La rémunération de Carlos Tavares sous le feu des critiques. L’ex-directeur général de Stellantis doit recevoir en tout 35 millions d’euros après sa démission le 1er décembre 2024, poussé vers la sortie après des résultats jugés décevants. Un montant qui fait polémique et qui sera voté, à titre consultatif, ce mardi 15 avril lors de l’assemblée générale du géant de l’automobile (qui regroupe une quinzaine de marques, dont Peugeot, Fiat, Opel et Chrysler) à Amsterdam, aux Pays-Bas. Dans le détail, Carlos Tavares a bénéficié, pour 2024, d’une rémunération atteignant 23,1 millions d’euros, en baisse de 37 % par rapport à l’année 2023 (36,5 millions). C’est l’équivalent de 350 fois le salaire moyen des 259 000 salariés de Stellantis à travers le monde (65 993 euros), en baisse pour la première fois depuis la création du groupe en 2021. L’ancien directeur général doit toucher par ailleurs une indemnité de départ de 2 millions d’euros et un bonus de 10 millions d’euros, notamment pour la mise en place d’une plateforme de production de voitures électriques avec des batteries à haute capacité. Un autre bonus de 10 millions lui a été refusé. Le groupe automobile se défend de distribuer des bonus et affirme que ce n’est que l’application du droit, selon France Info. Décryptage Pourquoi Stellantis a réclamé la tête de Carlos Tavares John Elkann, président du conseil d’administration de Stellantis et dirigeant par intérim, a de son côté touché près de 2,8 millions d’euros pour l’année. Les actionnaires du groupe doivent se prononcer à partir de 14 heures sur cette politique de rémunération, à titre consultatif. Ils l’avaient contestée à 52 % en 2022, 48 % en 2023, et 30 % en 2024, sans que cela ne perturbe le versement prévu par le conseil d’administration. «Des performances opérationnelles médiocres» «Le package de rémunération de 23,1 millions d’euros proposé pour l’ancien directeur général dans le rapport de rémunération semble excessivement généreux, en particulier compte tenu des performances opérationnelles médiocres et des circonstances entourant la démission forcée», a protesté le gestionnaire d’actifs AllianzGI le 8 avril. Pour peser indirectement sur cette politique, AllianzGI, qui détient moins de 1 % du capital de Stellantis, a également annoncé qu’il allait s’opposer à la réélection de deux membres du conseil d’administration qui siègent au comité de rémunération. La société de conseil aux investisseurs Proxinvest a aussi recommandé de voter contre la résolution. «Le départ étant volontaire puisque c’est une démission, aucune indemnité n’aurait dû être attribuée au dirigeant», a souligné Proxinvest, même si Carlos Tavares a été poussé vers la sortie, ajoutant qu’«au regard des performances de la société, il peut être considéré que la société est en situation d’échec, or il n’est pas acceptable d’attribuer une indemnité de départ à un dirigeant ayant mené la société à cette situation d’échec». Des critiques jusqu’au sommet de l’Etat Le président de la République lui-même avait critiqué le montant du salaire de Carlos Tavares en 2022. Le ministre de l’Industrie, Marc Ferracci, s’est exprimé dans le même sens dimanche dernier sur France 3, soulignant qu’un «principe de modération» devait s’appliquer. Mais «je ne pense pas que ce soit fondamentalement à l’Etat de déterminer le niveau des salaires, le niveau des rémunérations», avait-il aussitôt précisé. La présidente du comité de rémunération de Stellantis, Wan Ling Martello, a concédé dans une lettre aux actionnaires que «la rémunération est une question complexe et sensible», et qu’il existe «des opportunités d’améliorer l’alignement avec les attentes des investisseurs». Elle a également insisté sur la nécessité «d’attirer et de retenir des talents de classe mondiale au sein d’une entreprise mondiale et d’assurer une structure d’incitation appropriée, surtout durant cette période de transformation disruptive significative dans notre industrie». A lire aussi Face aux droits de douane aux Etats-Unis, Stellantis retient son souffle