L’Elysée annonce l’expulsion de 12 agents algériens et rappelle son ambassadeur à Alger

A la colère d’Alger, l’Elysée rétorque sa «consternation». Quarante-huit heures après l’ultimatum adressé par l’Algérie à la France, lui notifiant dimanche le renvoi de douze fonctionnaires, Paris a répliqué dans les mêmes proportions mardi 15 avril : douze agents «servant dans le réseau consulaire et diplomatique algérien en France» vont être expulsés de l’Hexagone, a annoncé la présidence de la République dans un communiqué publié dans la soirée. L’ambassadeur de France à Alger, Stéphane Romatet, va également être rappelé en France. Du jamais-vu de mémoire d’un ancien diplomate passé par Alger. Après l’expulsion des agents français, dont les derniers devaient se poser en France mardi soir, Paris a dénoncé une décision «qui méconnaît les règles élémentaires de nos procédures judiciaires, [qui] est injustifiée et incompréhensible». Le régime algérien est accusé par le gouvernement français d’endosser «la responsabilité d’une dégradation brutale» de la relation bilatérale. «Les autorités algériennes ont fait le choix de l’escalade», a accusé le ministre des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, mardi soir sur TF1. Séquestration, en avril 2024, de l’opposant au régime algérien Amir Boukhors Après huit mois de relations exécrables entre les deux capitales, et un semblant de réchauffement amorcé fin mars après un échange téléphonique entre Emmanuel Macron et son homologue algérien, Abdelmadjid Tebboune, suivi dimanche 6 avril d’un déplacement de Jean-Noël Barrot à Alger, les perspectives d’une normalisation s’éloignent. Entre les deux pays, la tension s’est cristallisée ce week-end après l’arrestation, vendredi 11 avril en France, de trois hommes, dont un employé de l’un des consulats d’Algérie en France. Tous ont été mis en examen pour arrestation, enlèvement, séquestration ou détention arbitraire, en relation avec une entreprise terroriste, selon le Parquet national antiterroriste (Pnat). Ils sont soupçonnés d’être liés à la séquestration, en avril 2024, de l’opposant au régime algérien Amir Boukhors, un influenceur surnommé Amir DZ, très influent sur les réseaux sociaux comme TikTok. Un enlèvement jugé «avéré» par le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau. La diplomatie algérienne, de son côté, a torpillé un «acte indigne», «conséquence de l’attitude négative, affligeante et constante du ministre de l’Intérieur français vis-à-vis de l’Algérie». Tenant d’une ligne dure face à Alger depuis sa nomination à Beauvau, l’ancien patron des sénateurs LR s’est retrouvé la cible des autorités algériennes, l’accusant de «barbouzeries à des fins purement personnelles». «Je prône la fermeté depuis des mois, s’est targué de son côté Retailleau sur CNews mardi soir. Je l’ai d’abord prônée seul dans le désert, puis le gouvernement en a fait sa ligne.» Pourtant écarté de l’éruptif dossier algérien, qu’il a mêlé à sa campagne interne pour la présidence des Républicains (LR), au profit du Quai d’Orsay, Retailleau s’est félicité sans fard de l’expulsion de diplomates algériens, en visant le pouvoir algérien. «Trop souvent le régime a profité de nos faiblesses, a-t-il déroulé sur la chaîne de Vincent Bolloré. La France a été pour lui une sorte de bouc émissaire. Il est inacceptable, inadmissible que la France soit un terrain de jeu pour les services algériens.» «L’exécutif n’y est pour rien mais les Algériens n’imaginent pas qu’il soit indépendant»