La réforme du régime forestier de Québec vivement dénoncée

La ministre des Ressources naturelles et des Forêts du Québec, Maite Blanchette Vézina, dépose un projet de loi à l'Assemblée nationale du Québec, le mercredi 23 avril 2025. (Jacques Boissinot/Archives La Presse Canadienne) Déposé mercredi, le projet de loi 97 vise à créer des «zones d’aménagement forestier prioritaire» afin de donner les coudées franches à l’industrie forestière pour qu’elle puisse optimiser chaque hectare de coupes. Selon la directrice générale de Nature Québec, Alice-Anne Simard, le gouvernement va trop loin. «Dans les zones d’aménagement forestier prioritaire, le projet va même jusqu’à interdire les aires protégées, donc interdire la conservation. On aura tout vu! C’est comme si le ministère des Forêts essaie de se protéger légalement contre le ministère de l’Environnement», a-t-elle affirmé en point de presse vendredi à Québec. Selon Mme Simard, en «compromettant l’atteinte de nos objectifs de conservation», le Québec pourrait même nuire à sa «réputation sur la scène internationale». «Écœuré de perdre des jobs» Selon le représentant national du syndicat Unifor, Simon Lavigne, le gouvernement précarise l’approvisionnement des usines en plus d’«attiser les tensions avec plusieurs partenaires du milieu forestier». «Ça va créer un environnement d’affaires qui va être imprévisible, plus incertain, qui va chasser les investissements dont on a besoin pour l’avenir de notre secteur d’activité», a-t-il soutenu. Le syndicaliste se dit d’accord avec la volonté du gouvernement de préserver les emplois dans le secteur de la forêt, mais affirme qu’il ne s’y prend pas de la bonne manière. «Ce n’est pas avec un “boost” rapide qui est axé sur la rentabilité à court terme, sur plus de coupes finalement, sur plus de pouvoirs qui vont être partagés entre le ministère, le forestier en chef et l’industrie, qu’on va y parvenir.» Simon Lavigne a rappelé que plus de 30 000 emplois ont été perdus dans le secteur forestier depuis 25 ans. «On est écœuré de perdre des jobs», a-t-il lancé. «Rencontres à huis clos» La coalition a aussi dénoncé l’opacité du processus de consultation mené en amont du dépôt du projet de loi. «Tout ce qu’on a eu, c’est des rencontres à huis clos avec des ententes de confidentialité», a expliqué Alice-Anne Simard. Questionnée lors du point de presse sur les raisons évoquées par le gouvernement pour justifier les ententes de confidentialité, la directrice générale de Nature Québec a affirmé: «Ce qu’ils nous ont dit c’est qu’ils voulaient s’assurer que leur équipe puisse prendre le temps de travailler sur le projet de loi et pas avoir à perdre du temps à répondre à des questions de journalistes. C’est pour ça qu’il ne fallait pas en parler.» Plusieurs syndicats vont organiser leur propre consultation le 20 mai prochain au Saguenay-Lac-Saint-Jean, sur «l’avenir de la forêt». «On veut vraiment créer un contexte de dialogue social qui n’existe pas présentement», a indiqué Simon Lavigne. La coalition qui critique le projet de loi regroupe plusieurs acteurs de la forêt, comme des groupes environnementaux, des syndicats ainsi que des gestionnaires de zecs et de pourvoiries.