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Ce printemps, il n’y a plus que Dior qui continue de voir les choses en (très) grand, avec un show à Kyoto, le 15 avril, pour la collection automne 2025, puis un autre, à Rome, le 27 mai, pour sa croisière 2026. Les défilés des maisons françaises à l’étranger servent généralement des objectifs commerciaux (séduire des clients locaux) ou de communication (raconter son histoire). Celui de Dior à Kyoto est une synthèse des deux. Le Japon, avec son yen bas qui attire les touristes chinois, est redevenu un marché stratégique pour l’industrie du luxe. Par ailleurs, depuis son arrivée à la tête des lignes féminines en 2016, Maria Grazia Chiuri n’a cessé de réinvestir des lieux liés à l’histoire de Dior. Ces dernières années, elle est ainsi allée à New York, où Christian Dior avait inauguré une boutique en 1948 ; en Ecosse, où il avait présenté des collections en 1951 et en 1955 ; à Bombay, où le couturier Marc Bohan avait organisé une soirée caritative en grande pompe en 1962. « L’histoire de Dior est liée aux voyages et aux échanges culturels. Organiser des défilés à travers le monde est une manière d’approfondir cet héritage, mais aussi de revisiter ces lieux à travers mes yeux de femme, directrice artistique, du XXIe siècle », explique Maria Grazia Chiuri. Entre la fondation de sa marque, en 1947, et sa mort, dix ans plus tard, Christian Dior n’a pas eu le temps de se rendre au Japon, mais il s’y est intéressé de près. Dans l’après-guerre, les plans de relance internationaux encouragent les échanges entre le Japon et les autres industries textiles. Le couturier français collabore ainsi avec Tatsumura, maison d’artisanat textile fondée en 1894 à Kyoto, et taille dans ses tissus des tenues inspirées de son New Look, sa silhouette emblématique à la taille marquée et à la jupe corolle. Il imagine pour un grand magasin japonais « Diorpaletot » et « Diorcoat », des modèles hybridant tailleur européen et kimono. En 1957, il commence aussi la robe de mariage de la princesse Michiko, mais n’a pas le temps de la finir – c’est son successeur Yves Saint Laurent qui s’en chargera. Au-delà de l’histoire nippone de Dior, Kyoto, berceau de l’artisanat japonais, passionne Maria Grazia Chiuri, désireuse de nourrir son travail des savoir-faire étrangers. « J’ai toujours été frappée par tout ce qu’on peut avoir en commun [avec des cultures a priori très éloignées de la sienne] : des outils tels que le métier à tisser ou l’aiguille existent quasiment partout, mais sont utilisés de manières très différentes. L’artisanat nous permet de comprendre la tension perpétuelle entre ce qu’on a en commun et ce qui nous distingue », affirme-t-elle. Ce défilé automne 2025 (que Le Monde a suivi sur écran, à Paris) a été présenté à la nuit tombée, au milieu des cerisiers en fleurs du jardin du temple bouddhiste To-ji, dont l’impressionnante pagode en bois de 55 mètres de haut est classée au patrimoine de l’Unesco. Ce lieu emblématique de la ville permet d’évoquer le monde floral qui est à la fois cher à Christian Dior et un motif récurrent dans l’ornement textile japonais. La collection cherche à refléter la couture française et l’artisanat nippon, sans forcément toujours les fusionner, jouant les antagonismes entre les formes et les matières. Un kimono dans un délicat jacquard tissé de fils d’or par Tatsumura est décalé par une ceinture en gros-grain et son fermoir à clip en métal. A l’inverse, une veste croisée fermée par une ceinture, comme un kimono, est taillée dans une soie moirée rappelant la haute couture du Dior des années 1950. Outre les formes et les matières, Maria Grazia Chiuri s’inspire de la méthode de construction en deux dimensions du kimono pour des pièces en mailles, à la fois couvrantes et souples, qui enveloppent le corps sans le contraindre. Les règles du pliage origami lui ont fait revoir les lignes classiques de patronage, par exemple sur des pantalons où un pan de tissu se rabat sur une seule jambe. L’asymétrique est aussi figurée dans les ornements, par exemple sur une combinaison en denim beige, où seul le flanc gauche est décoré de branches de cerisier, dans une mise en scène du vide propre à l’esthétique japonaise. Dépourvue de logo mais précise dans le travail des codes de Dior, teintée de références nippones subtiles, cette collection est réussie. Et montre que, au-delà du décor, un environnement étranger peut vraiment nourrir l’