« Plus de 20 000 titres par jour » : l’IA déferle sur Deezer, et ce n’est que le début

L’industrie musicale voit, elle aussi, déferler la vague de l’intelligence artificielle et tente de limiter les dérives. Acteur majeur du streaming musical, Deezer révèle que plus de 20 000 pistes entièrement générées par IA sont désormais reçues par la plateforme chaque jour. Ce chiffre représente 18 % des nouvelles pistes musicales ajoutées quotidiennement, soit une augmentation notable par rapport aux 10 % enregistrées plus tôt cette année. « C’est exponentiel », explique le directeur général de Deezer, Alexis Lanternier, à Ouest-France. « En deux mois, ce chiffre a presque doublé et il n’y a aucune raison que ça s’arrête tellement les outils sont faciles d’utilisation. Ça va continuer ! ». En effet, cette hausse coïncide avec le déploiement par Deezer d’un outil de détection spécifiquement pour identifier ces contenus. L’IA générative, révolution créative ou menace pour les artistes ? Le Chief Innovation Officier de Deezer, Aurélien Hérault, confirme que « les contenus générés par IA continuent d’affluer sur les plateformes de streaming tel que Deezer » et qu’il n’y a pas de « signe de ralentissement ». Une situation qui relance le débat sur l’apport de l’intelligence artificielle dans le domaine de la musique. Chez Deezer, on souligne la dualité de la technologie : « L’IA générative a le potentiel d’impacter positivement la création et la consommation de musique, mais nous avons besoin d’approcher ce développement avec responsabilité et soin afin de protéger les droits et les revenus des artistes et compositeurs, tout en maintenant une certaine transparence auprès des fans ». Face à ce défi, Deezer met en avant son outil de détection, présenté comme une référence dans l’industrie. Il est capable, selon l’entreprise, de repérer 100 % des musiques issues des générateurs d’IA les plus connus comme Suno ou Udio et peut être adapté pour identifier d’autres modèles si des données d’exemple sont disponibles. La plateforme travaille également à rendre son système capable de détecter des contenus IA même sans entraînement préalable. Capable, selon l’entreprise, de repérer 100% des musiques issues des générateurs d’IA les plus connus comme Suno ou Udio, cet outil peut être adapté pour identifier d’autres modèles si des données d’exemple sont disponibles. Deezer travaille aussi à rendre son système capable de détecter des contenus IA même sans entraînement préalable sur un modèle spécifique. « Grâce à notre outil novateur nous retirons déjà totalement tous les contenus générés par IA des recommandations algorithmiques », assure Aurélien Hérault. Deezer propose de « légiférer pour que les plateformes rémunèrent les artistes et pas ces bruits » Cette situation émerge dans un contexte global de tensions autour de l’utilisation de matériel protégé par le droit d’auteur pour entraîner les intelligences artificielles, et alors que certains gouvernements envisagent d’adapter la législation pour favoriser le développement de l’IA. De son côté, Deezer insiste sur son engagement envers les créateurs humains, rappelant être la seule plateforme de streaming à avoir signé l’« AI training statement ». La plateforme, via Alexis Lanternier, se réjouit de ne pas voir « d’explosion de la consommation de titres produits par l’IA ». « Les auditeurs cherchent des vrais artistes, de la musique incarnée et c’est heureux. Cependant, c’est un très bon outil pour les fraudeurs, qui créent plein de chansons pour générer des écoutes et récupérer des royalties. C’est sur ce point qu’il faut sans doute imaginer de légiférer pour que les plateformes rémunèrent les artistes et pas ces bruits. »