Les médecins auprès des patients
Tout le monde le sait, chacun le constate : les « déserts médicaux » s’étendent et se généralisent. Ce qui n’est pas une question d’inconfort, mais de risque accru, de « perte de chance » comme ils disent, devant la maladie. Et c’est le moment que choisissent les internes pour protester quand on envisage (timidement) de les affecter brièvement à une de ces zones déshéritées quand ils ont achevé leurs études . C’est parfaitement choquant. C’est l’oubli méthodique de l’article premier qui fonde leur vocation : un médecin doit être auprès des patients. C’est la perpétuation, avec le soutien du Conseil de l’ordre, d’une idéologie fondée sur le statut « libéral » : je m’installe quand je veux où je veux. Les études de médecine, en France, sont gratuites. Les internes sont rémunérés par l’État toute la durée de leur formation. La moindre des choses est que leur contrat initial inclue une affectation de départ (quelques années) là où l’on a grand besoin d’eux. Bien sûr, ils ont des compagnons ou des compagnes. Bien sûr, ils ont des amis. Et il faut que les collectivités locales les aident à gérer ce qu’incluent ces liens, et à faciliter leur insertion dans un réseau cohérent. À l’hôpital, il arrive que des praticiens jouissent d’une consultation publique et d’une consultation privée (trois fois moins d’attente, trois fois plus cher). C’est l’exception, mais c’est une honte. Dans le privé, l’argument du tiroir-caisse l’emporte, et de beaucoup, sur la santé publique. On se concentre dans les grandes villes, et le reste de la population peut gémir. Il y a plus de gynécologues dans la ville de Nice que dans le département entier. Ce n’est guère tolérable.