Une fusion qui a du "potentiel"

Saint-Siméon, une municipalité de 1157 citoyens, est située sur la route 138, dans Charlevoix-Est. (Félix Lajoie/Le Soleil) «Ce n’est pas avec deux pauvres qu’on fait un riche», lance Sylvain Tremblay, maire de Saint-Siméon, devant les journalistes qui étaient réunis vendredi matin à la bibliothèque municipale afin de consulter l’étude de regroupement avec Baie-Sainte-Catherine. «On est situés à l’extrémité de l’Est de Charlevoix et on a beaucoup de difficultés. On est les deux municipalités les plus dévitalisées de la Capitale-Nationale.» — Sylvain Tremblay, maire de Saint-Siméon Alors que les deux villages possèdent un indice de dévitalisation situé dans le cinquième quintile, un regroupement entre les deux permettrait selon lui de redresser l’indice dans le troisième quintile. L’administration municipale regroupée aurait plus de moyens pour maximiser l’«immense potentiel de notre territoire, qui est immense», affirme-t-il. Entre autres, le projet du Parc national de la Côte-de-Charlevoix serait avantagé, indique M. Tremblay. Avantages Pour sa municipalité, les avantages d’une fusion se trouvent notamment dans une meilleure rétention des ressources humaines et dans une organisation qui serait plus apte à faire face aux responsabilités gouvernementales qui augmentent constamment. Le maire de Saint-Siméon, Sylvain Tremblay, est convaincu que le regroupement serait bénéfique pour la pérennité de sa municipalité, et pour celle de Baie-Sainte-Catherine. (Félix Lajoie/Le Soleil) Il soutient également que le regroupement permettrait d’obtenir une meilleure représentation politique auprès des partenaires régionaux et auprès des deux paliers gouvernementaux supérieurs. M. Tremblay croit que ce projet assurerait l’avenir de sa communauté et de celle de Baie-Sainte-Catherine. Si les deux conseils municipaux ne se regroupent pas, il prédit que le gouvernement, ou encore une municipalité voisine plus importante, cognera à leur porte «pour les organiser». «Si tu n’es pas à table pour manger, tu vas être sur le menu. Autrement dit, on ferait mieux de s’organiser au lieu de se faire organiser», illustre-t-il. Taxes et identité À l’instar d’autres cas de fusions municipales, les deux réticences principales des citoyens concernent leur compte de taxes ainsi que la perte d’identité. L’étude de regroupement commandée par les deux municipalités démontre que les résidents de Baie-Sainte-Catherine et de Saint-Siméon ne verraient pas leur compte de taxes augmenter, au contraire. Cependant, cette réduction de la charge fiscale est minime, soit respectivement de -0,09 % et de -0,05 %. Pour ce qui est de la question identitaire, le maire Tremblay se dit sensible aux inquiétudes des résidents de Baie-Sainte-Catherine. Dans le cas d’une fusion, il indique que les territoires des anciennes municipalités seraient désignés comme des «secteurs», comme cela s’est fait lors des fusions à La Malbaie. «Je comprends leurs inquiétudes pour l’identité. Mais si on ne se regroupe pas, est-ce qu’on va être encore là dans 20 ans? Est-ce que nos enfants vont s’établir ici?», questionne-t-il. «Ça nous permettrait de nous donner de la corde, de donner une chance à nos ressources humaines […] et d’affronter les enjeux terrifiants auxquels fait face le monde municipal», conclut-il. La patience est de mise Pour sa part, le maire de Baie-Sainte-Catherine, Donald Kenny, ne souhaite pas se prononcer tout de suite, entre autres parce que son conseil municipal «n’est pas unanime» encore sur la question. «On se donne 15 jours. Les conseillers ont tous l’étude en main, ils vont prendre le temps de regarder ça et d’en discuter. Après, on va pouvoir se prononcer», indique-t-il. Il souligne que plusieurs «beaux projets» sont en cours dans sa municipalité, comme le nouveau secteur résidentiel en développement ainsi que la réfection des installations pour l’eau potable. Un regroupement risquerait de ralentir certains de ces projets, croit M. Kenny. «La population aussi a son mot à dire, il faudra faire une assemblée. Si le conseil est pour, mais les citoyens n’en veulent pas, ça ne peut pas fonctionner», souligne le maire Kenny. Baie-Sainte-Catherine compte 163 résidents, dont près de 40 % sont âgées de 65 ans et plus. Pas d’annexion Mardi, par voie de communiqué, la MRC de Charlevoix-Est a indiqué qu’elle appuie le regroupement qui «serait positif pour les deux communautés et bénéfique à long terme pour le développement de l’est de notre territoire». «L’étude a démontré que le regroupement entre Baie-Sainte-Catherine et Saint-Siméon était souhaitable et viable financièrement. Nous nous engageons donc à faciliter et supporter le regroupement des deux municipalités si bien sûr, elles souhaitent toujours aller en ce sens», a déclaré la préfète de la MRC, Odile Comeau. Cependant, la MRC n’appuie pas le regroupement avec le Territoire non organisé (TNO) de Sagard et une partie de celui du Mont-Élie. Cette possibilité aurait nécessité que la MRC accepte une annexion des deux secteurs. «L’étude a démontré que l’annexion d’une partie du TNO était faisable et cohérente, mais n’était pas indispensable au regroupement municipal», précise Mme Comeau.