Pour son premier long métrage, le cinéaste Isaiah Saxon propose une immersion dans un monde qu’il a créé de toutes pièces – avec un budget de seulement 10 millions ! La Presse lui a parlé ainsi qu’à Helena Zengel et Finn Wolfhard, qui incarnent une sœur et un frère plongés dans une aventure fantastique dans The Legend of Ochi. Grogu, mieux connu sous le nom de Baby Yoda, a de la compétition – ou un ami, c’est selon. À l’instar du héros de la série The Mandalorian, Bébé Ochi a de grands yeux et de longues oreilles puis est animé par un mécanisme robotisé et des marionnettistes. Ce qui distingue l’adorable créature, en plus de son pelage orangé, est qu’elle n’a pas été enlevée, mais qu’elle est plutôt égarée. Yuri, interprétée par l’Allemande Helena Zengel, est dans une situation similaire, bien qu’elle vive sous la protection de son père Maxim (Willem Dafoe) et de son frère adoptif Pedro (Finn Wolfhard). « C’est une jeune ado malheureuse », explique l’actrice vue dans News of the World, de Paul Greengrass. « Elle n’a pas un bon lien avec son père ni avec son frère et elle se sent seule. Elle craint même un peu son père et ne lui fait pas confiance. Malgré tout, une flamme persiste en elle, qui la motive à améliorer son sort. » La découverte d’un bébé Ochi coincé dans un piège lui donnera l’énergie nécessaire pour entamer sa propre aventure. Son souhait de quitter la maison familiale afin de retrouver celle de l’adorable, mais farouche bête est aussi une façon de défier son paternel, lui qui dirige une troupe de jeunes chasseurs. Car, dans The Legend of Ochi, les créatures sont considérées comme une menace par les habitants de l’île Carpathia, isolée dans la mer Noire. PHOTO FOURNIE PAR ENTRACT FILMS Le réalisateur et scénariste Isaiah Saxon lors du tournage dans les Carpates, en Roumanie « Je voulais raconter l’histoire d’un enfant et d’un animal, car les deux possèdent l’authenticité émotive et l’intuition que la plupart des adultes perdent avec le temps, indique le réalisateur et scénariste Isaiah Saxon. Je désirais aussi montrer qu’une telle relation peut donner la confiance nécessaire à un enfant pour qu’il trouve sa façon de s’exprimer. » Les sons et les gestes avant les mots Isaiah Saxon estime que la musique est « une forme d’art supérieure ». Ainsi, Yuri et Bébé Ochi échangent entre autres avec des sifflements. « La musique transcende le langage. Elle crée une connexion directe à nos émotions. […] Je me suis toujours senti coincé par les mots, alors j’ai misé sur la communication non verbale. » PHOTO FOURNIE PAR ENTRACT FILMS Helena Zengel et les quatre marionnettistes de Bébé Ochi L’ado et la bête s’apprivoisent donc en utilisant des sons et des gestes. Une équipe de sept marionnettistes, dont quatre reliés à Bébé Ochi, l’anime. Un défi technique exigeant à tourner et à orchestrer, mais payant pour la performance souhaitée. « Les marionnettistes improvisaient selon le jeu d’Helena. Ils étaient dans le moment avec elle ! Je ne pouvais pas le faire autrement », souligne Isaiah Saxon. De son côté, Helena Zengel n’a que des compliments pour les artisans derrière son « meilleur ami ». J’ai dû m’habituer à ce que tant de personnes me regardent jouer de près, mais j’ai fini par les oublier. Ils étaient concentrés à faire bouger le Ochi et moi, j’étais émerveillée de le voir réagir à ce que je faisais. Helena Zengel, actrice D’ailleurs, quelle a été la première réaction de la comédienne maintenant âgée de 16 ans en voyant Bébé Ochi ? « Je l’ai trouvé laid, mais c’est parce qu’il n’avait pas encore de fourrure, confie-t-elle. Je me demandais comment les gens allaient le trouver mignon, mais une fois avec de la fourrure puis quand je l’ai vu bouger ses yeux et sa bouche, c’est comme si on avait donné naissance à un nouvel animal. » Finn Wolfhard ajoute : « Il n’a pas juste l’air vrai, il est vrai. » Inspirante Roumanie Selon l’acteur qui interprète Mike Wheeler dans la série Stranger Things, le tournage dans les montagnes des Carpates en Roumanie a été bénéfique à sa performance et lui a appris des leçons utiles pour la réalisation de son premier film, Hell of a Summer. « C’est un endroit qui semble pris dans le temps, mais de la meilleure des façons. […] Nous avons dû composer avec les éléments. Il faisait parfois très froid, mais cela ajoute du caractère au récit. Faire un film est difficile, mais il en vaut toujours la peine. » PHOTO FOURNIE PAR ENTRACT FILMS Willem Dafoe et Finn Wolfhard dans une scène tirée de The Legend of Ochi Puisqu’il est impossible de contrôler la météo, certains plans ont dû être retouchés. Mais plutôt que de le faire par ordinateur, Isaiah Saxon a choisi le pinceau. « Pour certaines scènes, je désirais que les montagnes soient submergées dans le brouillard, mais nous avons dû les tourner lors d’une journée ensoleillée. Nous avons donc pris des photos des lieux lorsque le brouillard s’est installé puis je les ai reproduites à la peinture pour modifier l’environnement de la scène en postproduction. » Puisque le budget était limité, l’Américain a créé lui-même chacune des 200 peintures nécessaires pour accomplir l’atmosphère recherchée. Chaque film est une œuvre d’art, mais The Legend of Ochi l’est plus que la moyenne. En salle, en version originale