Le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, arrive à Mascate avant les négociations avec les États-Unis, le 25 avril 2025. L’Iran et les États-Unis concluent un nouveau cycle de pourparlers (Mascate) Les États-Unis et l’Iran ont conclu samedi un troisième cycle de négociations cruciales sur le nucléaire à Oman, après plusieurs heures de discussions qualifiées de « sérieuses » par Téhéran, et doivent se retrouver la semaine prochaine pour de nouveaux pourparlers. Ahmad PARHIZI avec Ramin KHANIZADEH à Téhéran Agence France-Presse Ces discussions indirectes à haut niveau entre les deux pays, ennemis depuis quatre décennies, visent à conclure un nouvel accord devant empêcher l’Iran de se doter de l’arme atomique – une ambition que Téhéran a toujours nié avoir – en échange d’une levée des sanctions qui paralysent son économie, après le retrait américain en 2018, sous la première présidence de Donald Trump, de l’accord international conclu trois ans plus tôt à Vienne. Ces négociations à Mascate ont permis d’aborder « tous les principes fondamentaux, les objectifs et les préoccupations techniques », a affirmé le ministre des Affaires étrangères omanais, Badr al-Boussaïdi, qui joue le rôle de médiateur. Les pourparlers se poursuivront avec une nouvelle réunion de haut niveau prévue le 3 mai, a-t-il ajouté. Selon la télévision d’État iranienne, le chef de la diplomatie Abbas Araghchi et l’émissaire américain Steve Witkoff vont retourner avec leurs équipes « dans leurs capitales respectives pour des consultations ». Le porte-parole de la diplomatie iranienne, Esmaïl Baghaï, avait fait état plus tôt d’une « atmosphère sérieuse » et indiqué que les discussions s’étaient déroulées dans « des salles séparées », comme lors des précédentes réunions, le 12 avril à Mascate et le 19 à Rome. Un membre de l’équipe de négociation iranienne a affirmé à l’agence locale Tsinam que les discussions s’étaient limitées aux sanctions et aux questions nucléaires. Des « divergences » demeurent avec les États-Unis, a dit le chef de la diplomatie iranienne. « Optimisme prudent » Les pays occidentaux, États-Unis en tête, et Israël soupçonnent l’Iran de vouloir se doter de l’arme nucléaire. Téhéran rejette ces allégations, défendant un droit au nucléaire à des fins civiles, notamment pour l’énergie. M. Araghchi a ainsi indiqué mardi que son pays prévoyait de construire 19 nouveaux réacteurs. En représailles au retrait américain de l’accord de Vienne, l’Iran a pris ses distances avec le texte, en enrichissant notamment de l’uranium à un niveau élevé. Depuis son retour à la Maison-Blanche, Donald Trump a relancé sa politique dite de « pression maximale » sur l’Iran, l’appelant en mars à négocier tout en menaçant de le bombarder en cas d’échec de la diplomatie. Dans des déclarations publiées vendredi par le Time, il a assuré être prêt à rencontrer les dirigeants du pays. Dans le même temps, Washington a annoncé mardi de nouvelles sanctions visant le secteur pétrolier iranien, Téhéran dénonçant une « approche hostile ». Des tunnels en question Mercredi, l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), chargée de surveiller le programme nucléaire iranien, a demandé à Téhéran d’expliquer la présence de tunnels autour du site de Natanz (centre) qui abrite des centrifugeuses utilisées pour enrichir l’uranium. L’organisme Institute for Science and International Security, basé à Washington, a publié des images satellites de ce site, qui montre selon lui à proximité un nouveau tunnel et un plus ancien, ainsi qu’un nouveau périmètre de sécurité. Téhéran n’a pas réagi dans l’immédiat. L’Iran enrichit actuellement l’uranium à un niveau élevé (60 %), inférieur aux 90 % nécessaires à la fabrication de l’arme atomique, mais très loin du plafond de 3,67 % fixé par l’accord de Vienne. Selon M. Araghchi, le droit de l’Iran à enrichir de l’uranium est « non négociable ». Jeudi, il s’est dit disposé à se rendre en Allemagne, en France et au Royaume-Uni, autres pays parties à l’accord de Vienne. La semaine dernière, le secrétaire d’État américain Marco Rubio avait appelé les Européens à se décider rapidement concernant le rétablissement des sanctions de l’ONU sur l’Iran. L’accord de 2015 prévoit la possibilité de les rétablir automatiquement en cas de non-conformité au texte, mais cette option expire en octobre. L’Iran a prévenu qu’il pourrait se retirer du Traité de non-prolifération nucléaire si ce mécanisme était déclenché. Les négociations de samedi ont eu lieu alors qu’une puissante explosion a secoué un port commercial clé du sud de l’Iran, faisant au moins quatre morts et plus de 500 blessés, selon les médias d’État. Une enquête a été ouverte sur les causes du sinistre, encore indéterminées.