqué jeudi la prise d’un village dans la région frontalière de Soumy, ce qui constituerait une rare avancée dans cette zone du nord-est de l’Ukraine, dont ses troupes avaient dû se retirer au printemps 2022. Mise à jour à 11 h 27 avec davantage de contexte ; à 11 h 47 avec le bilan des blessés revu à la hausse ; à 12 h 59 avec un bilan alourdi ; 14 h 32 actualisation du bilan ; 16 heures avec les réactions internationales ; 18 heures avec le nouveau bilan élevé à 34 morts.