Les Républicains : L’explosion des nouveaux adhérents, une bonne nouvelle pour Retailleau ou pour Wauquiez ?
La « bataille des cartes » est terminée. Les sympathisants de droite avaient jusqu’à ce jeudi minuit pour adhérer aux Républicains, afin de pouvoir désigner le nouveau chef. Dans un mois, les militants trancheront en effet entre Bruno Retailleau et Laurent Wauquiez pour la présidence du parti. Les deux camps se sont donc lancés dans une quête aux adhérents depuis deux mois. Et le parti a connu un boom d’adhésion depuis le lancement de la campagne, passant d’environ 43.000 militants encartés à plus de… 100.000, selon plusieurs sources internes. « C’est un travail de fourmis » « Ça ne me surprend pas, on sent un engouement pour ce duel, et plus généralement pour les idées de droite dans le pays. Les gens viennent d’eux-mêmes, il n’y a même pas besoin de trop pousser… », assure Eric Pauget, député des Alpes-Maritimes et soutien de Laurent Wauquiez. Derrière ces bons chiffres, se cache une étape décisive dans cette campagne éclair. Car chaque camp a mis en place un véritable plan de bataille pour gonfler ses troupes au maximum. « Chacun le fait de son côté, ça fait partie du jeu. On ne passe pas de 40.000 adhérents à 100.000 d’un claquement de doigts. Il y a un travail de terrain, poursuit Eric Pauget. A Antibes, on a fait une réunion publique avec 200 personnes, à la fin, on a eu 50 nouvelles cartes. Laurent Wauquiez fait jusqu’à trois meetings par jour. C’est un travail de fourmis, mais qui finira par payer ». Dans le camp d’en face, on assume aussi « faire de la carte » : « Il y a les meetings, mais on fait surtout beaucoup de phoning [des appels par téléphone] auprès des anciens militants », assure le sénateur Marc-Philippe Daubresse, soutien de Bruno Retailleau. « A l’époque de Sarko, on était 9.000 dans le Nord, aujourd’hui, on est 1.000. Il y a de la marge. Et ils me connaissent tous, ça aide d’avoir quelques heures de vol au compteur… », s’amuse l’ancien ministre, qui espère doubler le nombre d’adhérents dans sa fédération. « Chacun le fait de son côté » Les esprits cyniques pourraient imaginer qu’au-delà des personnalités et des lignes politiques, c’est celui qui fera le plus de cartes qui emportera la partie. « Bien sûr, il y a le risque que Retailleau aille voir la Manif pour tous pour les faire adhérer en masse. Mais Wauquiez sait faire aussi, il a ses réseaux », s’amusait d’ailleurs en début de campagne un de ses soutiens, membre du bureau politique. Reste qu’à un mois du résultat final, chacun croit voir dans ces 60.000 nouvelles adhésions un signe d’encouragement pour son poulain. « Je dirais que les deux tiers des nouveaux adhérents le font pour Retailleau, ils apprécient sa clarté », lâche Marc-Philippe Daubresse, confiant sur les hausses en région parisienne notamment. « On a une très grosse poussée en Auvergne-Rhône-Alpes, on parle de 25.000 adhérents, c’est-à-dire un quart du corps électoral. C’est énorme et bon signe pour nous. Ça veut dire qu’il y aura match », indique de l’autre côté Eric Pauget. « Wauquiez fait beaucoup plus de meetings. Il a dû voir plusieurs milliers d’adhérents. Quand vous avez les gens en live, c’est plus facile », abonde le député des Hauts-de-Seine Jean-Didier Berger. Un risque de fraudes ? Ce boom des cartes peut-il cacher un risque de fraudes, qui a parfois pourri la vie de la droite ? Libération avait notamment révélé les « manœuvres frauduleuses » de plusieurs candidats lors de la primaire de la droite fin 2021, alors que Les Républicains étaient passés de 80.000 adhérents à près de 149.000 en quelques semaines. L’enquête du journal avait montré la présence dans les fichiers du parti d'« adhérents fictifs, décédés ou ayant suivi des consignes », et même du fameux chien Douglas. « Il y a eu des fraudes dans le passé mais là, il n’y a pas des chiffres gonflés, c’est du réel », balaie Marc-Philippe Daubresse. « Bien sûr, si on voit une augmentation de 600 % en Rhône-Alpes, on se posera des questions », ironise-t-il. C’est la haute autorité du mouvement qui aura la (lourde) responsabilité de vérifier la validité des adhésions. En attendant, une nouvelle étape de campagne s’ouvre pour les candidats : « On n’est déjà plus dans l’étape de "qui pèse quoi ?" Mais d’aller là où il y a le plus d’adhérents pour convaincre, souffle Jean-Didier Berger. Car on sait bien que parmi les 100.000 militants, tous n’iront pas forcément voter ».