Une lettre, puis deux, puis sept. Au printemps 2015, de mystérieux courriers parcourent la Nièvre et viennent garnir les boîtes aux lettres de la mairie et de l’association des parents d’élèves de l’école primaire de Raveau, la commune où réside alors partiellement le plasticien Claude Lévêque. D’autres missives sont adressées au commissariat de Montreuil, en banlieue parisienne, où l’artiste vit le reste du temps. Toutes délivrent le même message choc : «Claude Lévêque est un pédophile, protégez vos enfants.» Dix ans plus tard, Libération a retrouvé l’autrice de ces lettres. Elle tient à garder l’anonymat, nous l’appellerons donc Sandrine. Son histoire est celle d’une victime collatérale de Claude Lévêque, murée dans la solitude avec son mari pour seul confident. Elle rencontre le plasticien, qu’elle ne nomme que sous le terme de «prédateur», dans les années 70 par l’intermédiaire de sa sœur, ancienne étudiante aux beaux-arts de Bourges. Lévêque se rapproche ensuite de sa famille quand son fils a 9 ans. Mais en 2013, une fois adulte, voilà qu’il se confie à ses parents sur des viols subis à l’été 1994, au domicile francilien de Lévêque, à Montreuil. Sandrine a «hurlé, hurlé, et l’a pris dans ses bras». «Il n’y avait pas de portable à l’époque, souligne la mère. Le prédateur nous avait demandé si nous permettrions que notre fils vienne passer huit jours chez lui.» Au retour, tout lui avait pourtant semblé normal, même si son fi