Aucune porte n’est fermée, du narcobanditisme à l’ingérence étrangère, en passant par les groupes «radicalisés politiques». Trois jours après le début de mystérieuses attaques coordonnées qui ont visé des centres pénitentiaires et jusqu’aux domiciles d’agents, le procureur national antiterroriste, Olivier Christen, a pris la parole pour la première fois ce jeudi 17 avril sur France info. «A l’heure actuelle, il n’y a pas de piste privilégiée, a-t-il souligné. Au moment où nous parlons, ce serait une erreur de fermer l’une ou l’autre des voies. Il y a évidemment, à mesure que les investigations avancent, des éléments qui commencent à remonter vers telle ou telle orientation, mais […] il n’y a pas eu d’arrestation, ni de ciblage spécifique de profils. Notre objectif est d’être le plus ouvert possible sur toutes les pistes qui peuvent être envisagées pour ce type d’actes.» Après avoir exprimé une «forte pensée pour les membres de l’administration pénitentiaire et leurs familles» dans cette «épreuve particulièrement lourde», Olivier Christen a ébauché un premier bilan des attaques : douze en tout, dont deux «contre des domiciles personnels d’agents», une contre des véhicules dans le parking de l’Ecole nationale d’administration pénitentiaire, et neuf contre des centres pénitentiaires. Le tout dans huit départements, principalement en région parisienne et dans le sud de la France, et pour la plupart dans la nuit de lundi 15 à mardi 16 avril. Le procureur, qui ne fait pas état de nouvelles attaques la nuit passée, a également annoncé que le groupe «Défense des prisonniers français» créé sur Telegram il y a quelques jours, avait été fermé «à la demande de l’autorité judiciaire». «Terrorisme d’intimidation» Le Parquet national antiterroriste (Pnat) a ouvert, mardi 15 avril, une enquête pour «dégradation ou détérioration en bande organisée du bien d’autrui par un moyen dangereux pour les personnes en relation avec une entreprise terroriste», «association de malfaiteurs terroriste en vue de la préparation d’un ou plusieurs crimes d’atteinte aux personnes», et «tentative d’assassinat en relation avec une entreprise terroriste commise sur une personne dépositaire de l’autorité publique». «Nous nous sommes saisis parce que le terrorisme relève de plusieurs qualifications possibles dont celle qu’on appelle le terrorisme par intimidation, a précisé le procureur. Elle n’est pas définie précisément par la loi mais, selon les auteurs, elle correspond à une action d’une exceptionnelle gravité qui a pour finalité de faire pression sur la population ou les pouvoirs publics pour qu’ils fassent ou ne fassent pas quelque chose. […] Dans la mesure où nous avons été confrontés à une action concertée sur l’ensemble du territoire national, sur un laps de temps relativement long, on peut considérer aujourd’hui que nous sommes dans ce type de fait.»