Chléa Giguère rêvait de danser pour le Nederlands Dans Theater. C’est maintenant chose faite. À 19 ans, la jeune femme fait partie des quelques danseurs canadiens à évoluer dans cette compagnie de danse contemporaine réputée mondialement. La Presse avait rencontré la jeune Chléa en novembre 2019 à l’École supérieure du ballet du Québec. D’abord parce qu’elle venait d’obtenir le rôle de Clara – dans le ballet Casse-Noisette – pour la deuxième année de suite. Mais aussi parce qu’elle s’était brillamment illustrée dans les émissions Révolution et La France a un incroyable talent. Au cours de cet entretien, Chléa Giguère, qui était alors âgée d’à peine 14 ans, nous avait confié vouloir mener une carrière de danseuse professionnelle. La jeune fille aux idées claires était allée plus loin. Elle avait ciblé trois compagnies qui la faisaient rêver : les Grands Ballets canadiens, le New York City Ballet et le Nederlands Dans Theater (NDT). Lisez notre reportage sur Chléa Giguère C’est finalement avec cette dernière qu’elle fera ses premiers pas professionnels – dès le mois d’août prochain. Mais qu’a donc fait la jeune danseuse au cours des cinq ou six dernières années pour arriver à ses fins ? PHOTO MARCO CAMPANOZZI, ARCHIVES LA PRESSE Chléa Giguère, photographiée à l’École supérieure du ballet du Québec, en 2019 La Presse a joint Chléa Giguère à La Haye, aux Pays-Bas, où elle termine un programme de deux ans au Conservatoire royal de La Haye. Une école de danse et de musique qui se trouve dans le même bâtiment que le… NDT ! Sa formation là-bas lui a été extrêmement bénéfique, nous dit-elle. « J’aborde le ballet de façon moins technique. Je fais plus de recherches sur ce que je peux faire avec mes aptitudes techniques. Ce qui fait que j’ai plus de liberté dans mes mouvements. J’ai aussi une plus grande conscience de mon corps, de ce qu’il est capable de faire. » Cette nouvelle approche l’a aidée durant le processus d’audition ayant mené à son embauche. D’autant plus qu’elle a fait un stage de deux semaines l’été dernier au NDT. Un autre avantage qu’elle avait sur les autres candidats. Désolé, votre navigateur ne supporte pas les videos « Ils veulent savoir qui tu es comme personne et comme artiste, donc le processus est long. Il faut soumettre son dossier, envoyer des vidéos... Après, il y a des auditions, des entrevues. Ils évaluent notre versatilité, notre capacité à travailler en équipe, à improviser, notre éthique de travail. C’est un processus d’environ quatre mois. » Quand elle a obtenu sa réponse du NDT, elle est littéralement « tombée par terre », nous dit-elle en rigolant. PHOTO SACHA GROOTJANS, FOURNIE PAR CHLÉA GIGUÈRE La danseuse Chléa Giguère Je n’y croyais pas. J’étais en état de choc. J’ai relu le courriel plusieurs fois. Ça m’a pris une semaine pour réaliser que c’était vrai. C’est vraiment un rêve qui se réalise. C’est fou de dire que ce sera mon travail ! J’ai juste tellement hâte de commencer. Chléa Giguère La première fois qu’elle a vu un spectacle du NDT, Chléa avait 12 ans. Elle se trouvait à New York avec ses parents. « J’avais été séduite par l’approche plus humaine, plus abstraite aussi, de la compagnie. Je sentais qu’il y avait chez les danseurs une grande liberté. Je m’étais dit : je veux danser avec eux. » L’apprentissage de la liberté À la suite de notre première rencontre, Chléa a poursuivi sa formation à l’École supérieure de ballet du Québec pendant deux ans avant de s’envoler vers la Suisse, où elle a étudié un an à la Ballettschule Theatertanz, à Bâle. Une première expérience de vie à l’étranger où elle a découvert « de nouveaux professeurs et de nouveaux répertoires ». Puis est arrivée la pandémie, pendant laquelle elle a beaucoup dansé dans son salon et sur sa terrasse. « J’ai l’impression d’avoir beaucoup grandi sur le plan personnel et même artistique durant cette période, parce que je devais être plus créative avec ce que je pouvais faire comme entraînements. J’ai aussi créé plusieurs chorégraphies durant cette période. » Bref, du Québec aux Pays-Bas, en passant par la Suisse, c’est l’apprentissage de la liberté qu’a fait Chléa Giguère à travers sa formation classique. J’ai développé une approche plus philosophique, en dépassant l’aspect technique de la danse. En me questionnant sur la manière de bouger dans l’espace. Je fais moins ce que la technique me dit de faire et plus ce que je peux faire avec la technique. À ce stade-ci de mon parcours, je peux adapter ces techniques à ce que je veux faire. Chléa Giguère La suite de son histoire reste à écrire. La jeune danseuse commencera à travailler avec la deuxième compagnie du NDT (celle des moins de 23 ans) au mois d’août prochain. « Je vis mon rêve, nous dit encore Chléa. Pendant si longtemps, c’est ce que je souhaitais, et j’ai travaillé fort pour me rendre là, donc j’ai vraiment juste hâte de commencer et de perfectionner mon style, de trouver ma voix comme artiste. Je sais que c’est un processus évolutif, que ce n’est que le début, mais c’est tellement excitant ! »