C’est parti pour le 26e Festival Frye

Cliquer pour envoyer un lien par e-mail à un ami(ouvre dans une nouvelle fenêtre) Le 26e Festival Frye a pris son envol vendredi avec des textes puissants des poètes lauréats de la ville de Moncton, Paul Bossé et Drew Lavigne, évoquant à la fois l’intime et le politique; une sorte de réponse aux bouleversements que traverse l’humanité. Une belle façon de lancer la plus grande célébration littéraire bilingue en Atlantique. Paul Bossé qui aspire à davantage d’imagination dans le monde a choisi un extrait de son essai graphique sur l’environnement Tous les tapis roulants mènent à Rome. Il s’est aussi inspiré du célèbre roman d’anticipation 1984 de George Orwell, faisant un parallèle avec la situation politique actuelle chez nos voisins du Sud. Son texte percutant dressait la liste officielle des mots bannis par le gouvernement Trump. «Tout de suite, on vit une époque où le nivellement vers le bas est très prononcé. C’est très effrayant et hallucinant, ce qui se passe tout de suite. Puis c’est sûr que toutes les tendances qu’on voit au sud du Canada, c’est pas loin», a confié en entrevue l’écrivain lors de l’ouverture au Centre culturel Aberdeen. Le poète et pianiste Pierre-André Doucet a apprécié les œuvres lues par les poètes qui reflètent en quelque sorte l’état du monde. «Ce soir, on a entendu quelque chose de très choquant, de très tape-à-l’œil sur la situation politique qui nous entoure. Puis en même temps, en contrepartie, on a entendu des poèmes très intimes. C’est plein d’espoir, plein d’amour.» Selon l’auteur qui s’apprêtait à participer à la soirée de danse et poésie Frye Fever (la fièvre du Frye), plusieurs écrivains explorent ce genre de thématique. «Il y a quelque chose dans l’intime et le communautaire qui est en réponse face à cette violence qui nous entoure. On ne peut pas passer à côté, ça nous occupe tous et toutes.» Le Frye Fever figure parmi les nouveautés audacieuses au menu du festival. L’artiste qui anime l’événement convient que c’est de la haute voltige. Les auteurs sur scène ont eu 36 heures pour écrire des poèmes sous contrainte. Un événement qui rejoint la mission du Festival de faire vivre la littérature à l’extérieur du livre et de l’amener à la communauté. «C’est une soirée vraiment magique où à force d’écouter de la poésie, de se lever, de danser […] Le public écoute un poème d’une différente façon. Il y a quelque chose de délirant, d’euphorique non seulement sur scène, mais dans le public», a exprimé Pierre-André Doucet en entrevue avant le spectacle. Un événement rassembleur Avec la tenue du festival, la lecture devient un acte collectif, comme l’a souligné la directrice générale Ariane Savoie. Environ 90 artistes, dont une cinquantaine d’auteurs participent à la soixantaine d’activités publiques offertes par le festival jusqu’au 4 mai. Pierre-André Doucet rappelle que c’est un lieu unique d’échange et de dialogue. «C’est un des seuls événements bilingues au pays qui est vraiment bilingue. Au Festival Frye, on assiste à l’union et au dialogue entre non seulement les deux communautés de langues officielles, mais plusieurs autres communautés. C’est un festival où les auteurs se découvrent entre eux, où le public découvre de nouvelles voix et se découvre soi-même aussi.» Lors de la cérémonie d’ouverture, quelques personnalités ont fait un clin d’œil à l’héritage d’Antonine Maillet, dont l’œuvre sera célébrée dans un spectacle hommage le 4 mai. En 26 ans, le Festival Frye a acquis une réputation internationale. Paul Bossé s’en réjouit, sachant très bien aussi que le financement demeure toujours un enjeu dans le domaine culturel. «La culture est toujours menacée, ça prend juste une coupure pour mettre un gros hic dans toute l’affaire. Alors le festival, juste le fait qu’il continue, c’est une victoire», a soulevé l’artiste qui participe à l’événement depuis pratiquement les débuts. Même si les entretiens littéraires demeurent la base du festival, l’équipe cherche toujours à innover en mariant les formes d’arts. Parmi celles-ci, des lunchs littéraires et des spectacles multidisciplinaires attendent les festivaliers. De préférence la nuit avec Stanley Péan transportera les festivaliers dans l’univers du jazz. Selon la directrice, les billets s’envolent rapidement, certaines activités affichant déjà complet. Chase Cormier, Jean-Philippe Pleau, France Daigle, Julia Malye, Emmanuelle Pierrot, Samuel Cantin, Georgette LeBlanc, Catherine Leroux et Marie-France Comeau figurent parmi les écrivains invités.