“Ce que l’expatriation a réveillé en moi”

Dans “Die Zeit”, une Allemande revient sur son expatriation en Angleterre puis aux Pays-Bas, et sur les libertés qu’elle y a trouvées, loin de la fonction publique où elle se sentait enfermée. “La fonction publique à vie ? Pour moi, cela ressemblait à une peine de prison à perpétuité” – cette formule choc de Sabine Harnau résume à elle seule la décision radicale qui a bouleversé sa vie : quitter l’Allemagne pour ne pas y être enfermée. Dans un long témoignage publié par Die Zeit, cette ancienne professeure de langues raconte comment, poussée par l’amour, l’envie d’ailleurs et une aversion pour le carcan de la fonction publique allemande, elle a osé l’expatriation – d’abord vers le Royaume-Uni, puis vers les Pays-Bas. Son itinéraire commence à Belfast en 2009, lors d’une fête de départ où elle rencontre son futur compagnon. Très vite, l’idée de s’installer ensemble à l’étranger devient un projet de vie. L’Angleterre s’impose : “C’est ici que je veux vivre pour toujours”, écrivait-elle déjà adolescente dans son journal après un séjour à Windsor. Elle y retrouve un pays “cosmopolite et convivial”, accueillant pour les esprits excentriques. Mais l’expatriation, même vécue à deux, reste un saut dans l’inconnu. “De toute façon, les projets qui durent toute une vie, ça n’existe pas”, lui rappelle une connaissance lorsqu’elle dort provisoirement sur un bateau à Reading. Loin des clichés de l’expat nostalgique, Sabine Harnau s’intègre à la vie locale, fuit les cercles allemands et tisse des liens durables avec ses collègues britanniques. Elle change aussi de cap professionnel, passant de l’enseignement au copywriting, puis à l’entrepreneuriat. Une transformation rendue possible, selon elle, par l’émigration elle-même : Le Brexit vient bouleverser cet équilibre. Face à la montée du nationalisme et à la précarisation du pays, le couple décide de repartir. Mais cette fois, le choix est réfléchi, presque stratégique : qualité de vie, tolérance, climat, réseau de transports… La liste de critères mène aux Pays-Bas. Depuis 2018, ils vivent à Purmerend, près d’Amsterdam, où ils dirigent leur agence de communication. Là encore, la transition est fluide. L’administration néerlandaise ? Simple, rapide, efficace. Pas de regrets. Si elle compare parfois l’Allemagne à une vieille paire de Birkenstock – confortable mais usée –, Sabine Harnau garde une forme de tendresse pour son pays natal. Mais elle le dit clairement : “Ceux qui émigrent ont la possibilité de se réinventer et de vivre d’une manière qui n’aurait peut-être pas été possible dans leur pays d’origine.” Une leçon d’audace en temps d’incertitude. Courrier expat Vivre à Istanbul : une expatriée raconte son quotidien Récit d’une expatriation en Antarctique Ce que réserve une expatriation en Croatie Créer une start-up au Japon : la galère des entrepreneurs étrangers Lancé en avril 2016 et destiné aux expatriés français et aux can