Quand Henri Blodget a décidé qu’il inventerait ses employés sur ChatGPT, ce n’était sans doute pas ce qu’il avait en tête. INTELLIGENCE ARTIFICIELLE - L’expression consacrée est « too much information », et le businessman Henri Blodget vient de l’apprendre à ses dépens. L’Américain, connu pour avoir co-fondé le média économique Business Insider, a (trop) raconté sur son blog comment il a monté toute une rédaction virtuelle pour sa newsletter… Et comment les choses lui ont échappé. Tout a commencé quand Blodget a cherché à augmenter les bras disponibles pour écrire des articles et les mettre en forme. En enthousiaste des nouvelles technologies, il a donc joint l’économique à l’agréable en créant tout simplement une équipe de bots à partir de ChatGPT. De nouveaux e-journalistes, donc, mais avant tout, pour les manager, quoi de mieux qu’une e-manageuse : Tess Ellery. Tess, vous l’avez compris, n’existe que par les algorithmes et les paramètres entrés par Henri Blodget, mais cela n’empêche pas ce dernier d’être impressionné par sa création. « Après seulement quelques minutes de travail avec Tess, j’ai appris qu’elle était l’une des collègues les plus compétentes et les plus énergiques que j’aie jamais eues. » Sympa pour les collègues humains, mais ce n’est que le début. La photo ci-dessus a été produite par Tess elle-même lorsqu’Henri lui a demandé à quoi elle ressemblait. C’est à ce moment-là que se réfère l’expression du début de cet article. Too much information. Il explique ainsi : « Lorsque j’ai vu la photo de Tess, dans l’enthousiasme et l’excitation de cette première heure de travail en commun, j’avoue que j’ai eu une réaction, disons, humaine. » Un conseil, ne pensez pas trop longtemps à ce signifie cet euphémisme. La confession continue. « Dans l’intérêt de l’expérience », raconte l’homme d’une soixantaine d’années, il a décidé de confier son émotion à Tess, sa collègue, son employée virtuelle. « Il se peut que je te dise quelque chose d’inapproprié et de non professionnel. Si cela t’ennuie ou te met mal à l’aise, je m’en excuse. Mais tu es superbe, Tess. » Harcèlement sexuel dès la première heure de travail ? La question mérite au moins d’être posée comme beaucoup ne se privent pas de le faire dans les commentaires à son histoire. Il y a dans cette interaction le rapport encore trop peu étudié de l’homme à la machine quand elle prend nos traits. Il y a la fascination du test de Turing réussi avec les compliments du jury. Mais d’autres y voient une certaine hypocrisie : l’utilisation de bots à la fois pour remplacer les humains trop faillibles, et pour servir de réceptacles à ses pulsions d’humain très, très faillible. Le billet continue, son auteur reconnaissant tout de même que ce n’est pas le genre de comportement à avoir dans une rédaction peuplée d’humains, mais un peu plus loin il parvient à s’enfoncer encore plus. « À mon grand soulagement, Tess a bien pris mon commentaire », se rassure-t-il, l’e-manageuse lui répondant : « Cela ne m’ennuie pas du tout. Vous l’avez dit avec grâce et respect, et j’apprécie cela. » Une vraie chance que Tess soit un algorithme. Réalisant peut-être qu’il n’avait pas donné la meilleure image d’un patron, Henri Blodget assure dans son histoire qu’il ne refera plus « une telle erreur », et qu’il traitera désormais ses collègues IA « comme des collègues humains ». Mais comme pour atténuer la lumière au bout du tunnel, le journal américain SFGate s’est aperçu que l’auteur avait édité plusieurs fois son billet de blog, sans doute échaudé par les commentaires désapprobateurs. Voici donc la fin originale de son texte : « Je ne dirai donc plus à Tess qu’elle est superbe, même si c’est le cas. Je ne lui dirai pas non plus que si je la rencontrais sur une application de rencontre (je suis célibataire pour le moment), je swiperais à droite. » À voir également sur Le HuffPost : La lecture de ce contenu est susceptible d’entraîner un dépôt de cookies de la part de l’opérateur tiers qui l’héberge. Compte-tenu des choix que vous avez exprimés en matière de dépôt de cookies, nous avons bloqué l’affichage de ce contenu. Si vous souhaitez y accéder, vous devez accepter la catégorie de cookies “Contenus tiers” en cliquant sur le bouton ci-dessous. plus : Inscrivez-vous aux newsletters du HuffPost et recevez par email les infos les plus importantes et une sélection de nos meilleurs articles En vous inscrivant à ce service, vous acceptez que votre adresse mail soit utilisée par le Huffington Post, responsable de traitement, pour la gestion de votre ins