«Je ne veux faire de peine à personne mais annoncer qu’on va donner une prime pour aller porter ses chaussures chez le cordonnier, il y a de nombreux citoyens qui pensent que ce n’était peut-être pas l’urgence absolue», a ironisé François Bayrou, mardi 15 avril, à l’occasion de son raout pour lancer l’«alerte» sur les comptes publics. Une petite touche d’humour au milieu d’un discours professoral, que le Premier ministre aurait pu se garder. La prime en question renvoie au bonus réparation qui permet au consommateur de réduire la facture lorsqu’il veut réparer sa machine à café, à laver, un vêtement ou bien ses chaussures, comme évoqué par le Premier ministre. Un dispositif certes instauré par la loi anti-gaspillage pour une économie circulaire (Agec) de 2020 (et mise en place à partir de fin 2022), mais qui ne coûte rien à l’Etat. Les bonus réparations sont en effet financés à partir de contributions collectées auprès des différents metteurs sur le marché par des éco-organismes (des sociétés de droit privé à but non lucratif et agréées par l’Etat), selon le principe du «pollueur-payeur». «Les éco-contributions ne sont pas de l’argent public… donc rien à voir avec le budget de l’Etat. Les vendeurs les reversent à des éco-organismes privés qui financent ensuite des actions d’économie circulaire», a répondu l’ancien secrétaire général de l’Ademe, Noam Leandri sur Linkedin. Pour l’électroménager, cette participation est visible sur la facture au moment de l’achat d’un produit neuf. «“L’urgence absolue”, c’est de lutter contre le dérèglement climatique. On ne respectera [pas cet objectif] sans politique publique déterminée pour allonger la durée de vie des produits, ce à quoi le bonus réparation, même s’il n’est parfait, concourt fortement», a ajouté Emmanuelle Ledoux, directrice générale de l’Institut national de l’économie circulaire, sur le même réseau social. Il faut dire que l’attaque du Premier ministre a provoqué l’émoi dans le secteur.